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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LE DÉSIR DE POUVOIR
Le But de la Vie
Chapitre 4
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

C'est le manque de tout ce qu'il désire réaliser qui donne à quelqu'un le désir du pouvoir. On désire le pouvoir pour posséder quelque chose, pour faire quelque chose, pour atteindre à quelque chose, pour réaliser quelque chose, pour attirer quelque chose, pour utiliser quelque chose, pour assimiler quelque chose. Si c'est un désir naturel, il y a pour lui une réponse, car il ne peut y avoir de désir pour lequel il n'y ait pas de réponse. La réponse au désir réside dans le fait de connaître pleinement ce désir. Quel que soit le pouvoir obtenu par des efforts extérieurs dans la vie, aussi grand qu'il puisse paraître sur le moment, il se montre fatal quand on vient à l'examiner. Même d'aussi grands pouvoirs que ceux des nations qui existaient juste avant la guerre (il s’agit de la première guerre mondiale N. d. T) ne prirent pas un instant pour tomber en pièces. Il y avait une armée, il y avait une marine, il y avait une richesse, un État, un empire tel que l'Empire de Russie. Pour le construire, combien de temps fallut-il! Mais cela ne prit qu'un moment pour le détruire. Si le pouvoir extérieur, en dépit de sa grande apparence sur le moment, se montre fatal à la fin, alors il doit y avoir un pouvoir caché quelque part, un pouvoir dont on puisse dire qu'il en vaut la peine, et ce pouvoir est caché dans l'homme.

 

Une personne, dans l'ivresse des pouvoirs extérieurs qu'elle possède, oublie la culture ou le développement du pouvoir intérieur et, dépendant du pouvoir qui ne lui appartient pas, devient un jour victime du pouvoir qu'elle détient. Car quand le pouvoir extérieur devient plus grand et que le pouvoir intérieur devient plus petit, le plus grand pouvoir mange le pouvoir personnel. Ainsi advient-il que les héros, les rois, les empereurs, les personnalités qui ont un grand pouvoir entre leurs mains - le pouvoir sur l'armée, ou le pouvoir d'argent ou d'influence extérieure - soient tombés victimes de ce même pouvoir dont elles avaient toujours dépendu. Et l'on pense: "Si l'on ne peut dépendre du pouvoir extérieur, alors où peut-on trouver ce pouvoir dont on peut dépendre?". Ce pouvoir peut être trouvé au-dedans de soi. Et quel pouvoir est-ce? Dans les termes des Soufis, ce pouvoir est appelé Iman, conviction. Et comment ce pouvoir est-il construit? Ce pouvoir est construit par ce que les Soufis nomment Yaqin, qui veut dire croyance. C'est la croyance qui culmine en conviction; celui qui n'a aucune inclination à croire n'arrivera jamais à une conviction.

 

Mais il y a maintenant une question. Est-ce que même un pouvoir développé dans sa propre personnalité n'est pas un pouvoir limité? C'est vrai, c'est un pouvoir limité, mais en suivant cet enseignement que le Christ a donné dans les paroles: "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît", ce pouvoir est gagné qui est un pouvoir illimité. Sinon cela n'aurait pas de sens d'appeler Dieu "Tout-Puissant"; le bénéfice de ce mot "tout-puissant" est dans sa réalisation. Cela nous enseigne en premier lieu que tout pouvoir est un seul pouvoir. Bien qu'extérieurement nous voyions des pouvoirs différents - l'un plus grand que les autres, tantôt en harmonie tantôt en conflit, des pouvoirs limités luttant pour ou contre l'un l'autre - pourtant grâce à la compréhension intérieure, nous constatons qu'il n'y a qu'un seul pouvoir. A l'appui de cela, le Coran dit que rien n'a de pouvoir (par lui-même) sauf qu'il montre le seul unique pouvoir, le pouvoir du Tout-Puissant. En d'autres termes, dans les aspects limités que nous voyons, et dans son être absolu, il y a un seul et unique pouvoir. C'est pourquoi nous appelons ce pouvoir: Pouvoir Tout-Puissant; il n'y a aucune puissance capable de s'y opposer, il n'y a pas de pouvoir qui puisse travailler contre, tous les aspects de la force et du pouvoir lui appartiennent, en proviennent, sont en lui et seront absorbés par lui à la fin.

 

Aussi longtemps qu'un homme s'efforce d'obtenir le pouvoir - comme chacun s'y efforce d'une manière ou d'une autre - sans avoir la connaissance de ce pouvoir qui est tout-suffisant, il y aura toujours déception, car il trouvera toujours des limites. Son idéal ira toujours de l'avant et il se trouvera lui-même à court de pouvoir. C'est seulement en communiquant avec le pouvoir tout-puissant qu'il commencera à réaliser le Tout-Puissant et les phénomènes du Tout-Puissant.

 

Maintenant vient la question: "Comment doit-on communiquer avec ce pouvoir tout-puissant?". Aussi longtemps que l'on a devant soi sa personnalité limitée, aussi longtemps que l'on ne peut pas s'en débarrasser, aussi longtemps que l'on est intéressé par sa propre personne et tout ce qui lui est apparenté et relié, l'on trouvera toujours des limitations. Ce pouvoir n'est atteint que d'une seule manière, et c'est la manière de l'effacement de soi, que la Bible appelle renoncement. Les gens interprètent cela autrement. Le renoncement, disent-ils, veut dire se refuser à soi-même tout le bonheur et le plaisir de cette terre. Si cela consistait à refuser le bonheur et le plaisir de cette terre, alors pourquoi cette terre fut-elle faite? Seulement pour la refuser? Si elle a été faite pour la refuser, c'est fort cruel, car la recherche constante de l'homme est pour le bonheur. Le renoncement est de renoncer à cette petite personnalité qui s'efforce péniblement vers quoi que ce soit, d'effacer ce faux ego qui vous porte à sentir son petit pouvoir dans cette chose ou cette autre.

 

Comment cela peut-il être atteint? L'on peut atteindre cela non seulement par la prière ou par l'adoration ou en croyant en Dieu. Cela est atteint en s'oubliant en Dieu. La croyance en Dieu est le premier pas. Ce qui doit être atteint grâce à la croyance en Dieu, c'est de se perdre en Dieu. Si l'on est capable de le faire, l'on a atteint un pouvoir qui est au-delà de la compréhension humaine. Le processus qui consiste à atteindre cela est appelé fana par les Soufis. Fana n'est pas nécessairement une destruction en Dieu, fana aboutit à ce que l'on peut appeler une résurrection en Dieu, ce qui est symbolisé dans l'image du Christ: le Christ sur la croix raconte fana, cela signifie: "Je ne suis pas". Et l'idée de la résurrection explique le stade suivant, qui est baqâ, et signifie: "Tu es", qui signifie perfection, qui signifie s'élever vers la Toute-Puissance. L'Esprit divin doit être reconnu dans cette élévation vers la Toute-Puissance.

 

Fana n'est pas atteint en se torturant, en s'infligeant de très nombreuses misères comme le font beaucoup d'ascètes; car même après s'être torturés, ils ne parviendront pas à cette réalisation s'ils n'y sont pas destinés. (Cela est atteint) en renonçant à son petit moi, au faux moi qui recouvre son moi réel, dans lequel l'on doit trouver l'essence de l'Être divin.

 

 

Question: Quel attribut doit-on placer dans le domaine de l'effacement de soi?

Réponse: Seulement refuser cette idée que l'on a de son propre être, l'être que l'on sait être soi-même, et affirmer Dieu à la place. Nier le moi et affirmer Dieu, telle est l'humilité parfaite. Quand une personne montre quelque politesse en disant: "Je suis une humble petite créature", peut-être se cache-t-elle derrière ses paroles. Elle met sa vanité en cela, et par conséquent cette humilité ne sert à rien. Quand on se nie complètement soi-même, il n'y a aucune parole à prononcer. Que peut-on dire? La louange et le blâme deviennent identiques. Il n'y a rien à dire.

 

Question: Dieu a-t-Il conscience de toute la création en dehors et au-dessus de la conscience qu'Il a des êtres séparés?

Réponse: On peut expliquer cela en disant que chaque partie de notre corps est consciente de la douleur qu'elle éprouve. Elle souffre d'une douleur, d’une piqûre ou de quoi que ce soit; cette partie-là en est consciente, mais en même temps ce n'est pas cette partie-là seule qui en est consciente. C'est la conscience entière dans l'homme qui partage ce sens. Cela signifie que toute la conscience dans l'homme ressent la même douleur que ressent une partie du corps. Parfois une maladie dans une partie du corps a un effet sur le corps entier. Il est certain que la partie du corps qui est affectée peut montrer les signes de la maladie; l'autre partie du corps peut ne pas montrer les signes de la maladie, pourtant, dans une certaine mesure, elle en est affectée et elle en souffre. Si Dieu est tout et en tout, alors Il ne fait pas seulement l'expérience de la vie à travers toutes les formes et à travers toutes les entités séparément, mais aussi collectivement, tout comme le corps entier fait l'expérience de la douleur d'un seul organe.

 

Question: Est-ce que l'on devrait toujours essayer de guérir par la prière, ou bien se peut-il qu'en faisant ainsi l'on travaille contre la volonté de Dieu?

Réponse: La prière est une invocation, et l'invocation possède son effet: comme d'éveiller quelqu'un du sommeil ou d'attirer l'attention de quelqu'un lorsqu'il est absorbé dans quelque chose d'autre. La prière par conséquent nous focalise sur l'idéal divin et par conséquent elle nous aide. Le cas de Shams-e-Tabriz était différent. Shams-e-Tabriz était arrivé à ce stade où il était au-delà des prières. Il n'était pas seulement devenu lui-même prière, mais il était devenu la culmination de la prière.

Pour nous qui vivons dans ce monde, parmi le tumulte continuel de la vie du monde, notre condition est telle qu'aussitôt que nous ouvrons les yeux à la lumière, de la poussière est jetée sur eux; nous ne pouvons nous empêcher de les fermer. Et cela continue ainsi. Certains, par peur de la poussière, n'ouvrent jamais les yeux. Certains les ouvrent et puis, quand la poussière vient, ils les ferment pour les en protéger. Et à travers cela, nous devons avancer et continuer notre effort spirituel. Il y a tant dans notre vie pour nous apporter l'illusion qui s'élève tout à fait comme de l'eau pour noyer chaque petite impulsion que nous avons pour réaliser la vérité. A moins que nous n'ayons un grand pouvoir pour combattre cela, une grande ardeur pour continuer à travers cela, c'est une tâche des plus difficiles. Combien d'âmes qui cherchaient ont été déçues pour la même raison! Il y en a à peine une qui y arrive parce que la vie que nous menons est créatrice d'illusion du matin jusqu'au soir.

 

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Le But de la Vie   Le désir de bonheur   Le renoncement   Le pouvoir   La résurrection

 

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