Jeunesse et Age
Adulte |
Voyager avec son oncle lui donna une certaine expérience de la vie commerciale. Parfois aussi, à l'occasion d'une sortie, Abou Talib emmenait Mohammed à un endroit appelé Okhod où il y avait toutes sortes de plaisirs. Le spectacle de la dégradation des gens impressionna fortement l'esprit en éveil de ce maître prédestiné de l'humanité. Mohammed se révéla un jeune citoyen brave et patriote. Il participa fréquemment à l'administration de la cité et à la défense de la Ka'ba quand ce fut nécessaire. Il agissait avec une telle honnêteté et une telle sagesse qu'il fut considéré comme le jeune homme le plus brillant et le plus important de la Mecque. Il devint ensuite le fondé de pouvoir d'une dame de la famille des Qorayshites, Khadidjah, qui était veuve et la personne la plus riche d'Arabie. Il fit un voyage en Syrie en son nom et après plusieurs expériences remarquables il alla jusqu'à Basserah où il connut un grand succès dans les affaires. Il revint ensuite à la Mecque. Khadidja était assise à la fenêtre de son palais et elle vit un homme montant un chameau qui s'approchait sous le soleil brûlant d'Arabie. A chacun de ses côtés elle vit un ange qui écartait les rayons du soleil. Comme la coutume du purdah existait, Mohammed ne pouvait aller la voir, mais cela était possible pour le serviteur qui l'accompagnait. Khadidjah lui dit aussitôt, avant même de l'interroger sur la réussite des affaires: "As-tu vu aussi les deux anges qui protégeaient Mohammed de l'ardeur du soleil?" Le serviteur répondit: "Madame, vous l'avez vu une fois, je l'ai vu mille fois. Et la nuit j'ai vu des anges portant des torches pour que son chameau puisse voir où mettre ses pieds dans les lieux sauvages. Et souvent j'ai rencontré des hommes qui prédisent l'avenir, de ceux qui comprennent les choses cachées, et ils m'ont demandé: ‘Cet homme est-il ton maître?’ Quand je leur répondais: c'est mon maître, ils me félicitaient en disant: ‘C'est un bonheur pour toi d'avoir un maître qui est destiné à être le Maître de l'humanité.’ Et plusieurs fois j'ai vu des créatures célestes qui se tenaient au-dessus de lui comme des serviteurs».
Quand Mohammed envoya son rapport, Khadidjah découvrit que sous son administration elle avait gagné plus qu'à aucune des expéditions précédentes, et elle comprit que les autres, ceux qui avaient eu ses affaires en main, la ruinaient. Elle admira son talent équilibré par l'honnêteté, ce que l'on rencontre bien rarement, car en règle générale on voit l'honnêteté chez l'innocent et la malhonnêteté chez l'intelligent. Cela, et le rayonnement qui l'entourait, firent une grande impression sur elle, et elle lui dit: "Je vois quel grand être tu es. Je serai ton esclave". Mohammed répondit: "Non pas. Je ferai de toi ma reine". Ainsi se marièrent-ils et ce fut un grand mariage, car Khadidjah était de la famille des Qorayshites et fort riche, et bien que les parents de Mohammed fussent pauvres, ils étaient eux aussi de la famille des Qorayshites.
Après son mariage Mohammed commença à prendre une plus large part aux affaires sociales et ainsi quinze années de sa vie d'homme marié s'écoulèrent avec divers faits notables. Là où une querelle opposait deux hommes, là où deux autres cherchaient à se nuire mutuellement, il rétablissait la paix. Ses manières douces, ses paroles affables, sa conduite irréprochable, la grande pureté de sa vie, sa délicate franchise, son empressement à aider, à servir les pauvres, les faibles, la noblesse de sa nature, son indéfectible fidélité, son sens strict du devoir, lui gagnèrent parmi sa communauté le titre très distingué de El-Amine, celui qui est digne de confiance, le pacificateur. Ainsi les paroles du Christ annonçant le Consolateur furent-elles réalisées dans sa personne.
La vie d'homme marié de Mohammed apporta à son esprit un état de calme et de paix. Quelqu'un d'autre était venu pour compléter sa vie et partager ses responsabilités. Khadidjah saisissait de plus en plus quelle était la vocation de son mari. Elle commença à le porter, comme le dit l'expression, "sur les paumes de ses mains". Elle comprit que sa nature était trop fine pour le commerce ou les affaires ou pour être guerrier, elle comprit qu'il devait être tenu loin de toutes ces occupations. Sa prédisposition pour la poursuite de la vérité commença à s'éveiller. Puis vint l'appel de Dieu, le poussant à aller dans la solitude; et, sacrifiant toutes les occupations terrestres qui retiennent l'homme loin d'Allah, il commença à se rendre au Mont Hira pour rechercher le but de sa vie, pour connaître ce qu'était le Message de Dieu.
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