Petite enfance et enfance |
La mère de Mohammed trouva sa consolation dans le petit enfant. La vue de son visage innocent lui faisait oublier la peine d'avoir perdu son mari bien-aimé. Selon la coutume de l'Arabie, l'enfant fut confié à une nourrice, Halima, qui le prit chez elle à la campagne. Il gagna tellement son affection qu'elle lui donna toute son attention car elle avait perçu ses grands mérites. Il se contentait de ce qu'il recevait comme nourriture, aussi peu abondante qu'elle fût, et il était gentil et souriant avec toute personne qui l'approchait. Telles étaient ses dispositions étant petit enfant.
Quand il devint un peu plus grand, il avait l'habitude de jouer avec les enfants des voisins. Il était toujours disposé à donner ses jouets et n'arrachait jamais des mains d'un autre le jouet qu'il avait apporté. Halima avait fort à faire pour garder les objets à la maison. Quand les petits enfants se disputaient, comme ils le font toujours, il les séparait et parfois il prenait le parti du plus faible. Mais par moments il semblait très loin d'eux et de tout le monde. Il s'asseyait à l'écart, absorbé dans ses pensées, et parfois il se jetait à terre dans une complète immobilité. Puis progressivement il se relevait et il était si frais et si rayonnant que sa face, semblable à la lune, apparaissait resplendissante. Halima parla à son mari de cette manifestation inhabituelle, et tous deux pensèrent que l'enfant était obsédé par quelque esprit. Elle le rendit alors à sa mère en lui disant: "Madame, votre gentil petit enfant est, j'en ai peur, obsédé par un esprit". Amina répondit: "N'ayez crainte. Dieu l'en préserve. Il est élevé au-dessus des obsessions du monde".
Dans la maison de sa mère, il montra des traits rares montrant son développement futur. Il acceptait toujours les enfants pauvres. Il avertissait et menaçait ses jeunes compagnons concernant les mauvaises actions et les poussait à obéir à leurs parents. Il sympathisait avec les chagrins de chaque enfant de son âge et il était toujours le meneur de ses camarades de jeu. Il devenait comme un aimant, attirant à la fois jeunes et vieux, et grandissait chaque jour en intérêt.
A l'âge de six ans, sa mère l'emmena à la Mecque, et après une courte visite, sur le chemin de retour, Amina mourut. La douleur fut profonde pour le tendre cœur de l'enfant. Il se trouvait ainsi privé non seulement des soins d'un père, mais aussi de ceux d'une mère qui sont si importants pour un enfant. Mohammed fut laissé aux soins de son grand-père qui, bien qu'âgé et souffrant, veilla sur lui de son lit de malade avec une très grande attention, car son âge et son expérience lui firent comprendre que c'était un enfant remarquable. Bientôt ce grand-père mourut aussi, et il resta tout à fait orphelin dans ce vaste monde. C'est comme si Dieu enviait toute personne prenant soin de Ses élus en dehors de Lui seul.
Mohammed fut alors placé sous la garde de son oncle, Abou Talib, qui le prit en charge et l'éleva, prenant soin de lui autant que de ses propres enfants. A cette époque il n'y avait ni école ni universités; on envoya les jeunes garçons dans la nature avec le bétail, les moutons et les chèvres. Un jour où Mohammed était parti garder les moutons et les chèvres de son oncle, un autre garçon lui dit: "Surveille à ma place mes chèvres et les moutons pendant que j'irai à la ville pour m'amuser. Puis je surveillerai tes moutons et tes chèvres, et à ton tour tu pourras aller t'amuser en ville". Mohammed répliqua: "Je surveillerai tes moutons et tes chèvres, mais je n'abandonnerai pas les miens, parce que c'est à moi personnellement qu'ils ont été confiés". Ce petit fait montre comment, dans la vie de tous les jours, la fermeté de Mohammed était déjà en préparation au-dedans de lui-même. Elle se manifesta d'abord à un degré mineur et se développa dans la suite à un degré tel qu’Allah lui confia la responsabilité de l'humanité, charge qu'il ne négligea pas au milieu des tentations de ce monde déconcertant.
Son oncle avait l'habitude d'aller une fois par an à Sham pour vendre sa marchandise. Avant le départ il recommandait à sa famille ses propres enfants et Mohammed, leur donnant des instructions pour veiller très attentivement sur eux et particulièrement sur Mohammed, parce qu'il avait une grande affection pour lui et aussi parce qu'il pensait que Mohammed étant orphelin, c'était le commandement de Dieu de prendre particulièrement soin de lui. Mais quand vint le moment des adieux, Mohammed se cramponna au cou de son oncle, disant: "Je partirai avec toi. Je ne peux pas rester ici en ton absence". Le voyage était difficile, et prendre un jeune garçon comme Mohammed, c'était prévoir de grandes difficultés. Mais son oncle ne pouvait pas lui refuser et il le prit avec lui.
Pendant leur voyage, Mohammed montra beaucoup d'attention pour son oncle, lui apportant son aide de toutes les façons, et sa compagnie lui porta chance. En rentrant chez eux, un Arabe qui était voyant les rencontra. Il avertit Abou Talib de prendre grand soin de l'enfant car il avait vu qu'un grand avenir l'attendait. Il dit: "Cet enfant sera celui qui élèvera non seulement sa communauté mais toute l'humanité".
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