Le corps d'une personne est habituellement tout à fait hors de contrôle. Si elle veut lever le pied, ce pied n'obéira pas; il se lèvera un moment et ensuite il n'obéira plus. Si quelqu'un va chez le photographe qui lui dit: "Ne bougez plus!", il commencera aussitôt à bouger. Les seuls mots: "Ne bougez pas" le feront trembler parce qu'ils lui rappelleront son impuissance. Avant le "Ne bougez pas" tout allait bien, mais ces mots lui ont rappelé sa faiblesse, et la faiblesse du corps exprime la faiblesse de l'esprit.

En Inde, vous verrez des gens se tenir sur la tête, marcher sur les mains, se tenir sur un pied pendant des heures. On peut objecter: "Quelle pratique stupide! A quoi cela peut-il servir? Ils doivent être fous." Non, ils ont vu la folie du monde entier et ils essaient une autre folie, leur "folie" est connaissance. Ils restent dans la même position pendant des heures et des heures. Si l'un d'eux croise les bras, il gardera les bras croisés pendant des heures. S'il lève la main, il la tiendra levée pendant des heures. S'il ferme les yeux, il restera les yeux fermés pendant des heures. S'il ne parle pas, il restera en silence des jours durant.

Lorsqu'une personne est restée seule pendant un certain temps, elle commence à bouger. Elle bouge un pied ou une main, ou elle pianote sur la table. Elle veut sentir qu'elle est vivante et la conscience réalise qu'elle est vivante par son activité, l'activité du corps et du mental. Lorsqu'on fait cesser l'activité du corps et qu'on arrête l'activité du mental, la conscience a alors la possibilité de réaliser qu'elle est vivante sans la vie du corps et du mental. Lorsque le corps est maintenu sous contrôle et lorsque le mental est dirigé de façon à pouvoir retenir une pensée aussi longtemps qu'on le désire, ou rester vide aussi longtemps qu'on le désire, l'âme est alors rendue à sa liberté, elle n'est plus retenue au mental et au corps. Le monde entier s'ouvre à elle.

Nous réalisons alors que nous ne sommes pas ce moi limité, que nous ne sommes pas séparés de Dieu, pas différents de Lui, mais que nous sommes semblables à Dieu, que nous avons la même existence, la même vie immortelle et permanente par delà tous les changements de ce monde matériel. De cette manière, nous pouvons devenir parfaits comme notre Père Céleste est parfait.