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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


RAGA
Vadan
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Bien-Aimé, tu me rends plus complet chaque jour.
Tu creuses plus profondément mon cœur que les profondeurs de la terre,
Tu élèves mon âme plus haut que le Ciel le plus élevé,
Me rendant plus vide chaque jour, et pourtant plus rempli.
Tu me rends plus vaste que les confins du monde;
Tu étends mes deux bras sur la terre et la mer,
Donnant dans mon embrassement l'Orient et l'Occident.
Tu changes ma chair en sol fertile;
Tu tournes mon sang en des eaux courantes;
Tu pétris mon argile, je le sais, pour construire un nouvel univers.

Dans le balancement des branches, dans le vol des oiseaux et
Dans l'eau qui court, Bien-Aimé, je vois Ta main qui s'agite, me disant au-revoir.
Dans le gémissement du vent, dans le mugissement de la mer,
Dans l'éclat du tonnerre, Bien-Aimé, je Te vois pleurer et j'entends Ton cri.
Dans la promesse de l'aube, dans le lever du jour,
Dans les sourires de la rose, Bien-Aimé, je vois Ta joie à mon arrivée.

Que Ton souhait devienne mon désir,
Que Ta volonté devienne mon acte,
Que Ton verbe devienne ma parole, Bien-Aimé,
Et Ton amour mon credo.
Que ma plante produise Tes fleurs,
Que mes fruits produisent Ta graine,
Que mon cœur devienne Ton luth, Bien-Aimé,
Et mon corps Ta flûte de roseau.

Quand je ferme les yeux dans la solitude,
Je vois Ta vision glorieuse dans mon cœur;
Ouvrant les yeux dans la foule,
Je Te vois jouer comme acteur sur la scène de la vie.
Toujours je suis dans Ta présence éblouissante, mon Bien-Aimé;
Tu me portes au Ciel, et Tu m'emmènes sur la terre en un clin d'œil.

Ne me laisses pas tomber bas après m'avoir porté haut;
Ne me laisses pas devenir étroit après m'avoir rendu large.
Ne me laisse pas devenir petit après m'avoir une fois rendu grand;
Ne me jettes pas à bas, Bien-Aimé, après qu'une fois Tu m'aies élevé.

J'ai regardé encore et encore
pour trouver quelqu'un à qui je puisse donner ma confiance;
Mais je n'ai trouvé personne,
jusqu'à ce que je T'aies enfin trouvé dans mon cœur,
tenant dans Ta main le registre du secret de ma vie.

Plus je m'avance dans le monde, plus je montre ma limitation, mon Roi;
Mais plus je me retire du monde, plus j'entre dans Ton royaume.

Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand le piège de la mort semble inévitable et proche,
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand avec le cœur lourd je regarde partir ceux que j'aime.
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand dans l'amour d'ici-bas, je vois changement et limite.
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand tout ce que j'appelle mien est arraché de ma main.
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand mes gais compagnons me tournent le dos dans mon chagrin.
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand mes mains sont pleines des luttes de ce monde;
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand le moi d'en-haut m'élève et que le moi d'en-bas me fait plier à terre.
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand je tache de faire bien et que cela tourne à mal.
Je regarde vers Toi, ô Seigneur,
Quand tout dans la vie me semble comme un rien
et que je sens la nostalgie pour quelque chose au-delà.

La fontaine qui s'élève de Ton cœur, Tu la verses sur moi, mon Bien-Aimé
et mon esprit ressent l'exaltation d'être dissous sous Ta divine ondée.

Quand Tu T'es assis sur Ton trône, avec une couronne sur Ta tête,
je me suis prosterné sur le sol et je T'ai appelé mon Seigneur.
Quand Tu as étendu Tes mains sur moi pour me bénir,
je me suis agenouillé et je T'ai appelé mon Maître.
Quand Tu m'as relevé de terre, me tenant dans Tes bras,
je me suis blotti contre Toi et je T'ai appelé mon Bien-Aimé.
Mais quand Tes mains caressantes ont approché ma tête de Ton cœur embrasé
et que Tu m'as donné un baiser, j'ai souri et T'ai appelé moi-même.

Ce que je peux ne pas voir, permets que je ne le voie pas;
Ce que je peux ne pas entendre, permets que je ne l'entende pas.
Ce que je peux ne pas savoir, permets que je ne le sache pas.
Bien-Aimé, je suis satisfait de Ta parole comme de Ton silence.

Qu'il ne me voie pas, celui qui ne devrait pas me voir;
Qu'il ne m'entende pas, celui qui ne doit pas m'entendre;
Qu'il ne me connaisse pas, celui qui n'a pas besoin de me connaître.
Bien-Aimé, voile et dévoile-moi selon ce que choisit Ta sagesse.

De Tes mains habiles Tu as fait ces fleurs;
Au pouvoir de Ton regard magique Tu les as si bellement colorées.
Tu as soufflé sur les fleurs, leur donnant vie et rayonnement
et avec un baiser Tu les as rendues parfumées.

Que ma vision devienne plus profonde que l'océan;
Que mon esprit devienne plus fertile que la plaine;
Que mon cœur devienne plus large que l'horizon, Bien-Aimé;
Que mon âme s'élève plus haut que le Paradis.

Chaque forme que je vois est Ta propre forme, mon Seigneur,
Et chaque son que j'entends est Ta propre voix;
Dans le parfum des fleurs je perçois le parfum de Ton esprit;
Dans chaque mot qui m'est dit j'entends Ta voix, mon Seigneur.
Tout ce qui me touche est Ton propre contact;
En tout ce que je goûte, je goûte la saveur de Ton esprit délicieux.
En chaque endroit je perçois Ta présence, Bien-Aimé;
En chaque parole qui tombe dans mes oreilles j'entends Ton message.
Chaque chose qui me touche me fait frissonner sous la joie de Ton baiser;
Où que j'erre, je Te rencontre; où que j'arrive, je Te trouve, mon Seigneur;
Où que je regarde, je vois Ta vision glorieuse;
Quoi que je touche, je touche Ta main aimée.
Quelque soit celui que je voie, je Te vois dans son âme;
Quiconque me fait un don, c'est de Toi que je le prends;
Quand je donne à quiconque, c'est à Toi que je l'offre humblement, Seigneur,
Quiconque vient à moi, c'est Toi qui viens;
Quelque soit qui j'appelle, je T'appelle, Toi.

Ne m'écarte pas, Bien-Aimé, après que Tu m'aies accordé Ta faveur.
Ne me prive pas d'un baiser après m'avoir pris dans Tes bras.
Ne m'afflige pas, Bien-Aimé, après que Tu m'aies fait sourire;
Ne détourne pas Tes yeux une fois que Tu as versé le vin de Ton regard magique
dans la coupe de mon cœur.

Entre sans hésiter, Bien-Aimé,
car dans cette demeure il n'est rien que ma nostalgie de toi.

T'appellerais-je mon âme? Mais Tu es mon essence.
T'appellerais-je ma vie? Mais Tu vis pour toujours.
T'appellerais-je mon Bien-Aimé? Mais Tu es l'Amour lui-même.
Alors comment dois-je T'appeler? Je dois T'appeler moi-même.

Pourquoi ne T'ai-je pas reconnu dès que j'ai ouvert les yeux sur la terre?
Pourquoi ne T'ai-je pas répondu quand j'ai entendu Ta voix enchanteresse?
Pourquoi n'ai-je pas senti Ta douce main quand Tu as caressé mon visage?
Pourquoi ne me suis-je pas accroché à Toi, Bien-Aimé,
quand Tu m'as amoureusement baisé les lèvres?
Quand j'ai commencé à Te chercher, en un clin d'œil, tu as disparu.
Quand je me suis mis à Ta poursuite, Tu T'es éloigné davantage de moi.
Quand je t'ai appelé tout haut dans ma détresse,
Tu n'as pas entendu le cri amer de mon cœur.
Les jambes croisées, je me suis assis en silence;
Alors dans la solitude j'ai entendu Ton appel.

Pourquoi ai-je deux yeux sinon pour contempler Ta vision glorieuse?
Pourquoi ai-je deux oreilles sinon pour entendre Ton doux murmure?
Pourquoi ai-je l'odorat sinon pour respirer l'essence de Ton esprit?
Pourquoi ai-je deux lèvres, Bien-Aimé, sinon pour embrasser Ton beau visage?
Pourquoi ai-je deux mains sinon pour travailler à Ta cause divine?
Pourquoi ai-je deux jambes sinon pour marcher dans Ta voie spirituelle?
Pourquoi ai-je une voix sinon pour chanter Ton chant céleste?
Pourquoi ai-je un cœur, Bien-Aimé, sinon pour en faire Ta demeure sacrée?

N'ai-je pas quitté le monde invisible à Ta poursuite?
Ne suis-je pas venu dans ce monde de limitation à Ta recherche?
N'ai-je pas suivi l'empreinte de Tes pas sur la terre?
N'ai-je pas cherché Ta lumière dans les Cieux?
Mais où T'ai-je enfin trouvé, Bien-Aimé? Caché dans mon cœur.

Chaque pas sur Ton chemin me rapproche de Toi,
Chaque souffle dans la pensée de Toi élève mon esprit,
Chaque aperçu de Ton sourire inspire mon âme,
Chaque larme de Ton amour, Bien-Aimé, exalte mon être.

 

Vadan

 

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