BÉNIS
SONT CEUX QUI ONT LE CŒUR PUR |
La pensée de l'homme est d'abord conçue comme une seule pensée ou idée, mais avant qu'il puisse la proférer ou l'exprimer, il faut la fragmenter, la diviser en mots multiples, produisant des résultats qui vont si loin qu'ils sont au-delà de la compréhension humaine, qui sont si innombrables qu'aucun homme ne pourrait les compter. Comment pourrait-il alors supposer reconnaître ou définir les Paroles prononcées par Dieu, le Verbe de Puissance de Qui toutes choses furent créées: les Cieux et la Terre et tous les hôtes qu'ils contiennent. Celui qui n'aura soulevé qu'un seul des «Soixante-dix mille voiles» qui recouvrent la Réalité comprendra à quel point est vaste l'ignorance de l'homme, à quel point est grande sa présomption de chercher à découvrir les œuvres de Dieu pour satisfaire son désir de connaissance. Il commencera à comprendre les paroles de Jésus-Christ: «Bénis sont ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu»; car il saura que ce n'est que lorsqu'il aura laissé de côté tout ce qu'il a amassé durant son très long pèlerinage, et qu'il aura seulement retenu l'essence de l'expérience, que son âme pourra enfin être «pure». C'est seulement alors que les derniers voiles pourront être tirés en toute crainte et révérence, et que l'homme «verra» Dieu.
C'est seulement lorsqu'il est pur de toute pensée (car sur le miroir du cœur Dieu seul alors est réfléchi), pur de toute chose appartenant à la terre, pur des différences et distinctions qui divisent et séparent, pur en essence, étant d'une seule Substance avec son Père aux Cieux, c'est ainsi, et seulement ainsi, qu'il lui est possible de «voir» Dieu.
En vérité, seul celui qui est d'esprit humble, qui a «ôté ses chaussures de ses pieds», peut se tenir ferme sur le seuil de ce Saint Territoire.
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