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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LA SANTÉ ET L'ORDRE DU CORPS ET DE L'ESPRIT
La Santé
L'Art d'Être

Chapitre 1
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Tout comme il y a un remède pour chaque maladie, ainsi pour chaque désastre il y a une reconstruction. N'importe quel effort sous quelque forme et aussi mince qu'il soit en vue d'une reconstruction ou en vue d'améliorer les conditions en vaut la peine, mais ce qui est le plus nécessaire pour nous est la compréhension de cette religion des religions et de cette philosophie des philosophies qui est la connaissance de soi. Nous ne comprendrons pas la vie quotidienne si nous ne nous comprenons pas nous-mêmes. C'est la connaissance de notre propre être qui donne la connaissance du monde.

 

Qu'est donc la santé? La santé, c'est l'ordre. Et qu'est donc l'ordre? L'ordre est musique. Là où règnent le rythme, la régularité, la coopération, il y a l'harmonie, il y a la sympathie. La santé du mental et la santé du corps dépendent du maintien de cette harmonie, de l'intégrité de cette sympathie qui se poursuivent dans la sphère mentale et dans le corps.

 

Rappelez-vous que la vie dans le monde, et spécialement si on la vit parmi la foule, éprouvera et testera votre patience à chaque instant du jour, et que ce sera très difficile de préserver cette harmonie et cette paix qui sont tout le bonheur qu'il y ait. Quelle est la définition de la vie? La vie est une lutte avec les amis et un combat avec les adversaires; elle consiste sans cesse à donner et à prendre, et il est des plus difficiles de garder la sympathie, de garder l'harmonie, qui sont la santé et le bonheur.

 

Où pouvons-nous apprendre cela? Toute éducation, tout savoir, toute connaissance sont acquis, mais cet art-là est un art divin, et l'homme en a hérité. Absorbé dans l'étude extérieure il l'a oublié, pourtant c'est un art que son âme connaît, pourtant c'est son propre être, c'est la connaissance la plus profonde de son cœur. Aucun progrès, dans quelque direction que ce soit, ne donnera à un homme cette satisfaction après laquelle languit son âme, si ce n'est cet art qui est l'art de la vie, l'art d'être, qui est le but que poursuit son âme. Afin de servir à la reconstruction du monde, la seule chose possible et la seule chose nécessaire est d'apprendre l'art d'être, l'art de vivre, pour soi-même, et d'en être soi-même l'exemple, avant d'essayer de servir l'humanité.

 

Qu'est-ce que le Soufisme? C'est cet art dont on vient de parler, l'art grâce auquel la musique et la symphonie de la vie peuvent perdurer, et grâce auquel l'homme peut se rendre lui-même capable de devenir le parfait serviteur de Dieu et de l'humanité.

 

 

La santé est une condition bien ordonnée produite par le travail régulier du mécanisme du corps physique. Le travail régulier du corps physique dépend des circonstances climatiques, du régime, de l'équilibre entre l'action et le repos et de la condition du mental.

 

Beaucoup pensent que c'est quelque déformation du corps, une courbure de la colonne vertébrale ou une cavité dans le cerveau qui affectent le mental. Peu qui se rendent compte que le mental provoque très souvent une irrégularité de la colonne ou du cerveau, causant par là une maladie. Le point de vue ordinaire considère la maladie comme un désordre physique qui, grâce à des remèdes matériels, peut être guéri. Et puis il y a un autre point de vue: celui des gens qui pensent avec un peu plus de profondeur et qui disent qu'en ne faisant pas attention à la maladie, ou en se suggérant à soi-même que l'on va bien, on peut être ramené à la santé.

 

On peut exagérer ce dernier point de vue comme lorsque quelques personnes proclament que la maladie est une illusion, qu'elle n'a pas d'existence par elle-même. Et le point de vue ordinaire peut aussi être exagéré quand on pense que la médecine est le seul moyen de guérison et que la pensée n'a pas grand chose à faire avec la maladie réelle. De deux personnes, l'une qui voit les choses d'un point de vue ordinaire, l'autre qui les voit d'un point de vue plus profond, chacune trouvera des arguments pour et contre leurs idées. Quelques personnes vont jusqu'à prétendre que ceux qui ont la foi ne doivent pas toucher à la médecine et quelques-unes affirment que la maladie est aussi réelle que la santé. C'est en l'absence de maladie qu'un individu peut facilement appeler la souffrance une illusion, mais, quand il souffre, alors il est difficile pour lui de parler d'illusion.

 

A la question de savoir qui est davantage sujet à la maladie, une personne spirituelle ou une personne matérielle, on peut répondre ainsi: une personne spirituelle qui néglige les lois physiques est aussi sujette à la maladie qu'une personne matérielle qui néglige les lois spirituelles. Il est certain qu'une personne spirituelle est supposée avoir moins de chances de tomber malade par le fait que son esprit a acquis l'harmonie grâce à la spiritualité. Elle crée l'harmonie et elle l'irradie; elle se garde près du royaume de la nature, restant en accord avec l'infini. Néanmoins la vie d'une personne spirituelle dans le monde ressemble à celle d'un poisson sur la terre. Le poisson est une créature de l'eau; sa nourriture, sa joie, son bonheur sont dans l'eau. Une personne spirituelle est faite pour la solitude; sa joie et son bonheur sont dans la solitude. Une personne spirituelle, placée au milieu du monde par la destinée, ne se sent pas à sa place, et les influences perpétuellement perturbatrices de ceux qui sont autour d'elle et les impressions violentes continuelles qui dérangent ses sens plus affinés, rendent la possibilité de tomber malade plus grande pour elle que pour ceux qui poussent leur chemin dans la foule de ce monde et sont prêts à être aussi poussés.

 

Une âme spirituelle est une vieille âme selon la terminologie orientale. Même un individu jeune, de tendance spirituelle, montre la nature des personnes âgées, mais en même temps la spiritualité est une perpétuelle jeunesse. Une personne spirituelle admire toutes choses, apprécie toutes choses, jouit complètement de toutes choses. Par conséquent, si l'on dit que la personne spirituelle est comme une personne âgée, c'est vrai, et si l'on dit qu'elle est comme une personne jeune, c'est vrai aussi.

 

Les gens ont perdu la conception de la santé normale en ce jour où les critères de la santé normale sont au-dessous de la santé véritable. Être sain n'est pas seulement être musclé: être réellement sain est la capacité de jouir et d'apprécier pleinement la vie. Être sain veut dire être réfléchi. Celui qui peut ressentir profondément montre le signe de la santé.

 

Il n'est pas surprenant de voir une personne matérielle tomber malade, et il n'est pas stupéfiant qu'une personne spirituelle n'aille pas bien. La première tombe malade parce qu'elle a perdu son rythme, la seconde est malade parce qu'elle n'a pu conserver un rythme qui n'était pas le sien. Que l'on soit spirituel ou matériel, puisque l'on doit vivre au milieu du monde, l'on partage les conditions de tous ceux qui sont lointains ou proches, et l'on est ainsi sujet aux influences, désirables ou indésirables, qui viennent de partout. On ne veut pas fermer les yeux, et on ne peut pas non plus fermer son cœur aux impressions qui tombent continuellement sur vous. Le mieux qu'on puisse faire est de garder une grande vigilance à l'égard de tout ce qui vient à vous pouvant causer irrégularité, inharmonie et désordre, d'être résigné à tout ce par quoi l'on est obligé de passer, et d'être courageux, afin de surmonter tout ce qui vous retient dans la voie de la santé et de la perfection.

 

 

La santé est un sujet des plus importants. Il y a un proverbe Hindoustani: la santé vaut mieux qu'un millier de talents. Les autres intérêts de la vie devraient quelquefois être sacrifiés à la santé.

 

Il y a certaines circonstances, il y a certains entourages, il y a des germes, qui peuvent causer la maladie. Mais la maladie vient en proportion de l'accueil qu'on lui fait.

 

Une manière de faire est de lui accorder trop de sympathie. Si un enfant a mal à la tête et que sa mère dise: "Oh, mon pauvre petit, il faut que tu te couches et je t'apporterai une pomme et une orange", la pomme et l'orange sont offertes au mal de tête, le lit et la sympathie sont offerts au mal de tête pour l'accueillir. Si on lui donne un tel accueil, il y fera sa demeure. Il y a quelques personnes qui s'aiment tant elles-mêmes qu'elles disent: "Oh! mon pauvre moi, comme c'est triste que tu sois malade, que tu doives souffrir!". La pitié envers soi-même est une grande cause de maladie.

 

Et puis il y a la peur; je sais cela par ma propre expérience. Dans les tournées de concerts que je donnais dans l'Inde, j'avais pris l'habitude de penser: "Qu'arrivera-t-il si j'ai un rhume le jour du concert? S'il arrive avant, cela n'aura pas d'importance, mais s'il arrive le jour du concert, quelle catastrophe!". Et le jour du concert, le rhume arrivait et me prenait la gorge; jusqu'à ce que j'aie appris la manière de la maîtriser, le rhume arrivait. De telles pensées sont fréquentes; on pense: "Qu'est-ce qui va m'arriver? Je vais bien cette semaine, mais qu'en sera-t-il la semaine prochaine? Il se peut que je sois malade. Je vais bien cette année, mais l'année prochaine, je puis être malade: je dois prendre des précautions".

 

Une dame riche que je connaissais m'écrivit un jour: "Murshid, je ne peux pas venir à votre conférence". J'allai la voir, m'attendant à la trouver très malade. Elle me dit: "Je ne peux pas sortir de la maison ni voir qui que ce soit, le docteur me l'a défendu" - "Souffrez-vous de quelque chose?" lui demandai-je. "Non répondit-elle - Je ne sais pas. Mais le docteur m'a dit de ne pas sortir". Je lui demandai: "Est-ce que le docteur est un dieu, ou est-il messager de Dieu, qu'il vous ait apporté un message de maladie?".

 

 

Question: Pourquoi la maladie nous arrive-t-elle?

Réponse: La maladie vient parce que nous lui permettons de venir. Nous le lui permettons ou bien consciemment ou bien inconsciemment. Et elle s'installe où elle trouve un accueil, une sympathie, un lit qui lui est préparé, un docteur pour en prendre soin.

La maladie vient toujours de quelque chose de mauvais: mauvaise atmosphère, mauvaise nourriture, mauvais entourage

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