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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LA RÉPONSE A LA BEAUTÉ
Le But de la Vie
Chapitre 9
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Il y a deux tempéraments différents que nous voyons généralement dans le monde. L'un d'eux dit: "Je n'écouterai pas de musique le dimanche, c'est un jour religieux; aimer les couleurs est émotionnel; regarder des peintures est passionnel; apprécier n'importe quel parfum, aimer les odeurs plaisantes, est de la sensualité". Et puis il y a un autre tempérament qui ressent les vibrations des couleurs, qui apprécie les aliments délicieux, qui admire la ligne droite et la courbe, qui est touché et ému par la musique, qui se sent élevé par la beauté de la nature. Quelle différence trouvons-nous entre ces deux tempéraments? La différence est que l'un est vivant et que l'autre manque de vie. L'un est vivant parce qu'il est réceptif à tous les aspects de la beauté, que la beauté en appelle à ses yeux, à ses oreilles ou à ses sens du goût ou du toucher; l'autre est incapable de les apprécier.

 

L'homme, dans ses tréfonds, cherche le bonheur, la beauté, l'harmonie, et pourtant, en ne répondant pas à la beauté et à l'harmonie qui sont devant lui, il gaspille son existence qui est une occasion pour lui de faire l'expérience de la vie et de l'apprécier. Quel est cet oubli de soi qui refuse la beauté divine qui est devant nous? Si nous nous privons de la beauté divine qui nous entoure, alors la beauté qui est au-dedans ne se développera pas, parce que notre condition est telle que l'âme est née avec les yeux ouverts au-dehors, elle ne voit pas la vie au-dedans. Et la seule manière de s'éveiller à la vie au-dedans, qui est des plus belles, est de répondre d'abord à la vie au-dehors. Ce monde orné de toute sa beauté sans limites - la nature et sa sublimité, les personnalités possédant la divine immanence - si nous l'ignorons, pourquoi sommes-nous venus ici et qu'y avons-nous accompli ici? Celui qui le méconnaît tourne le dos à quelque chose qu'il cherche sans cesse; il est son propre ennemi. De cette façon, il ne peut être spirituel, il ne peut être religieux. En se refusant à lui-même tout ce qui est beau autour de lui, il ne peut être élevé, car si la beauté du dedans était le seul but de la vie, Dieu n'aurait pas créé l'homme et ne l'aurait pas envoyé sur la terre.

 

En outre, c'est la vision de la beauté sur la terre qui éveille à la vision de la beauté qui appartient à l'esprit. Certains disent que c'est sensuel et que cela prive quelqu'un de l'illumination spirituelle. Cela serait le cas si quelqu'un était entièrement absorbé en elle, s'en nourrissait, et ne pensait pas qu'il y ait quelque chose en dehors d'elle; car la beauté qui est au-dehors a sans aucun doute un caractère transitoire, elle passe et par conséquent, on ne peut en dépendre. Pour celui qui est dépendant de cette beauté et s'est laissé absorber par elle, et s'en étant laissé absorber, a tourné le dos à cette beauté qui est éternelle, il est certain que pour lui cela est faux. Mais pourtant aucune âme n'est jamais arrivée à contempler la vision de la beauté spirituelle que l'on trouve au-dedans sans avoir été éveillée à la beauté qui est extérieure.

 

Dans mon explication, spirituel veut dire vivant. Une personne spirituelle qui est éveillée à la beauté de la poésie, qui est prompte à admirer la subtilité d'un poème, qui apprécie la beauté de la mélodie, de l'harmonie, qui peut éprouver de la joie dans l'art et être élevée par la beauté de la nature, qui vit comme un être vivant, non pas comme si elle était morte, c'est cette personne que l'on peut appeler spirituelle. Et vous constaterez toujours que la tendance des personnalités spirituelles est de s'intéresser à chaque personne dans leur vie. C'est le signe qu'elles sont vivantes. Quelqu'un qui est claquemuré en lui-même se ferme; il a fait quatre murs autour de lui. Cela peut être sa tombe, il y est enterré. La personne qui est vivante voit tout par nature, et comme elle voit tout, elle sympathise avec tout, elle répond à tout, elle apprécie tout en tout le monde. Et de cette façon, elle éveille en elle-même la vision sublime de l'immanence de Dieu.

 

 

Question: Un enfant qui meurt très jeune ne peut pas arriver à cette spiritualité par la beauté de la vie. Qu'en pensez-vous?

Réponse: L'enfant est souvent plus réceptif à la beauté qu'une grande personne parce qu'une grande personne a développé dans sa nature une attitude pessimiste, des préjugés, et qu’à cause de ces préjugés, elle est incapable de voir la beauté qu'un petit enfant peut voir et apprécier. Par exemple, quand nous regardons une personne, nous faisons une barrière de nos idées préconçues avant même de la regarder. Un enfant, un ange sur la terre, la regarde comme il regarderait sa meilleure amie; il n'a aucune inimitié, aucune idée préconçue envers quiconque. Par conséquent, l'enfant est ouvert à la beauté. Un enfant ne sait pas que le feu brûle, l'enfant sait seulement que le feu est beau. Par conséquent, un enfant est tellement béni qu'à chaque moment de sa vie, il vit dans une complète vision de beauté. Et aussi longtemps que dure cet état, un être est dans le Jardin d'Eden. Il en est exilé du jour où l'âme a touché la nature humaine terrestre.

 

Question: Si, dans l'âme, il n'y a pas la possibilité d'apprécier la beauté, comment serait-elle capable d'apprécier d'abord la beauté terrestre?

Réponse: L'âme possède, née en elle-même, une soif naturelle de beauté. C'est un manque dans la personne quand elle ne la cherche pas de la bonne façon. Y a-t-il une seule personne qui n'aime pas la beauté, qui ne soit pas capable de l'apprécier? Elle se privera elle-même de cette beauté qu'elle pourrait avoir admirée librement.

 

Question: Est-ce que la qualité qui consiste à apprécier la beauté est plus spirituelle que la soif de la connaissance?

Réponse: D'où vient la connaissance? La connaissance vient par l'observation. L'observation vient par l'amour de la beauté. La première chose est que la fleur attire votre attention; alors l'on commence à chercher d'où vient la fleur, quels sont sa nature et son caractère, de quel bénéfice elle est, comment cultiver cette plante. La première chose est que l'on est attiré par sa beauté, la chose suivante est que l'on cherche à savoir sa nature. De cela vient toute connaissance.

 

Question: (N'a pas été enregistrée).

Réponse: Il y a une sorte d'étude artificielle qui n'est pas l'étude naturelle. On peut appeler cela un "gagne temps". Quelqu'un dit: "Maintenant il y a des gens qui ont étudié dans leur vie; ils ont découvert des choses pour nous et les ont écrites dans des livres, et je dois les apprendre en lisant leurs livres". Mais alors, il ne sait pas qu'il n'a pas appris ce que la personne qui a écrit le livre a appris. Par exemple, quelqu'un qui aurait lu les livres de Luther Burbank, s'il a lu cinquante livres sur l'horticulture, n'a pas appris ce que Luther Burbank a appris, car il a fait des expériences pour lui-même, il a été au jardin, sa joie en est telle qu'il ne peut l'exprimer. Il est certain qu'une autre personne pourra tirer bénéfice de ce qu'il a donné, mais une autre personne ne pourra pas bénéficier de ce dont il a bénéficié, à moins qu'il ne suive le même chemin.

 

Question: Est-ce que la véritable éducation amène au-dehors ce qui est au-dedans?

Réponse: C'est en effet le cas.

 

Question: Est-ce qu'un être perd beaucoup quand il ne peut pas supporter la musique?

Réponse: Un poète Hindoustani a dit: "Les animaux sont attirés par la musique, les serpents sont charmés par la musique, les oiseaux et les animaux y sont sensibles, et si l'homme ne l'est pas, je ne sais pas comment le qualifier". Mais il n'est pas vrai que l'âme n'ait pas soif de musique; ce qui souvent arrive, c’est que quand quelqu'un dit: "Je n'aime pas la musique", cela peut seulement vouloir dire qu'il ne veut pas en jouir. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas capable d'en jouir. En le disant, il fait une sorte d'autosuggestion.

 

Question: Est-ce la même chose pour les gens qui n'aiment pas les enfants?

Réponse: C'est la même chose. Ils impriment quelque chose sur leur mental qui n'appartient pas en réalité à l'âme.

 

Question: Ces mêmes personnes, quand elles étaient dans le monde des djinns, est-ce qu'elles tournaient le dos aux objets de beauté?

Réponse: Bien sûr, elles ont eu une impression profonde, mais en même temps l'important est que nous devons être maîtres de nos attirances et aversions. En détestant nos aversions, nous commençons à aimer toutes choses. Quelquefois une aversion forme une sorte de vanité. Quand quelqu'un dit: "Je déteste le parfum", cela veut dire "Je suis au-dessus du parfum"; cela signifie qu'il est orgueilleux du fait que cela ne puisse l'atteindre. Il est certainement au-dessus, mais il vaudrait mieux qu'il puisse en jouir.

Cela dépend entièrement du fait que l'on n'est pas réceptif à la beauté: cela ne veut pas dire que l'âme ne l'aime pas. S'il y a un match de boxe qui se passe quelque part, des milliers et des milliers de gens y viendront seulement pour voir lequel des deux cogne l'autre le plus fort. Il n'y a rien de beau, rien d'agréable à voir, et pourtant un aussi grand nombre de gens y vient; c'est psychologique. L'homme se retient lui-même de progresser.

 

Question: Quelle est la tendance dans l'homme qui le retient de progresser?

Réponse: Au temps présent, le monde est devenu très commercial, même à un point où, absorbé dans le commerce, il néglige le sens de la beauté. En d'autres termes, le sens de la beauté est sacrifié au commerce, mais en même temps dans le commerce aucun but de la vie n'est accompli. Ce qui accomplit le but de l'âme est son éveil à la beauté dans tous ses aspects.

 

Question: Il n'en était pas ainsi dans les anciens temps?

Réponse: Non, il y avait d'autres fautes, mais celle-ci est la faute de cette époque particulière.

 Néanmoins, quelle que soit la condition du monde, ceux qui marchent dans le chemin spirituel n'ont pas besoin d'être désappointés car leur effort vers la spiritualité n'est pas pour que les autres aient à l'apprécier, c'est parce qu'ils désirent marcher dans le chemin spirituel. Par conséquent, s'ils gardent à l'esprit que la vérité divine est la chose la plus belle au monde et qu'en étant réceptifs, en appréciant et en admirant la beauté sous tous ses aspects, en reconnaissant la divinité dans toute beauté - dans la douceur du fruit, dans la couleur de la fleur, le parfum des roses, dans la lumière des étoiles, en toutes choses - de cette façon l'homme s'agrandit. Et c'est cela qui permet à l'âme de s'épanouir et de manifester l'esprit divin.

 

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