La foi et le doute |
La foi et le doute sont comme la lumière et l'ombre. Les moments de foi sont comme les moments du jour et les moments de doute sont comme ceux de la nuit. Comme le jour et la nuit viennent tous deux dans la vie, ainsi viennent des jours de foi et des jours d'obscurité. C'est l'aspiration de l'âme d'atteindre cet état où elle ressent la foi et c'est la nature de l'âme de rassembler des doutes autour d'elle. Par conséquent, l'âme attire aussi bien la foi que le doute. S'il se trouve qu'elle attire davantage les doutes, alors encore plus de doutes seront attirés, si elle attire la foi, alors, de plus en plus, la foi viendra.
Les doutes sont semblables aux nuages. S'il y a un nuage, il en attirera d'autres, et si de nombreux nuages sont rassemblés, d'autres encore seront attirés pour s'y joindre. S'il y a un rayon de soleil traversant les nuages, il les dispersera, et une fois qu'ils seront dispersés, ils le seront de plus en plus, et davantage de lumière se manifestera à la vue. Les doutes cachent la foi, mais la foi détruit les doutes. Par conséquent, l'on peut mieux dépendre de la foi; les doutes ne font qu'aller et venir.
Il n'y aurait pas d'exagération si je disais que le doute est une maladie, une maladie qui enlève la foi. Peut-être serait-il plus juste de dire que le doute est la rouille qui ronge le fer, et la foi, le fer. Il est très facile de permettre aux doutes de faire leur travail, et il est difficile de garder la foi. Aussi évoluée que puisse être une personne, il arrive un moment où les doutes la saisissent et, dans ces moments de doute, la lumière de l'intelligence disparaît. Par conséquent, il y a un conflit constant entre le doute et la foi. S'il n'y avait pas cet ennemi qui toujours combat la foi, l'homme pourrait faire de grandes choses, des choses étonnantes; chaque homme accomplirait des miracles, chaque homme serait parfait. Cela montre que plus grande est votre foi, plus grande est la personne que vous êtes; plus votre foi est enracinée profondément, plus haut vous atteignez.
L'on pourrait demander: est-il possible de développer la foi? Est-il possible de trouver la foi? Oui; dans toute personne, il y a, cachée quelque part, une étincelle de foi, mais elle est si cachée parfois, si embrumée et enterrée, qu'elle a besoin que l'on creuse, elle a besoin d'être déterrée. A l'intérieur de quoi est-elle enterrée? dans les sables des doutes. Aussitôt que l'on a enlevé le sable, la fontaine de la foi surgit.
On peut étudier ce principe chez un enfant; un enfant est né avec la foi. Quand on dit: « Ceci est de l'eau, ceci est du pain, celui-ci est papa, celle-là est maman", l'enfant ne refuse pas de le croire; il ne dit pas: "Ce n'est pas vrai", l'enfant l'accepte aussitôt comme vrai. C'est par la suite que les doutes commencent à venir. Quand le petit enfant grandit, quand il commence à entendre des histoires et à demander:" Mais est-ce que c'est vrai? ", alors, le doute commence. Bien souvent le savoir terrestre apporte de plus en plus de doutes; l'expérience de la vie terrestre fait que l'on doute de plus en plus, et quand le doute devient prédominant dans la nature de quelqu'un, alors il doute de tout et de tous. Il doute de ceux dont il ne devrait pas douter et il doute de ceux dont on peut douter; il y a toujours un doute devant ses yeux. Il n'a pas plutôt jeté son regard sur une personne que le nuage du doute se met entre eux. De cette façon, l'inspiration est perdue, le pouvoir est perdu, la personnalité est perdue: l'homme est devenu une machine, un mécanisme.
Dans le monde des affaires, dans le monde de l'industrie, quelqu'un ne se soucie pas de vos sentiments, de ce que vous êtes, de votre stade d'évolution, de la profondeur de ce que vous sentez, ni quels sont vos principes, quelles sont vos pensées. Ce qui intéresse ce quelqu'un, c'est que l'interlocuteur signe le contrat, qu'il appose son cachet sur le contrat séance tenante et qu'il y ait en même temps deux témoins pour authentifier l'opération. Ce que vous êtes, qui vous êtes, n'a aucune importance du moment que ce papier est en ordre. Nous allons vers la perfection mécanique, nous recherchons la perfection du monde, de la terre.
Il y a cinq cents ans - et cela montre à quel point le monde a graduellement changé -, un poète hindoustani a écrit: " Ces jours sont passés où l'on attachait une valeur à la personnalité de l'homme ". C'est ainsi: il y a quelques siècles que le monde décline. Il semble que l’homme n'ait aucune confiance, aucune foi en un autre homme. Ce en quoi il a confiance est le mot écrit.
La foi doit être poursuivie jusqu'au bout. On peut avoir la foi en montant un escalier de cent marches, on peut grimper quatre-vingt-seize marches avec foi, et on peut la perdre. Avant les quatre marches qui restent à monter, on peut perdre la foi; le doute est arrivé et tout le voyage est gâché. Cela arrive très souvent dans la vie de nombre de gens qui sont face-à-face avec le succès et pourtant échouent. Ils n'ont fait qu'approcher ce qu'ils désiraient, et puis ils le perdent. On voit cela dans la vie de presque chaque personne, et plus grande est la personne, plus on le voit; car plus grande est la personne, plus sa foi est puissante et, par conséquent, plus elle est capable de voir le jeu de la foi. C'est comme d'envoyer un cerf volant à loin dans le ciel, et avant qu'il n'aille plus haut, il retombe. L'ennemi qui en est la cause est le doute.
On peut faire quelque chose pendant toute sa vie et la réaliser dans une grande mesure, mais, à cause de l'absence d'un petit peu plus de foi, on la perdra, et tout ce qui a été fait sera gâté en un moment. Combien de temps faut-il pour édifier une maison, et combien de temps cela prend-il pour qu'elle soit détruite? Combien de temps faut-il pour construire une affaire réellement prospère? Combien de temps cela prend-il pour qu'elle échoue? Un moment. Quand on étudie ce principe et qu'on y pense, on commence à voir que le monde entier, avec tout ce que l'on entend, et voit, et touche, et ressent, est une illusion en face de la foi. La foi seule est réalité, et, comparé à la foi, tout le reste est irréel Mais parce que nous ne voyons pas la foi avec nos propres yeux, il est très difficile d’appeler la foi "réelle" et tout le reste l'"irréel"; nos yeux ne peuvent voir la foi et nous ne savons pas où elle est.
La question maintenant est de savoir comment on peut trouver la foi en soi-même, comment on peut la développer. On peut trouver la foi en pratiquant la confiance en soi d'abord, en ayant confiance en soi-même dans les plus petites choses. Aujourd'hui, la plupart des gens ont l'habitude de dire, à propos de tout, "peut-être"; il semble qu'un nouveau mot soit venu en usage: ils disent: "peut-être cela se produira-t-il". C'est une sorte de formule de politesse, ou une parole de gens raffinés pour se montrer pessimistes. Je puis voir quelle est leur raison: ils pensent que c'est faire preuve de passion, de présomption, de simplicité de dire "cela sera" ou "cela se fera" ou "cela sera atteint". Dire "peut-être", pensent-ils, les dégage de la responsabilité de s'être trop avancés. Plus la personne est pessimiste, plus elle use du "peut-être" et ce "peut-être" est allé si loin aujourd'hui dans les êtres qu'ils ne peuvent trouver la foi.
Après que la confiance en soi est développée, le second pas est de faire confiance à un autre les yeux fermés. L'on peut penser que ce n'est pas toujours en accord avec le sens pratique, et l'on peut penser que cela pourrait conduire à de grandes pertes. Cependant, même cette perte serait un gain, et mille gains, comparés à la perte de la foi, seraient comme rien. Une personne est plus riche d'avoir fait confiance à quelqu'un et perdu quelque chose que de n'avoir pas fait confiance à quelqu'un et préservé quelque chose qui, un jour, lui sera enlevé. Elle aurait pu tout aussi bien s'en débarrasser.
On pourrait dire que toute personne simple est portée à faire confiance à une autre. Certes, mais la différence entre une personne sage, qui fait courageusement confiance, et la personne simple, qui fait confiance facilement, est grande. L'homme sage qui fait confiance, si quelqu'un d'autre lui suggère qu'il pourrait ou ne devrait pas faire confiance à un certain individu, même si on lui en donne une preuve définie, persistera néanmoins à faire confiance. Quant à l'homme simple, aussitôt que quelqu'un lui dit: " Oh, mais qu'est-ce que vous faites! Vous avez confiance en quelqu'un qui n'en est pas digne" changera sa confiance. Telle est la différence entre la personne sage et la personne qui ne l'est pas. La personne qui ne l'est pas a confiance parce qu'elle est ignorante, la personne sage a confiance parce qu'elle sait que la confiance est ce qu’il y a de mieux.
Le troisième pas vers le développement de la foi est la confiance en l'invisible, avoir confiance en quelque chose qu'on ne voit pas. La raison ne montre pas ce que c'est, où cela se trouve, comment est-ce que c'est, comment on devrait le gagner, comment on peut l'amener, comment on peut l'obtenir, comment on peut l'atteindre. On ne voit pas la raison, on voit seulement: " Cela se fera, cela doit se faire, cela doit venir". C'est cette confiance dans l'invisible que l'on appelle confiance en Dieu. Quand vous ne voyez aucun signe devant vous de quelque chose qui pourrait arriver et que cependant vous pensez: " Oui, cela doit arriver, cela arrivera, cela arrivera certainement ", et que vous n'avez aucun doute, alors votre confiance est en Dieu.
Le premier principe du message soufi est la foi. Ce n'est pas seulement étude occulte, ce n'est pas non plus analyse scientifique, ni phénomènes psychiques. La première leçon du message est la foi, et c'est par la foi que le message sera répandu. Nous travaillerons tous à notre propre manière en servant, en répandant le message, et c'est avec la foi que le message de Dieu trouvera son accomplissement
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