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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LE DÉSIR DE PAIX
Le But de la Vie
Chapitre 6
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Le secret qui se trouve derrière la manifestation entière est la vibration, la vibration que l'on peut appeler mouvement. Ce sont des divers degrés de vibration qui, lorsque nous les divisons par des lignes, forment les plans d'existence - chaque plan d'existence différant selon le rythme du mouvement de ces vibrations. Quand nous considérons la vie comme un tout ? nous pouvons tracer une ligne: du commencement à la fin, ou de l'esprit à la matière, ou de Dieu à l'homme. Et nous constaterons que le rythme qui commence la ligne est subtil et sans perturbation, et que le rythme que l'on perçoit à la fin de cette ligne est grossier et perturbateur. L'on peut appeler ces deux rythmes la vie de sensation et la vie de paix.

 

Il y a deux choses opposées; la vie de sensation donne une joie momentanée, et la vie, qui est le premier aspect de vie, donne la paix et finit dans la paix éternelle. La joie, aussi grande qu'elle soit, s'élève et retombe, elle doit avoir sa réaction; en outre, elle dépend de la sensation. Et de quoi dépend la sensation? La sensation dépend de la vie extérieure; il doit y avoir quelque chose en dehors de vous qui crée la sensation. Mais la paix est ressentie en soi-même de manière indépendante. Elle ne dépend pas de la sensation extérieure, c'est quelque chose qui nous appartient, quelque chose qui est notre propre être. Si l'on demandait à quelqu'un vivant sans cesse dans une sorte d'excitation des plaisirs de ce monde, à qui la Providence a accordé tous les plaisirs imaginables: "Que désirez-vous en dehors de tout ce dont vous bénéficiez?", il répondrait: "Que l'on me laisse tranquille". Quand la folie vient, il languit après la sensation, mais quand cette passion a disparu, ce après quoi il languit en réalité est la paix. Par conséquent il n'y a aucun plaisir au monde, aussi grand qu'il soit, aucune expérience, aussi intéressante qu'elle soit, qui puisse donner à quelqu'un la satisfaction que seule la paix peut donner.

 

Un souverain peut être heureux assis sur son trône, portant sa couronne, avec une suite nombreuse autour de lui, mais il est satisfait lorsqu'il est tout seul. Tout le reste lui semble comme rien, cela n'a aucune valeur. La chose la plus précieuse pour lui est le moment où il est tout seul. J'ai un jour vu le Nizâm de Hyderabad, un grand souverain dans toute sa grandeur, bénéficiant de la grandeur royale autour de lui. Et puis j'ai vu le même souverain assis tout seul sur un petit tapis, et c'était à ce moment qu'il était lui-même. Il en est de même pour chacun. Des mets délicieux, des parfums exquis, de la musique, tous les autres plaisirs de la ligne et de la couleur, la beauté sous tous ses aspects qui semble répondre aux désirs de notre vie, sont inférieurs en fin de compte lorsqu'on les compare avec cette satisfaction qu'une âme éprouve en elle-même, dans laquelle elle retrouve ce qu'elle possède en propre, sa propre possession - quelque chose que l'on n'a pas besoin de chercher en dehors de soi-même, que l'on peut trouver en soi-même, et quelque chose qui est incomparablement plus grand et plus précieux que toute autre chose au monde; quelque chose que l'on ne peut ni acheter ni vendre, quelque chose qui ne peut être volé par personne, et quelque chose qui est plus sacré et plus saint que la religion ou la prière, car toute prière et dévotion ont pour but d'atteindre cette paix.

 

Une personne bonne et bienveillante, très savante et compétente, forte et puissante, malgré tous ces attributs, ne peut être spirituelle si son âme n'a pas atteint ce rythme qui est le rythme naturel de son être, un rythme dans lequel seule réside la satisfaction de la vie. La paix n'est pas une connaissance, la paix n'est pas un pouvoir, la paix n'est pas un bonheur, mais la paix est tout cela, et en outre la paix est productrice de bonheur, la paix inspire la connaissance du visible et de l'invisible, et c'est dans la paix que l'on peut trouver la présence divine.

 

Ce n'est pas l'être excité qui est vainqueur dans cette bataille continuelle de la vie, c'est celui qui est pacifique, qui tolère tout, qui pardonne tout, qui comprend tout, qui assimile toutes choses. Celui qui manque de paix, malgré toutes ses possessions - propriétés de la terre ou qualités d'esprit - malgré elles deux, est pauvre. Il n'a pas cette richesse que l'on pourrait appeler divine et sans laquelle la vie de l'homme est inutile, car la vie est dans la paix, une vie que la mort ne peut voler. Le secret du mysticisme, le mystère de la philosophie, tout peut être atteint après avoir atteint la paix. Vous ne pourrez refuser de reconnaître le divin chez quelqu'un qui est un être de paix. Ce n'est pas le bavard, ce n'est pas celui qui argumente qui prouve qu'il est sage. Il peut bien avoir de l'intellect, la sagesse du monde, et cependant il peut ne pas avoir la pure intelligence qui est réelle sagesse. On peut trouver la vraie sagesse dans celui qui est paisible, car la paix est le signe de la sagesse. C'est celui qui est paisible qui est observateur, c'est la paix qui lui donne le pouvoir et les conditions nécessaires pour observer de façon aiguë. C'est celui qui est paisible qui peut par conséquent concevoir, car la paix l'aide à concevoir. C'est celui qui est paisible qui peut contempler, celui qui n'a pas de paix ne peut pas contempler correctement. Par conséquent, tout ce qui appartient au progrès spirituel dans la vie dépend de la paix.

 

Et maintenant vient la question: «Qu'est-ce qui fait que l'on manque de paix?» La réponse est: l'amour de la sensation. Quelqu'un qui cherche toujours à vivre dans le mouvement, dans l'activité sous quelque forme que ce soit, désire de plus en plus cette expérience. A la fin il devient dépendant de la vie qui est au-dehors, et ainsi à la fin il perd sa paix, la paix qui est son être réel. Quand une personne dit de quelqu'un: "Il a perdu son âme", l'âme n'est pas perdue, l'âme a perdu sa paix. L'absorption dans la vie extérieure à chaque moment du jour et de la nuit, à penser et à se tourmenter et à travailler et à se battre, luttant sans cesse, vole à la fin son âme à quelqu'un. Même si nous gagnons au prix de cette bataille quelque chose qui est en dehors de nous-mêmes, un autre qui est un plus grand combattant encore l'arrachera quelque jour de notre étreinte.

 

L'on pourrait demander si ce n'est pas la nécessité de notre vie qui nous garde absorbés dans la vie extérieure et ne nous laisse pas un moment pour éprouver la paix. En réponse à cela, je dois dire: "Supposez que la vie extérieure ait pris dix heures par jour, vous avez encore deux heures; si le sommeil a pris dix heures du jour, vous avez encore deux heures de reste". Pour atteindre la paix, ce que l'on a à faire est de chercher ce rythme qui se trouve dans la profondeur de notre être. C'est tout à fait comme dans la mer: la surface de la mer est toujours en mouvement, la profondeur de la mer est tranquille. Et ainsi en est-il de notre vie. Si notre vie est jetée dans la mer d'activité, elle est à la surface; nous vivons pourtant dans les tréfonds de cette paix. Il importe seulement de prendre conscience de cette paix que nous pouvons trouver en dedans de nous. C'est cela qui peut nous apporter la réponse à tous nos problèmes. Sinon, quand nous voulons résoudre un problème, il y a un autre problème difficile qui arrive. Il n'y a pas de fin à nos problèmes, il n'y a pas de fin aux difficultés de la vie extérieure. Et si nous nous énervons sur eux, nous ne serons jamais capables de les résoudre. Nous pourrions attendre dans l'espoir que les conditions deviennent meilleures? Elles deviendront pires.

 

Que les conditions deviennent meilleures ou pires, la première chose est de chercher le royaume de Dieu à l'intérieur de nous-mêmes, là où se trouve notre paix. Aussitôt que nous aurons trouvé cela, nous aurons trouvé notre soutien, nous aurons trouvé notre moi. Et en dépit de toute l'activité et de tout le mouvement de la surface, nous ne pourrons garder cette paix imperturbable que si nous nous y tenons ferme en en devenant conscient.

 

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