CE QUI VIT ET CE QUI MEURT EN L'HOMME Murshida Sharifa Lucy Goodenough |
La réponse à cette question est très simple: c'est le faux moi, le moi irréel de l'homme qui meurt, son moi réel est perpétuellement vivant. Vient la question: "Quel est le moi irréel de l'homme et quel est le moi réel"?
Il existe deux croyances, l'une que Dieu fit le monde et demeure en dehors de lui, séparé de Sa manifestation, et l'autre, la plus forte croyance, que Dieu fit tout à partir de Lui-Même.
Puis surgit une autre question: "Pourquoi ce qui est fait du réel est-il irréel et périssable?". C'est comme d'attendre qu'un homme véridique dise un mensonge. Dieu est plus que "réel", davantage que "vrai", mais nous avons seulement les mots "réel", "vrai" pour l'exprimer.
L'homme existe à un pôle de son être comme conscience universelle, calme, silencieuse, inconsciente de sa propre existence. Vous pourriez demander: "Comment cela peut-il être en même temps conscience"? C'est en même temps conscience, intelligence, lumière. En sanscrit, on l'appelle Chaïtanya, Intelligence. Dans le Coran, il est écrit: "Nous t'avons fait de Notre lumière et de ta lumière nous avons fait l'univers entier". On considère que cela a été dit de Mohammed. Dans la Bible, il est dit que d'abord fut le Verbe, et le Verbe était lumière, et de la lumière toutes choses ont été faites. Il y a ces trois lumières: Dieu, la lumière du Maître, et le monde. La Conscience fit à partir d'Elle-Même les deux autres lumières grâce auxquelles Elle fait l'expérience de la vie. C'est le sens de la Trinité Chrétienne, bien qu'il y ait très peu de gens pour le comprendre, parmi des milliers, on pourrait n'en trouver qu'un. Ma définition de la lumière est: ce qui apparaît. Tout ce qui apparaît peut seulement apparaître par la lumière qui est en lui, par le rayonnement.
L'inclination de l'intelligence est toujours pour son propre élément, la conscience. L'inclination de chaque chose est pour son élément. S'il y a deux courants d'eau proches l'un de l'autre, le plus fort attire le plus faible et ils se réunissent. S'il y a deux flammes, elles se réunissent. Si on allume un feu sous un très fort soleil, il ne brûlera pas longtemps. Il semble qu'il s'éteigne de lui-même, mais en réalité l'élément feu a été attiré vers le soleil. On peut facilement observer cela dans des contrées tropicales, où l’on allume des feux à l'extérieur.
En un pôle de notre être, nous sommes indépendants, dans l'autre, l'homme dépend de tous les autres êtres, il est dépendant. Depuis le roi jusqu'au miséreux, il en est ainsi. Et tout malheur dans la vie vient de là, que nous ne sommes pas indépendants.
Si nous observons avec soin, nous constaterons que dans les vingt-quatre heures, il y a un moment où nous sommes absents, où nous ne savons pas où nous sommes, ni ce que nous sommes. En cela réside le mystère entier de la vie, bien que cela semble très simple. C'est l'état où la Conscience est inconsciente de tout, sauf de sa propre existence. Dans les Écritures Hindoues, cet état de conscience est appelé "Mukti", liberté. C'est un état très élevé. Dans l'Islam, on l'appelle "Najat", libération. Les mystiques font consciemment l'expérience de cet état; l'être ordinaire en fait l'expérience dans le sommeil profond, lorsqu'il ne sait pas où il est, ni ce qu'il est.
La Conscience n'est pas consciente d'elle-même, parce que nous ne lui avons pas donné l'habitude d'être consciente d'elle-même; nous lui avons toujours donné l'habitude d'être consciente d'autres choses. Le désir de la Conscience est de vivre. C'est à cause de ce désir qu'un homme fait tout ce qu'il fait. L'âme se souvient de son état originel d'où elle est venue, et elle souhaite faire l'expérience du monde, mais elle languit aussi d'y retourner, de revenir à ce calme et à cette tranquillité. Il y a cette nostalgie dans toutes les âmes, et dans les animaux, dans les plantes et les pierres. Si vous demandez à un artiste, à un peintre, pourquoi il travaille, pourquoi il fait tout cela, il dira que c'est pour la beauté, pour l'art, ou pour gagner de l'argent, mais, derrière tout cela, il y a le désir de la vie. L'âme veut toujours être vivante. Personne ne veut être mort, et si quelqu'un dit: "Je voudrais être mort", ou: "Je voudrais n'avoir jamais connu la vie", c'est dit sous l'empire d'une émotion qui l'a saisi, ou bien dans un accès de colère ou de dépression. Ou bien l'âme qui se sent captive dans le mental et le corps peut souhaiter briser ces barreaux et exister comme elle existait auparavant, sans qu'elle sache ni où ni comment, quelque part, de quelque manière.
Tout ce qui est né, construit, a poussé ou a été fait, doit un jour ou l'autre être détruit. Quand l'âme perd ce qu'elle a pensé être sa vie, son corps physique, c'est le plus grand des désappointements.
Quand, en Orient, les saints et les sages vont dans la jungle et les cavernes des montagnes, laissant tout derrière eux, pensez-vous qu'ils le fassent pour acquérir un grand pouvoir psychique ou un grand pouvoir occulte? Pas du tout. Cela ne vaudrait pas la peine de renoncer à tant de choses pour cela. Ils le font pour cette liberté, la liberté de l'âme.
Quand quelqu'un a gagné cette liberté et a réalisé ce qui est réellement important, alors tous les tracas de la vie deviennent sans importance. Alors la peur de la mort s'en est allée avec toute ignorance. Une personne qui ne sait pas nager a peur de la mer; les vagues la terrifient. Mais le nageur n'a pas peur; il nage dans la mer, et plonge, comme il lui plaît.
La joie et la peine sont les deux extrémités d'une même tige. Il n'existe rien comme la tristesse ou la joie. C'est seulement de ne voir qu'une seule extrémité de la tige qui donne à l'homme cette illusion.
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