L’existence de Dieu est une interrogation qui surgit en tout esprit, aussi bien dans l'esprit du croyant en Dieu que dans l'esprit de l'incroyant. Et il y a un moment où le plus grand des croyants en Dieu met Son existence en question, se demandant si, réellement, il existe un Dieu. A seconde vue, il considère comme sacrilège d'avoir de telles pensées et il essaye de s'en débarrasser. Mais dans le cœur de l'incroyant cette question se pose souvent et il se demande si cela est réellement vrai, s'il y a quelque chose de tel que Dieu. L'idée de Dieu est innée dans l'homme. L'Idéal Divin est la fleur de la race humaine; et cette fleur s'épanouit dans la réalisation de Dieu.

De même que toute chose dans le monde objectif possède la tendance à s'élever plus haut, de même l'on peut voir la tendance de l'âme dans l'aspiration humaine qui toujours prend son essor vers le haut quelque soit le domaine de conscience qu'ai l'homme. Pour l'homme qui n'est conscient que de la vie matérielle, ses aspirations ne s'élèvent que là où elles peuvent atteindre dans le domaine des gains matériels, et bien qu'il progresse de plus en plus haut, il reste insatisfait de tout ce qu'il obtient au cours de l'existence à cause de l'immensité de la vie en toutes ses phases. La soif de ce qui est hors d'atteinte donne à l'âme la nostalgie d'atteindre les hauteurs les plus grandes de la vie. C'est la nature de l'âme d'essayer de découvrir ce qui se trouve derrière le voile; c'est la constante nostalgie de l'âme de gravir telles hauteurs qui soient au-delà de ses possibilités; c'est le désir de l'âme de voir quelque chose qu'elle n'a jamais vu; c'est l'attente constante de l'âme de connaître quelque chose qu'elle n'a jamais connu. Mais ce qui est le plus extraordinaire en cela est que l'âme sait déjà qu'il y a quelque chose derrière ce voile, ce voile de perplexité; qu'il y a quelque chose à chercher dans les sphères les plus élevées de la vie; qu'il y a une beauté inconnue à contempler, qu'il y a Quelqu'un à connaître Qui peut être connu. Ce désir, cette nostalgie, n'est pas quelque chose d'acquis; ce désir est une obscure connaissance que l'âme possède en veilleuse à l'intérieur d'elle-même.

Par conséquent, l'incroyance concernant l'Idéal Divin n'est rien qu'une condition amenée par les vapeurs s'élevant de la vie matérielle d'illusion, et qui couvrent comme des nuages la lumière de l'âme, lumière qui est sa vie. C'est pourquoi l'incroyant n'est pas satisfait de son incroyance. Certes, parfois, sa vanité est nourrie par cela, par le fait que l'on est intelligent si l'on ne croit pas en Quelqu'un dont l'existence est un objet de foi pour d'innombrables êtres aveugles; ainsi pense t il: "Après tout, croire en Dieu n'est pas difficile; n'importe quel imbécile peut croire en l'Idéal de Dieu". Il prend donc la direction opposée qui consiste à refuser de croire. Il est honnête et pourtant il est comme quelqu'un qui se tient devant un mur l'empêchant d'aller plus loin dans sa route.

Si ce monde offrait à une personne tout ce qu'il possède, même alors l'âme ne serait pas satisfaite parce que sa satisfaction est dans une plus haute aspiration, et c'est cette aspiration plus haute qui mène à Dieu. A la question: "Et si l'homme avait bien une aspiration parce que c'est sa nature, mais si à la fin du voyage il ne trouvait peut-être rien du tout?", l'on peut répondre: "Il n'y a pas de question qui n'ait de réponse, et il n'y a pas de désir dont l'objet n'ait pas d'existence". Car l'on ne connaît pas ce qui n'existe pas; une chose doit d'abord exister pour que nous puissions en prendre connaissance. Mais il y a une autre question: "Tout le monde ne connaît pas Dieu, ne croit-on pas plutôt à une idée?". Tout est né de l'idée. La science, l'art, la musique, la poésie et la religion et la nation, sont tous nés de l'idée. Si l'idée est la source d'où tout est venu, alors pourquoi l'idée serait-elle sans signification, et pourquoi Dieu, Qui est la Source et le But de tout, ne serait-Il pas trouvé dans l'idée?

La recherche de Dieu est une conséquence naturelle de la maturité de l'âme. Il y a un moment dans la vie où s'allume dans l'âme une passion qui lui donne la nostalgie de l'inatteignable, et si l'âme ne prend pas cette direction, alors elle perd certainement quelque chose dans la vie, qui est son désir inné, en lequel réside son ultime satisfaction.