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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LE BUT DES TRÉSORS DE LA TERRE
Le But de la Vie
Chapitre 8
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

L'homme n'est pas né sur terre pour manger et boire et dormir, comme le font toutes les créatures inférieures, mais il est né sur terre pour apprendre comment utiliser cette terre fertile au meilleur avantage de celle-ci, comment apprécier les trésors que cette terre contient et comment bien les utiliser, et c'est en cela que l'homme se relie à la terre. Pour l'âme qui vient du ciel, sa liaison avec la terre recèle un secret qui mène au but de la vie. Il est facile pour quelqu'un de dire: "Nous venons du ciel et nous sommes destinés au ciel, et pour ces quelques jours que nous habitons sur la terre, qu'y a-t-il là qui nous appartienne? D'ailleurs, n'est-ce pas chargé de péché, tout ce qui appartient à la terre? Il vaut mieux s'en échapper et abandonner tout ce qui en définitive n'a aucune valeur". C'est vrai, mais ce n'est pas naturel. Ce qui est naturel, c'est de savoir comment apprécier tout ce qui est créé sur la terre. Nous l'apprécions en l'estimant.

 

La beauté du règne minéral, que l'on voit dans les pierres précieuses et les gemmes, l'une supérieure à l'autre, n'est pas quelque chose à négliger: de même voir qu'à travers une pierre, c'est la lumière divine qui brille et rend cette pierre incomparablement plus noble que les cailloux de la route. Quel phénomène merveilleux que, même dans une pierre, Dieu montre Sa beauté! Le parfum des fleurs, la douceur des fruits, les goûts délicieux que présentent différents objets de la terre, ne semblent pas avoir été créés sans aucun but. Dans l'or, dans l'argent, dans le métal, dans tous les objets que nous voyons dans le monde, il semble qu'il y ait un certain but à accomplir. Et celui qui les craint, qui a peur qu'ils ne le possèdent, s'enfuit d'eux. Et que fait-il? Il perd à la fois le ciel et la terre. Il a déjà laissé le ciel, il abandonne la terre. Celui qui la possède est enterré sous elle; elle profite de lui et l'avale. C'est un autre aspect de la terre et de sa loi. Mais celui qui comprend le but de la terre et de ses trésors les utilise au mieux, non seulement pour lui-même, mais pour son prochain. C'est cette personne-là qui vit dans le monde en remplissant le but de sa vie.

 

Voyons-nous des personnes spirituelles seulement parmi celles qui se tiennent dans les cavernes des montagnes de l'Himalaya? Ne voyons-nous pas d'admirables personnalités au milieu du monde? Bien souvent des gens disent que quelqu'un qui a lutté tout au long de sa vie dans les affaires et l'industrie et les occupations du monde s'est endurci, mais je pense que celui qui a réellement gagné la victoire sur la terre, qui a réellement fait un succès que l'on peut appeler un succès, en a appris quelque chose. Ce n'est pas tout le monde qui réussit dans les affaires de la terre, ce n'est qu'un parmi beaucoup. Et celui qui arrive au sommet a eu ses difficultés, a eu ses problèmes; son endurance, sa patience ont été éprouvées, il est passé par un sacrifice, il a compris la nature humaine en se tenant au milieu du marché. S'il n'a pas lu un seul livre de philosophie, s'il n'a pas médité un seul jour, pourtant il est arrivé à un plan, à une compréhension, où il connaît quelque chose qui en vaut la peine.

 

Je considère avoir été très privilégié lorsqu'en certaines occasions j'ai pu avoir une conversation avec des hommes d'affaires, avec des gens qui s'occupaient sans cesse des choses de la terre et qui avaient réellement atteint le sommet; et j'ai été proprement stupéfait de penser qu'au lieu de les endurcir, cela avait adouci en quelque sorte leur nature. Cela leur avait donné un sens qui peut venir par la compréhension spirituelle, qui est un sens religieux, cela avait développé une droiture en eux. Étant passés par ce monde d'injustice et ayant vu dans le monde des affaires ce que l'on y voit, ils étaient arrivés à un degré d'honnêteté où l'on commence à considérer la vie d'un point de vue différent. Et en outre, si jamais quelqu'un s'avance et dit: "Pour un but philanthropique, pour le bien de l'humanité, je donne tant de millions pour l'éducation, pour les hôpitaux", c'est eux qui le font. Et cela m'étonnerait beaucoup qu'un reclus qui se serait toujours tenu loin de l'argent, s'il avait la charge de nombreux millions, aimât se séparer de quelques-uns d'entre eux. L'idée principale est que, qu'un but soit terrestre ou céleste, être loyal au but de la vie est la première morale que nous avons à apprendre; car même un but terrestre, aussi matériel qu'il puisse paraître, montrera à la fin qu'il est un tremplin si l'on n'a rien que cet idéal-là devant soi.

 

Il est certain que toutes les choses qui appartiennent à la terre ont leur influence sur une personne. Elles endurcissent, elles rendent le cœur froid et enlèvent ce tendre sentiment qu'une personne a envers ceux qu'elle chérit, envers ceux qu'elle aime et desquels elle dépend, envers son prochain. Cela rend quelqu'un de plus en plus avide, et l'avidité le rend injuste. L'homme devient avare et envieux, et cette coupe du désir n'est jamais remplie, il n'est jamais satisfait. Plus il en vient, moins il semble y en avoir. Néanmoins, si l'on ne passe pas par cette expérience qui est l'épreuve de l'homme, et si l'on choisit d'aller par un autre chemin, alors l'on a laissé de côté une grande expérience, une expérience qui rend réellement l'âme noble. Quelqu'un que vous n'avez pas compris pendant dix ans, vous pouvez le comprendre en un seul jour aussitôt qu'il est question d'argent. Cela fait aussitôt sortir ce qui est caché dans cette personne. Cela montre que c'est un test important, un test par lequel l'on doit passer, et que l'on doit faire l'expérience d'un chemin qui est une partie de notre destinée.

 

Par conséquent, l'homme religieux ou spirituel, même s'il regarde avec dédain une personne engagée dans les choses de la terre, doit savoir que c'est son chemin, et un chemin qui est sa religion. S'il se prouve honnête dans son comportement en affaires, s'il garde son cœur ouvert envers ceux qui lui sont proches et chers, envers ceux pour lesquels il a ses obligations, s'il garde allumée dans son cœur la flamme de son amour pour l'humanité à travers tout cela, à la fin il arrivera à un stade où il sera plus grand qu'un saint parce qu'il aura gardée vivante la flamme de la sainteté malgré un vent qui souffle sans cesse.

 

Nous ne devons pas toujours essayer d'échapper aux difficultés car à la fin nous ne pourrons arriver à leur échapper. La vie sur la terre est difficile, et avec l'évolution de la terre, cela deviendra encore plus difficile; chaque jour cela deviendra plus difficile. Ce que nous pouvons faire est de nous rendre assez forts pour aller de l'avant dans la vie sur la terre, et c'est seulement grâce à cette force de conviction que, quel que soit le chemin sur lequel nous voyageons, nous arriverons au but spirituel. Et quelle que soit notre vie - libérale, industrielle ou commerciale, cela importe peu - nous vivrons la religion, la religion de la nature, changeant notre vie en une religion. Et ainsi, même avec chaque succès terrestre, nous avancerons pas à pas vers l'accomplissement spirituel.

 

 

Question: Pourquoi la vie sur la terre deviendra-t-elle encore plus difficile avec l'évolution de la terre?

Réponse : Nous pouvons considérer la terre comme un être humain; représentez-vous-la par exemple comme un être humain vivant sa vie de la petite enfance à la vieillesse. Dans la petite enfance, aussi dépendant que soit un enfant, pourtant il est comme un souverain, parfaitement heureux dans les bras de sa mère, à la charge de son père; il n'y a rien pour l'ennuyer, rien pour le perturber, aucun attachement, aucune inimitié; il est heureux comme les anges au ciel. Tel était le commencement du monde, le commencement de la race humaine tout spécialement. Les Hindous l'ont appelé l'Age d'Or. Et puis vient la jeunesse, la jeunesse avec son printemps et sa délicatesse, et aussi avec la responsabilité qui y est mêlée. La jeunesse a ses propres épreuves, ses propres expériences, ses propres peurs. Cette condition troublée de la terre fut appelée par les Hindous l'Age d'Argent, ce qui veut dire l'âge de tous les trésors, le printemps de la jeunesse. Mais à mesure que la vie avance, le monde arrive au stade que l'on peut appeler l'âge mûr, l'âge des soucis, des ennuis, des anxiétés, des responsabilités. Les Hindous l'ont appelé l'Age de Cuivre. Et à mesure que la vie avance, il y a davantage à supporter. Un arbre fruitier, avec le poids des fruits, se courbe, et il en est ainsi du progrès. Avec chaque pas en avant, il y a des obligations et des responsabilités.

Néanmoins, nous ne devons pas attendre les difficultés. Il y a une chose qui nous sauve, et c'est l'espoir. Tout ce dont je viens de parler est l'aspect métaphysique. Ce dont je parle maintenant est l'attitude psychologique que nous devrions avoir: espérons toujours le meilleur et nous aurons le meilleur.

 

Question: Quelle est la meilleure action pour quelqu'un d'engagé dans les affaires qui n'est pas l'acteur principal d'une transaction et en désapprouve les détails, mais sent qu'il ne serait pas sage de rompre complètement la relation?

Réponse : Il n'est pas l'homme en question, il est un homme tout à fait séparé du sujet parce qu'il n'est pas en train de faire son devoir. Il ne donne pas son cœur et son âme au travail. C'est là le test, c'est là qu'il apprend. S'il n'apprend pas des détails, s'il se tient à part, alors il n'est nulle part.

 

Question: Aussi longtemps qu'il refuse d'accepter des responsabilités?

Réponse : Oui, la responsabilité, c'est bien l'idée. Je préférerais une personne ou bien se retirant absolument des responsabilités, ou bien acceptant toutes les conséquences et étant responsable pour tout dans sa vie. Et en chaque chose de sa vie dont il peut être responsable, il ne doit pas dépendre des autres parce que tout cela lui enseigne une leçon. Qu'est notre vie quotidienne? Même la plus petite chose dans la vie de tous les jours est pour nous une leçon à apprendre, et nous devons tirer le meilleur parti de notre occasion. Il n'y a rien dans le monde, aucun travail aussi petit et sans importance qu'il se présente dans la vie, que nous devions rejeter; c'est quelque chose que nous devons affronter. Tout ce qui est fait est accompli. Si cela n'a rien fait d'autre, du moins cela nous a donné quelque expérience, et cela en vaut la peine.

 

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Le But de la Vie   La réponse à la beauté   La responsabilité

 

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