Une manière d'être grand est de prendre tout ce que nous pouvons. Plus nous prenons, plus nous devenons grand et plus le monde nous appellera grand.

Une autre manière d'être grand est de donner tout ce que nous pouvons. Nous lisons dans les Evangiles: " Si un homme te demande ton habit! donne-lui aussi ton manteau."

La question se pose: combien pouvons-nous donner? Plus nous donnerons, plus il nous sera enlevé. Lorsque Shams-e-Tabriz eut donné sa peau, les vers et les germes prirent aussi sa chair et son sang. Ils ne dirent pas: "Cet homme a donné sa peau laissons-lui le peu de soulagement qu'il peut encore avoir", ils prirent tout.

Nous qui donnons le message de la liberté, nous ne pouvons donner un message que le monde fuira. Si nous disons: "Donnez tout", le monde refusera un tel message. Le monde dira: "Si je donne tout, je n'aurai rien à manger, rien pour me vêtir. Je dois avoir au moins quelque chose à manger et je dois être vêtu."

On raconte une histoire à propos de notre Murshid Farid Shakar Ganj qui faisait ses dévotions dans la jungle. Il suivait la voie ascétique. Il se pendait dans un puits par les pieds, tête en bas; c'est ainsi qu'il faisait ses pratiques. Les animaux ne l'approchaient pas, mais les oiseaux venaient et lui mangeaient la peau et la chair. Il les laissait manger, parce que telle était sa morale, mais lorsqu'ils s'approchaient de ses yeux, il les écartait de la main et disait: "Oiseaux, je vous donnerais aussi mes yeux si vous pouviez d'abord les porter en présence du Bien-Aimé afin qu'ils puissent L'entrevoir. Après vous pourrez les manger".

Nous ne devons pas renoncer à l'âme, à l'intelligence, à la faculté de discernement, sans quoi nous serions comme l'arbre dont chacun peut manger les fruits. Nos bras ne nous ont pas été donnés pour que nous les croisions, mais pour travailler; nos pieds ne nous ont pas été donnés pour que nous restions immobiles, mais pour que nous marchions. La faculté de discernement nous est donnée pour discerner et, par le discernement, nous apprendrons aussi à ne pas faire de distinctions.

Nous devons suivre la voie du milieu, nous devons pouvoir discerner quand donner et quand ne pas donner; à qui donner et à qui ne pas donner.