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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LE BUT DE LA VIE INTÉRIEURE
La Vie Intérieure
Chapitre 7
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Est-ce le pouvoir ou l'inspiration que recherche la personne spirituelle? En fait, elle ne recherche ni l'un ni l'autre, mais toutes les qualités telles que pouvoir et inspiration la suivent sur le chemin vers le but spirituel. Le but que poursuit l'homme spirituel est la conscience du Soi, et son voyage le conduit à la profondeur de son être réel, son Dieu, son Idéal.

 

Fait-il le sacrifice de tous les intérêts de la vie, considère-t-il les diverses fins que poursuivent les gens dans leur vie, comme devant détourner du But? Non point; nul doute que son but soit le plus élevé qu'une âme puisse atteindre, toutefois, tous les autres buts qui se présentent à lui dans la vie ne sont pas nécessairement des obstacles sur sa route: il s'en fait un escalier qui lui facilite la route. Ainsi donc, l'homme vivant la vie intérieure, ne critique ni ne condamne jamais les buts d'autrui, si petits ou ridicules qu'ils puissent paraître; car il sait que chaque but que la vie apporte est une marche qui conduit en avant, pourvu qu'on veuille avancer.

 

Dans la vie d'une âme, il vient un moment où elle éprouve le désir de jouer à la poupée; elle recherche les jouets. Du point de vue spirituel, il n'y a aucun mal à cela, car elle sait voir, en temps voulu, le chemin qui la conduit au but; ce ne sont que des intérêts passagers conduisant à d'autres et, de la sorte, elle avance.

 

Ainsi donc, d'après le sage, l'homme se donne, au cours de sa vie, différents buts tels que la richesse, le plaisir ou un paradis terrestre. L'homme spirituel commence son voyage au point où les autres ont terminé le leur. L'évolution ne suit pas une route droite, elle est plutôt comme une roue qui tourne sans fin, de sorte que, sur le sentier spirituel, les expériences de la vie prennent d'abord une direction descendante, pour prendre ensuite la direction ascendante. Ainsi celui qui foule ce sentier retourne en arrière et fait l'expérience de la jeunesse, car la vie spirituelle donne santé au mental et au corps, puisqu'elle est la vraie vie. Il se sent rempli de vigueur, d'énergie, d'aspirations, d'enthousiasme, d'une vivacité d'esprit qui le rajeunit, quel que soit son âge. Ensuite, il devient comme un petit enfant, ardent au jeu, prêt à rire, heureux parmi les enfants; dans sa personnalité apparaissent des traits de caractère enfantins, en particulier ce regard de l'enfant qui n'éprouve ni inquiétude, ni angoisse, ni amertume contre qui que soit; qui désire être l'ami de tous, qui n'est ni orgueilleux ni plein de lui-même, mais qui va avec tout le monde sans distinction de classe ni de caste, de nation ni de race. C'est de cette manière que l'homme spirituel devient semblable à un enfant; la tendance aux larmes, la promptitude au rire, tous ces traits se voient chez l'homme spirituel.

 

Poursuivant sa route, il passe de l'enfance à la petite enfance, ce qui est reconnaissable à son innocence. La sagesse peut éclairer son cœur, il est cependant innocent; on peut le tromper facilement, bien qu'il le sache. En outre, il est heureux dans toute circonstance, comme le petit enfant. De même que le petit bébé ne se soucie ni des honneurs, ni des insultes, l'homme spirituel n'y prête pas attention non plus. A ce point de son évolution, il répond à l'insulte par un sourire. Les honneurs qu'on lui fait sont pour lui comme ceux que l'on fait au petit bébé qui ne sait à qui ils sont destinés. Seul celui qui l'honore sait à qui va son témoignage. L'homme spirituel n'en est pas conscient, il n'en est ni heureux ni fier; pour lui, ce n'est rien; celui qui l'a honoré s'est honoré lui-même, puisque, pour le bébé, cela ne fait rien que l'on parle bien ou mal de lui, cela le laisse indifférent, et il est également prêt à sourire dans les deux cas. Ainsi est l’âme spirituelle.

 

Tandis que l'âme spirituelle évolue plus haut, elle commence à montrer les traits réellement humains; car c'est alors que les qualités humaines commencent à vivre dans l'homme. Dans une telle âme on peut voir les traits purement caractéristiques de l'être humain, dénué de tout trait animal. Par exemple, il se montre enclin à apprécier toutes les petites marques de bonté, d'où qu'elles viennent; à admirer le bien partout où il le perçoit, une tendance à sympathiser avec toute personne, quelle que soit sa condition, avec un saint comme avec un pécheur; il est prêt à s'intéresser aux affaires de ses amis lorsqu'ils font appel à lui; il montre une tendance au sacrifice, sans aucunement s'inquiéter de ce qu'il sacrifie, du moment que son acte répond à un besoin intérieur. Le respect, la reconnaissance, la sincérité, la fidélité, la patience, l’endurance, toutes ces qualités apparaissent dans son caractère. C'est à ce moment de son évolution que, vraiment, il peut juger, car c'est alors que le sens de la justice s'éveille.

 

Tout en évoluant, il continue toujours à rétrograder. Maintenant apparaissent en lui des traits caractéristiques du règne animal: ce trait, par exemple, de l'éléphant qui, avec sa force gigantesque, est prêt à porter le fardeau dont on le charge; celui du cheval qui est prêt à servir son cavalier; la qualité de la vache qui vit harmonieusement avec les autres créatures, rentre à l'étable sans y être conduite et donne le lait dû à son veau. Ces qualités se forment chez l'être spirituel. Le Christ les a prêchées.

 

Toujours plus loin, les qualités propres au règne végétal se développent en lui: celles des plantes qui produisent fleurs et fruits, attendant patiemment la pluie d’en haut, ne demandant jamais rien en retour à ceux qui viennent les cueillir, donnant sans jamais rien attendre, n'ayant d'autre désir que de produire la beauté, chacune selon ses moyens, pour la laisser prendre ensuite par celui qui en est digne comme par celui qui n'en est pas digne, quel qu'il soit, sans attendre aucune marque d'appréciation ni aucun remerciement.

 

Avançant toujours, il arrive au plan du règne minéral. Il devient comme un rocher sur lequel les autres peuvent s'appuyer, sur lequel ils peuvent compter; un rocher impassible au milieu des vagues toujours mouvantes de l'océan de la vie; un rocher qui endure tout dans ce monde dont l'influence fait l'effet d'un heurt sur les êtres sensibles; il devient un roc de constance dans l'amitié, de fidélité dans l'amour, de loyauté envers chaque idéal qu'il défend. On peut compter sur lui dans la vie et dans la mort, ici-bas et dans l'Au-delà. Dans ce monde où l'on ne peut compter sur rien, où tout change à chaque instant, cette âme garde la fermeté du roc au milieu de toutes ces fluctuations, prouvant par là qu'elle est arrivée au règne minéral.

 

Le progrès suivant est caractérisé par la qualité du "djinn"; c'est la qualité de celui qui sait tout, qui comprend tout. Il n'est rien qu'il ne puisse comprendre. Si difficile que soit une situation, si subtil que soit un problème, quelle que soit la condition dans laquelle se trouvent ceux qui l'entourent, il comprend tout. Un cœur endurci par les fautes de toute une vie se fond devant sa compréhension, car le djinn comprend l'ami comme l'ennemi. Il a acquis la connaissance, non seulement de la nature humaine, mais aussi des buts que chacun poursuit, et des conditions de vie en général, sous tous leurs aspects.

 

En continuant d'avancer sur le chemin spirituel, il revêt maintenant la nature angélique. L'ange est fait pour adorer, il adore donc Dieu dans toutes les créatures. Il ne se sent ni plus grand, ni meilleur, ni plus spirituel que quiconque. Arrivé à ce plan de conscience, il est l'adorateur de tous les noms et de toutes les formes, car il les considère tous comme les noms et les formes de Dieu. Aucun être, si dégénéré ou si méprisé du monde soit-il, n'est à ses yeux moins qu'un autre. Ses yeux ne voient que l'Etre Divin, et chaque instant de sa vie se passe en adoration. Il n'a plus besoin d'adorer Dieu à une heure fixe, ni dans un lieu déterminé, ni d'une certaine manière. Il n'est point de moment où il n'adore; à chaque instant de sa vie, il est en adoration, il est en présence de Dieu. Passant chaque instant de sa vie dans la présence de Dieu, son cœur devient pur comme le clair cristal: tout s'y reflète, personne ne peut lui cacher ses pensées, rien n'échappe à sa connaissance. Il connaît une personne aussi clairement qu'elle se connaît, et même plus, car chacun connaît sa propre condition, sans toutefois en voir la cause. L'homme spirituel, quand il est arrivé à ce plan de son évolution, connaît la condition d'une personne et voit, derrière cette condition, quelle en est la raison. Il connaît donc de chacun plus que chacun ne sait lui-même.

 

C'est alors que l'évolution, ayant atteint son point culminant, est accomplie: "Soyez parfaits, comme votre Père Céleste est parfait", a dit le Christ. Cet état dépasse toute expression. C'est un sens, un état de conscience, un sentiment, que les mots ne pourront jamais exprimer. Tout ce qu'on peut en dire, c'est ceci: quand l'homme, a atteint ce plan qui est appelé la perfection, ses pensées, ses paroles, ses actes, l'atmosphère qu'il répand, tout en lui communique Dieu; il répand Dieu partout. Même s'il ne parlait pas, sa présence répandrait Dieu; même s'il ne faisait rien, il apporterait Dieu. Ainsi, ceux qui sont Dieu-réalisés apportent le Dieu vivant au monde. Ce n'est qu'une croyance en Dieu qu'on trouve dans le monde, aujourd'hui: Dieu existe dans l'imagination, dans l'idéal. L’âme qui a atteint la Perfection Divine apporte au monde terrestre un Dieu vivant Qui, sans elle, resterait confiné aux cieux.

 

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