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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LE DÉSIR DE BONHEUR
Le But de la Vie
Chapitre 5
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Le bonheur qui est la recherche de toute âme a son secret dans la connaissance de soi. L'homme cherche le bonheur non pas parce que le bonheur est sa nourriture, mais parce que le bonheur est son propre être. Par conséquent, en cherchant le bonheur, l'homme se cherche lui-même. Ce qui donne à l'homme l'inclination à chercher le bonheur est le sentiment d'avoir perdu quelque chose qu'il a toujours possédé, qui lui appartenait, qui était son propre être, bien que l'absence de bonheur qu'une âme a éprouvée depuis le jour où elle est venue sur terre, et qui a augmenté jour après jour, rende l'homme oublieux que son propre être est bonheur; il pense que le bonheur est quelque chose qui est acquis. Puisque l'homme pense que le bonheur est quelque chose qui est acquis, il s'efforce sans cesse en toute direction de l'atteindre. A la fin, après tout son effort, il trouve que le bonheur réel n'appartient pas à ce qu'il appelle les plaisirs.

 

Les plaisirs peuvent être appelés des ombres de bonheur; il y a une illusion de bonheur, bien que toute l'illusion qui accompagne la réalité soit plus intéressante pour l'homme moyen que la réalité elle-même. Un bonheur qui est momentané, un bonheur qui dépend de quelque chose d'extérieur à soi-même, est appelé plaisir. Bien souvent nous ne faisons pas la distinction, dans notre langage de tous les jours, entre plaisir et bonheur. Un passe-temps, un amusement, une distraction, les rires, la gaieté, éloignent notre pensée des responsabilités, des tracas, des troubles et des limitations de la vie, et nous donnent un instant de consolation, et l'on commence à penser qu'ils sont les moyens du bonheur. Mais comme on ne peut les garder à sa disposition, et comme l'on constate souvent qu'en cherchant ce que l'on peut appeler plaisir, la perte est souvent plus grande que le gain, alors l'on commence à chercher quelque chose qui sera vraiment le moyen de son bonheur. C'est cela qui bien souvent éveille un être à chercher le mystère de la religion, le sens qu'il y a dans la philosophie, le secret du mysticisme, afin de voir s'il peut y trouver quelque bonheur. Mais même si tout cela aide quelqu'un à trouver le bonheur, pourtant cela n'est pas par soi-même le bonheur.

 

C'est l'âme qui est elle-même bonheur, et non pas toutes les choses extérieures que l'homme recherche et qu'il pense devoir lui donner le bonheur. Le fait même qu'il languisse continuellement après le bonheur montre que l'élément réel que l'on peut appeler l'être vrai de l'homme n'est pas ce qui a formé son corps et ce qui a composé son mental, mais ce qu'il est en lui-même. Le mental et le corps sont des véhicules. A travers le mental et le corps, l'homme fait l'expérience de la vie plus pleinement, plus clairement, mais ils ne sont pas en eux-mêmes le bonheur, et ce dont on fait l'expérience à travers eux ne donne pas non plus le bonheur réel. Ce dont il fait l'expérience à travers eux est seulement le plaisir, une illusion de bonheur pour un certain temps. Ce n'est pas seulement que les plaisirs coûtent plus que ce qu'ils valent, mais que bien souvent dans le chemin du plaisir, quand quelqu'un cherche le bonheur, à mesure qu'il avance, il crée de plus en plus de malheur pour lui-même. Cela arrive bien souvent. De quelque côté qu'il se tourne, quoi qu'il fasse, quelque plan qu'il élabore et qu'il mène à bien en pensant que cela doit lui apporter le bonheur, cela produit davantage de souci parce qu'il cherche le bonheur dans une mauvaise direction.

 

Quelqu'un pourrait demander: "Le secret du bonheur se trouve-t-il alors dans la voie des ascètes, en se tourmentant soi-même, en souffrant comme ils l'ont fait depuis les temps immémoriaux?". Même cela ne donne pas le bonheur; c'est seulement une interruption des plaisirs mondains qui produisent l'illusion. L'ascète s'enferme pour avoir une occasion de prendre une autre direction, mais bien souvent il arrive que celui qui vit une vie ascétique est lui-même inconscient de ce qu'il fait et de la raison pour laquelle cela est fait. Et par conséquent, même s'il vit toute son existence une vie ascétique, il ne peut en retirer un complet bénéfice. Sa perte est alors plus grande que son gain, car même l'ascétisme n'est pas bonheur, c'est seulement un moyen de discipline de soi. C'est un entraînement en vue de combattre les tentations qui vous attirent continuellement dans la vie et qui sont un empêchement dans la voie du bonheur. Ne comprenant pas cela, quelqu'un peut continuer à vivre une vie d'ascétisme et ne jamais en bénéficier, comme un soldat qui aurait passé toute sa vie à l'exercice et n'aurait jamais combattu. Il y en a beaucoup qui ont compris le renoncement comme étant la voie vers le bonheur et ils ont interprété le renoncement sous la forme de l'ascétisme: se refuser à soi-même tous les plaisirs qui sont passagers.

 

Il y a un autre point de vue dont on peut regarder cela. La création n'est pas destinée à ce que l'on y renonce. Nous lisons dans le Coran que tout ce qui est sur la terre et dans le ciel est créé pour l'homme. Par conséquent, à tout ce qui est beau et plaisant, à tout ce qui donne de la joie et du plaisir, il n'est pas nécessaire de renoncer. Le secret de tout cela est que ce qui est fait pour l'homme, l'homme peut le posséder; il ne doit pas en être possédé. Quand l'homme renonce au chemin du bonheur, du bonheur réel, afin de poursuivre les plaisirs, c'est alors qu'il fait mal. Si dans la poursuite du bonheur qui est le bonheur ultime, il avance dans la vie, alors pour lui, être ascète et se refuser tous les plaisirs n'est pas nécessaire.

 

Il y a une histoire que l'on raconte à propos de Salomon: Salomon eut une vision; Dieu se révéla à lui, et dit: "Nous t'accorderons tout ce qu'il y a dans le monde, tout ce que tu voudras, la richesse ou le pouvoir ou le rang ou les possessions, tout ce que tu désires, tout ce qui est devant toi, tout ce que tu pourras demander". Salomon répondit: "Je préfère à toutes choses la sagesse". La Divinité dit alors: "Si tu préfères à toutes les choses du monde la sagesse, alors Nous te donnerons la sagesse et toutes les autres choses par surcroît". Ceci montre qu'il ne s'agit pas de renoncer aux choses, mais d'en faire le meilleur usage, le juste usage. Ce n'est pas de se détourner de la vie, mais c'est d'être au milieu de la foule, d'être au milieu de la vie et pourtant de ne pas lui être attaché.

 

On pourrait demander: "Ce serait une chose cruelle d'être détaché de quiconque demande votre amour, votre bonté et votre sympathie". L'on répondra que vous n'avez pas besoin de retirer votre amour ni votre bonté ni votre sympathie. Vous pouvez vous attacher au monde entier si vous n'êtes pas du monde. Si l'on garde ses pensées concentrées sur l'idée du vrai bonheur qui est atteint par la réalisation de soi, et si l'on ne permet à rien d'empêcher cela, alors à la fin l'on arrivera à ce bonheur qui est le but de la venue de toute âme sur la terre.

 

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