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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LA DÉCOUVERTE DE LA MISSION


 

Inayat vécut plusieurs années à Calcutta et y apprit la nouvelle de la mort de son père bien-aimé, ce qui fut pour lui un coup difficile à traduire en paroles, bien qu'ainsi sa vie devint libre de tout devoir le liant d'un lien sacré, tel qu'il avait considéré envers ses parents. Peu après, un autre malheur tomba sur lui, à savoir la perte de ses médailles. Dans un moment de distraction la mallette des médailles fut laissée dans un car, et ne put être retrouvée malgré tous ses efforts. Mais après la déception du début qui avait pesé sur lui, une révélation de Dieu toucha les cordes secrètes de son esprit et lui ouvrit les yeux à la vérité. Il se dit, "Le temps que tu as passé à gagner ce qui ne t'a jamais appartenu, mais que tu appelais tien, n'a pas d'importance; aujourd'hui tu comprends que cela n'est plus à toi. Et il en est de même de tout ce que tu possèdes dans la vie, tes propriétés, tes amis, tes relations, même ton propre corps et ton esprit. Tout ce que tu appelles "mien", n'étant pas ta propriété réelle, t'abandonnera; et seulement ce que tu appelles "moi", qui est absolument séparé de tout ce qu'on appelle "mien", restera".

Il s'agenouilla et remercia Dieu pour la perte de ses médailles, pleurant et disant, "Que tout soit perdu de mon moi imparfait, excepté Ton Être Véritable, yâ Allah!".

Un jour Inayat apprit l'arrivée à Baroda d'un Brahmane que l'on disait être un grand voyant. Ce Brahmane lisait non seulement les pensées de ceux qui venaient le voir, mais aussi leur passé, leur présent et leur avenir. C'était un homme d'une obésité considérable et quand il était assis les jambes croisées, il prenait la place de quatre personnes. Bien des gens tremblaient devant lui à cause de son apparence gigantesque, mais il était amical et sociable en dépit de sa voix puissante. Inayat vint avec tous les autres pour visiter ce Brahmane, mais pendant un long moment celui-ci ne le regarda pas et ne lui prêta aucune attention. De sorte qu'Inayat attendit que tous les autres soient partis. Quand ils furent seuls le Brahmane dit: "Bienvenue, Mahatma! je suis fâché de ne pas avoir pu vous parler devant tous les autres, mais je peux le faire maintenant. Je vois que vous êtes attristé en ce moment et que des nuages ont entouré votre vie; mais c'est l'aurore, espérez le lever du soleil. Vous aurez à aller dans le monde Occidental". Inayat demanda quand cela serait. Il répondit, "Pas maintenant, plus tard, peut-être après quelques années. Et là vous accomplirez un grand travail qui ne peut vous être dévoilé maintenant. Il ne rapportera pas d'argent, mais c'est un travail qui est au-delà de l'imagination. Par conséquent, rassemblez votre courage, et tous les nuages se dissiperont". En disant cela à Inayat, les yeux du Brahmane étaient pleins de larmes; de joie ou de tristesse, il était impossible de le dire, mais il le ressentait si profondément qu'il ne put ajouter un mot de plus.

Inayat, cependant, avait atteint l'état de Samâdhi. Celui-ci, qui peut venir après bien des années de méditation, vint à Inayat alors qu'il était si jeune. Il lui arrivait de s'élever à cet état en un instant. Aussitôt qu'il commençait à jouer de la musique il s'élevait au-dessus des sphères terrestres. Cela se développa à tel point que non seulement lui-même, mais ceux qui étaient assis autour de lui en étaient captivés et se sentaient élevés, ce en quoi Inayat trouva l'accomplissement de son don musical. Ils ne savaient plus où ils étaient, ni ce qu'ils entendaient et ne pouvaient réaliser dans quel monde ils étaient élevés au-dessus de la terre. Après avoir fini de jouer Inayat était noyé dans l'extase et eux tous semblaient comme perdus dans un brouillard. Quand ils ouvraient les yeux leur attitude envers lui changeait, et alors qu'ils l'avaient d'abord pris pour un chanteur, il devenait pour eux un mystère.

Inayat comprenait maintenant pourquoi les médailles avaient été perdues; cela signifiait pour lui que la musique avait rempli son travail dans sa vie; maintenant un nouveau domaine de sa vie allait commencer. Certes, cela vint graduellement. D'abord ses chants dévotionnels commencèrent à émouvoir les gens jusqu'aux larmes et créaient une atmosphère de grand amour et dévotion et harmonie. Ensuite ils provoquaient des rêves et une sorte d'absorption en lui-même et chez les autres, une sorte d'exaltation, une élévation, qui culminait en une profonde extase. La carrière d'Inayat dans l'Inde avait atteint là son terme. Les choses elles-mêmes commencèrent à évoluer de manière à changer sa vie. La conscience de l'injonction de son Murshid, "Va dans le monde, mon enfant, et harmonise l'Orient et l'Occident par l'harmonie de ta musique. Répand la sagesse du Soufisme à l'étranger, car c'est à cette fin que tu es doué par Allah, le plus Miséricordieux et Compatissant" - la conscience de cette injonction devint de plus en plus claire pour lui et un moyen se présenta d'abandonner l'Inde afin de suivre la mission de sa vie. Rien ne pouvait plus désormais le retenir.

Son oncle, qui avait précédemment voyagé en Occident, lui dit que la vie en Occident était difficile pour un Oriental. Gagner sa vie était plus difficile encore. Il demanda, "Est-tu patronné par quelqu'un, as-tu des appuis, as-tu un endroit précis pour aller?" -"Oui, mon oncle, j'ai tout l'appui nécessaire, mon but est plus que défini, mon but est clair devant moi. Que voulez-vous me demander de plus?" - Il pensa qu'Inayat était si déterminé que rien ne l'arrêterait. Inayat dit à son oncle, "Le Dieu qui est le soutien de tous, le Protecteur de tous, ne vit pas seulement dans l'Inde. Il est partout, ainsi je serai sauf, mon oncle, sous Sa Providence; vous n'avez pas besoin de vous tourmenter".

 

Extraits biographiques

 

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