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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


La continuité de la vie
(1° partie)

Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

La vie telle que nous la comprenons dans notre existence quotidienne est quelque chose de très différent de ce qu'est la vie en réalité. La partie de la vie que nous reconnaissons comme vie est cette partie qui est sujette au changement, et ce que nous appelons la mort n'est rien qu'un changement. Tout ce qui existe, existe et est au-dessus de la destruction. En d'autres termes, non seulement les êtres vivants, mais même les objets ne sont en réalité pas sujets à la destruction, mais seulement au changement. Nous appelons cela destruction parce que, passer d'une forme à une autre forme est un changement et que nous ne voyons pas la continuité entre une forme se changeant en une autre forme. Par conséquent l'intervalle entre une chose et l'autre, cet intervalle nous fait penser qu'une chose est finie et que l'autre est autre chose. Par exemple, nous reconnaissons un arbre quand il est sous sa forme originelle. Quand il est sec et que son bois est coupé et mis en pièces nous n'appelons plus ce bois sec un arbre, mais c'est la même chose qui continue. Peut être que sous la forme de l'arbre il y a une forme de vie que nous acceptons comme quelque chose de vivant. Sous une autre forme de vie la partie bois existe quand même, mais c'est quelque chose qui vit encore. Si la vie en était partie, le bois de santal ne pourrait pas être odorant, ne pourrait pas avoir d'effet. Il a montré qu'il a passé par un changement, que ce n'est plus un arbre mais qu'il vit comme bois de santal. La même qualité était peut-être plus riche comme arbre, mais une fois séché il est devenu plus odorant. Pourtant il semble sec, c'est une chose différente.

 

Ce processus par lequel il est passé, nous ne l'avons pas remarqué. Ce que nous voyons est la discontinuité entre l'arbre santal et le morceau de bois de santal. Ce que nous voyons ce sont ces deux choses. Et ainsi nous ne reconnaissons pas ce qui échappe à nos yeux, cette continuité. Nous l'appelons destruction, nous l'appelons mort. Mais il n'y a pas un seul objet qui puisse jamais être détruit, il est seulement changé d'une chose en une autre. Quand la neige disparaît il y a l'eau, et quand il n'y a plus d'eau, elle s'est absorbée dans la terre. Quand le feu a disparu il y a la fumée. L'eau a disparu mais il y a la vapeur, elle n'est pas partie, elle réapparaît, elle a seulement disparu pour un peu de temps. Quand nous n'en voyons pas la continuité, nous disons: "C'est parti". A cause de la discontinuité nous ne faisons pas la relation d'une chose à l'autre. Celle-ci est un défaut de notre vision.

 

Il n'y a pas au monde une personne intelligente qui ne se demande pas à un moment ou à l'autre si cette vie doit continuer. Il n'y a pas une seule personne douée de sensibilisé qui reste jamais sans avoir le sentiment que la mort est une chose terrible: un jour, il nous faudra partir. Toute personne réfléchie, à un moment ou à un autre, y pense, et la première impression qu'elle a est la peur de mourir, parce que pour la vie il n'est pas naturel de mourir, il n'est pas naturel d'être non-existant, de ne pas exister. Vous pourrez voir cela même chez les plus petits insectes, larves et vers. Ils évitent votre toucher, ils se sauvent de vous, protégeant leur vie; ils sont aussi désireux de vivre que des êtres humains. Leur vie peut être de quelques heures ou de quelques jours, mais ils veulent vivre, ils essaieront de vivre, leur effort est de protéger leur vie et de continuer à vivre.

 

D'ailleurs, l'homme est pris par diverses occupations et s'absorbe en elles, mais la chose principale dans ses occupations est la lutte pour la vie. si ce n'était pas pour elle bien des gens ne travailleraient pas du tout. Mais pour vivre ils doivent trimer dur et n'y peuvent rien; par conséquent cela les absorbe. Cependant, que l'homme y soit absorbé ou qu'il n'y pense pas ou qu'il y pense, à un moment ou à un autre il se demande très sérieusement si cette vie doit continuer ou non. Pour bien des gens matérialistes qui à certains moments semblent très heureux et satisfaits, il vient un moment où ils commencent à s'interroger. Et à mesure qu'ils voient la mort s'approcher davantage ils se demandent s'il y a quelque chose à espérer, s'il y a quelqu'expérience à attendre. Ils peuvent ne pas croire en l'âme et en l'au-delà, mais en même temps ils sont assoiffés de quelque preuve, de quelque signe, qui leur permette de croire qu'il y a quelque chose après la mort.

 

J'ai très souvent discuté avec des scientifiques matérialistes qui sont très fièrement enclins à douter de l'au-delà. Ils ne croient pas ce qui n'est pas prouvé. C'est la fierté de leur principe: "Nous ne croirons en rien qui ne se prouve pas comme réel". Néanmoins, sous cette fierté il y a un désir profond de trouver quelque part quelque preuve qui puisse donner un espoir que la vie ne se terminera pas après peu d'années, mais qu'elle continuera, que l'existence continuera. L'homme qui n'a aucun espoir d'exister après la mort n'est aucunement satisfait, il ne peut pas être satisfait. Il semble qu'il y ait un mur derrière lequel il ne peut pas voir ni connaître ce qu'il y a. Il ne veut pas réellement croire qu'il n'y a rien après la mort. Pourtant, comme il n'existe pas de preuve, il ne veut pas se rendre à la croyance de la majorité suivant laquelle il y a un au-delà.

 

Quand le Bouddha s'en alla à la recherche de la vérité, y pensant, la chose principale qui préoccupait son esprit était de soulager l'homme de cette grande anxiété qui lui vient quand il songe à ce jour où il devra quitter ce lieu où il a éprouvé les joies et les peines. Aussi remplie de richesse ou de pauvreté que sa vie ait été, en dépit des difficultés et des souffrances qu'il a eues, il veut avoir encore plus d'expériences, exister plus longtemps. On ne désire pas que cette vie finisse.

 

J'ai connu un scientifique qui parla à sa femme le jour où il fut sur son lit de mort. Il lui demanda: "Penses-tu vraiment qu'il ait quelque chose comme l'âme et l'au-delà? Je ne peux pas y croire". Et il le lui répétait, il voulait en parler parce qu'il était sur son lit de mort attendant ce moment où il cesserait d'exister. "S'il y avait réellement quelque chose, quelle preuve en aurais-tu - lui demandait-il - As-tu une preuve?" Elle répondit: "Je n'ai pas besoin de preuve, je le crois, je sens qu'il en est ainsi" - "Comme c'est extraordinaire! J'aimerais pouvoir le sentir comme toi". Et cet homme à la fin lui dit: "Hé bien, quoique je ne puisse pas croire à l'âme et à l'au-delà, je suis heureux que tu y croies. Au moins j'ai un peu d'espoir en cette croyance à laquelle tu crois". Il garda sa croyance mais en même temps il s'accrocha à la fin à celle qu'elle avait. Mais sa croyance à elle n'était pas une découverte scientifique. Ce qui la fortifiait était sa croyance intuitive. C'était sa protection.

 

Bouddha se consacra pendant toute sa vie à voir plus clairement ce problème. C'est pourquoi son enseignement est plus scientifique et plus logique que beaucoup d'autres dogmes que maintiennent les gens de religion. Il n'enseigna pas: "Il y a une âme". Cela ne signifie pas qu'il ne croyait pas. Il avait la même tendance que le scientifique d'aujourd'hui, il ne voulait pas admettre ce qu'il ne voyait pas. Le Bouddha n'a pas prêché l'au-delà de la même manière que le font les autres; le Bouddha n'a pas enseigné l'idéal de Dieu de la même manière que les autres. Il mit les choses sous une forme scientifique, logique et le vrai Bouddhisme est une manière scientifique, logique et psychologique de considérer la vie. Il voulait d'abord que chaque homme se prouve à lui-même qu'il y a une continuité de la vie et qu'il soit libéré de l'anxiété de penser: "Il viendra un jour où je n'existerai plus". Le Bouddha ne voulait pas donner comme conception intellectuelle ce que l'intellect ne peut pas toucher. On n'y doit pas employer l'intellect, il ne peut pas atteindre cela. C'est ce que le scientifique fait aujourd'hui; il veut savoir, mais intellectuellement. Mais l'intellect ne peut pas toucher cela.

 

On peut alors demander comment on peut le savoir. En premier lieu, la conception que l'on se fait du mental est mal formée. Le mental est beaucoup plus large que la conception que les scientifiques s'en font. Ils pensent que le mental est quelque chose qui se trouve dans le cerveau, qu'il y a des atomes ténus qui sont impressionnés par les images que l'on a vues et qui suscitent une pensée. Ce qui signifie qu'après la mort du cerveau le mental mourrait. Quand nous considérons cela d'un point de vue physique, le mental s'exprime à travers le cerveau. Le cerveau rend le mental clair pour les sens. Le corps est le moyen même du mental pour exprimer à soi et aux autres les contenus du mental.

 

L'autre jour une personne cultivée me demanda si l'esprit était à l'intérieur des nerfs. J'ai répondu que si l'esprit était assez mince pour se trouver à l'intérieur des nerfs je ne l'appellerais pas esprit. Mais l'esprit est au-dedans de toutes choses et au-dehors de toutes choses. L'esprit n'est pas enclos dans le corps. Il est aussi bien au-dedans du corps, mais il n'est pas emprisonné dans le corps. De la même manière que la lumière n'est pas emprisonnée dans la lampe, mais la lumière brille en-dehors de la lampe autant qu'au-dedans. De la même manière, l'esprit est au-dedans et au-dehors. L'esprit étant mis à part, le mental est aussi bien au-dedans qu'au-dehors du corps. Le mental est tout-à-fait comme la lumière. Si le mental était si petit qu'il puisse être enfermé dans le cerveau, ce serait une très petite chose, il serait moins important que le corps. Ce n'est pas le corps qui est l'homme véritable. L'homme véritable est le mental. L'homme (man dans le texte anglais) vient du mot sanscrit manas qui veut dire mental. En d'autres termes les Anciens considéraient le mental comme étant l'homme, non pas le corps. Parce qu'aujourd'hui l'homme comprend que le mental est enfermé dans le cerveau, il considère le corps comme la totalité de ce que l'homme possède, il s'identifie au corps au lieu de s'identifier au mental. Il ne voit pas que le mental est indépendant du corps. C'est de là que vient la difficulté de comprendre la continuité de la vie, parce que l'homme limite la vie à la forme de vie qui est la plus limitée. Le mental n'est pas aussi limité que le corps. Par exemple, quelqu'un qui est handicapé, sourd ou aveugle ou sans mains ni pieds, est capable de penser, d'imaginer, de ressentir le chagrin, de posséder du pouvoir, il sent les choses, il peut être inventeur, grand savant.

 

Cela montre que le mental est indépendant du corps. Il y a une relation entre les deux; si le mental est dépendant du corps, l'inspiration est aussi limitée. En réalité le mental est indépendant du corps. Aussitôt que l'on a saisi cela, l'on commence à voir qu'on ne vit pas dans le corps , mais qu'on vit dans le mental. Même quand le corps se repose lorsque l'homme est endormi, le mental travaille et ce que nous appelons le rêve est une action du mental. "Mais - dira-t-on - est-ce que le cerveau ne travaille pas dans le rêve?" Oui, quelquefois, ou souvent, le cerveau est le moyen par lequel nous nous rendons plus clair ce qui se passe dans le mental, mais le mental n'est pas emprisonné dans le cerveau. Vous constaterez que bien des gens dont les facultés intuitives sont développées voient dans leur rêve ce qui se passe dans un autre pays, ou ce qui va se produire, ou ce qui est du passé. Est-ce le cerveau qui est sorti du corps et a été voir? C'est le mental indépendamment du cerveau. Le cerveau ne peut pas sortir de la tête et s'en aller dans un autre pays pour voir ce qui s'y est passé.

 

Pendant la guerre, combien de mères, le jour où leur fils a été blessé, le savaient! Elles ont réellement vu leur fils dans cette situation. Le télégramme fut envoyé après. Combien d'épouses virent les tortures par lesquels les soldats passèrent au cours de la guerre! Bien des personnes bonnes et sympathisantes, douées d'un coeur tendre et de bons sentiments sont ouvertes à ces impressions qui arrivent. Ce n'est pas le travail du cerveau, c'est le travail du mental.

 

Si l'homme réel est le mental, alors après la mort du corps le mental de l'homme ne meurt pas; tout juste comme après que le corps soit endormi le mental continue à fonctionner. Mais l'on dira: "Est-ce que le mental peut vivre indépendamment du corps? Est-ce que le mental peut fonctionner indépendamment du cerveau?" La réponse est que oui. Vous répondrez qu'alors cette vie est sans intérêt. Mais vous ne savez pas que la situation est différente. Si un Eskimo devait mettre un autre vêtement dans une contrée tropicale, en Inde, il ne devrait pas s'en tourmenter; dans une contrée tropicale il pourra marcher avec le vêtement de cette contrée. Qu'est-ce que le corps physique? C'est un vêtement que l'esprit a mis sur lui. Quand le vêtement est usé, cela ne veut pas dire que l'esprit est mort. Mais puisque l'homme s'identifie avec le vêtement, je veux dire avec le corps physique, il ne peut pas se voir sous une forme différente de celle avec laquelle il se confond: un corps physique. Peut-être qu'intellectuellement il conçoit différemment les choses, pourtant il dépend du corps physique pour croire qu'il est vivant. En l'absence du corps physique, il ne peut pas croire qu'il vit; il ne connaît pas de vie sans corps physique. Pourtant, si on envoyait l'Eskimo dans un pays tropical, il serait très content d'adopter le vêtement de ce pays et de se débarrasser de son vêtement d'Eskimo.

 

A mesure qu'une âme approche de sa source, elle doit abandonner tout ce qui appartient à l'endroit ou elle vivait d'abord, parce que la vie de l'homme est telle que dans chaque plan où l'âme vient vivre elle emprunte un vêtement à ce plan pour y vivre. Par conséquent l'âme connaît sa vie d'après le vêtement qu'elle a endossé et dans lequel elle a vécu, et elle oublie son identité, parce qu'elle connaît ce vêtement, elle voit ce vêtement. Et la condition est telle qu'aussitôt que l'âme doit aller vers un autre plan d'existence, elle doit rejeter le vêtement qui appartient au plan d'existence précédent. L'âme ne devient pas du tout moindre, c'est la même âme. Le travail de ses sens est le même que quand elle était dans l'autre pays, elle est capable d'accomplir davantage, de percevoir d'avantage; elle a une plus grande liberté, parce que le vêtement du monde inférieur la rend plus limitée que ne le fait le vêtement du monde plus élevé. Plus haut monte l'âme, plus indépendante elle devient; plus bas elle va, plus elle est dépendante.

 

L'image du Christ sur la croix, les mains et les pieds cloués, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que l'âme, qui était indépendante, qui était libre d'agir librement, de se déplacer librement, est devenue crucifiée sur ce plan physique, mains et pieds cloués. Tel est le sens symbolique du Christ sur la croix. Chacun doit passer par cela, plus ou moins. Plus l'âme est éveillée, plus elle est dans cette situation. Moins l'âme est éveillée, moins elle est consciente de ce secret qui est l'image de la limitation de l'âme. L'âme est aussi impuissante sur ce plan, aussi emprisonnée et limitée, qu'elle est libre par nature. En d'autres termes elle est un roi exilé de son royaume.

 

Naturellement, à mesure que l'âme progresse vers son but, sa liberté devient plus grande, sa joie devient plus grande, elle devient plus capable de faire des choses. Il y a une phrase d'un amant: "Je T'atteins avant que mes pieds ne puissent atteindre Ta demeure, et je Te vois avant que mes yeux ne puissent atteindre Tes sphères". Que cela veut-il dire? Cela veut dire que l'âme s'identifie en tant qu'esprit et dit: "Je peux voir plus loin que mes yeux ne peuvent voir, je peux aller plus loin que mes pieds ne peuvent atteindre".

 

Toute la limitation que l'on éprouve appartient au monde physique, et sur le monde physique on peut faire l'expérience de la vie de l'âme en vivant dans le coeur. Un coeur éveillé peut faire jusqu'à un certain point l'expérience de la même vie que l'on vit dans l'au-delà. Celui qui peut voir, sans ses yeux, davantage que les yeux ne peuvent voir, qui peut entendre sans oreilles, qui peut jouir davantage que les sens ne permettent de jouir, celui-là commence à faire ici l'expérience de ce qui est dans l'au-delà. Il vit sa vie d'une manière plus vive et plus librement; son expérience est plus profonde que l'expérience obtenue par les sens.

 

Néanmoins la question demeure de savoir si nous devons exister dans l'au-delà sans ce corps? Beaucoup penseront: "Si nous existons avec le mental, avec le coeur, pourtant nous ne serons pas les mêmes. C'est très triste". Mais ce n'est pas triste. C'est seulement triste quand nous le regardons de cette façon, quand nous nous identifions avec le corps. Mais plus nous pouvons faire l'expérience de la vie indépendamment des sens, plus nous pouvons penser et savoir que nous y avons notre être aussi complet qu'il l'est ici. et qu'il est même encore plus complet car, après avoir été ici, toute l'expérience gagnée ici nous rend plus complets. Mais on pourrait demander: "Est-ce qu'on a là-bas des yeux pour voir, des oreilles pour entendre? Est-ce qu'il y a le même magnétisme grâce auquel nous pouvons sentir une individualité, ou est-ce que cela devient le Nirvana, c'est-à-dire rien?". Beaucoup sont effrayés par le mot Nirvana, mais cela ne veut pas dire qu'immédiatement après être passé de ce monde l'on a besoin d'entrer dans le Nirvana. Tous peuvent atteindre le Nirvana ici-bas dans leur vie physique. On n'a pas besoin de sortir de son individualité. On est une individualité. Ainsi Bouddha fit l'expérience du Nirvana vivant encore sur la terre. Ainsi Jésus-Christ, les prophètes et les maîtres atteignirent le Nirvana pendant que leur corps était ici. On les a reconnus comme des entités distinctes; ils n'étaient pas dans les nuages ou dans un brouillard. On n'a pas besoin de devenir rien. Rien ne deviendra rien.

 

Mais on demandera alors s'il y a une fin quelconque à l'au-delà ou bien s'il continue toujours? Ma réponse est que la vie et la mort ne sont pas telles que nous les reconnaissons sur la terre. Il y a naissance et mort à chaque heure du jour. A chaque minute il y a la souffrance dans laquelle nous entrons et par laquelle nous passons - et nous ne le savons pas. Cette vie est une telle ivresse pour nombre de gens, ils sont si absorbés en elle qu'ils ne connaissent pas les milliers de naissances et de morts par lesquelles ils passent. Un observateur pénétrant de la vie voit que chaque moment est une naissance et chaque moment est une mort. Celui qui vit d'une vie plus profonde et voit la vie plus à fond saura combien de fois il est mort et il est né. A un moment nous perdons courage, à un autre moment nous nous sentons déçus ou pleins d'enthousiasme; à un moment nous élevons la voix, à un autre moment nous sommes rendus muets, tout espoir et tout enthousiasme disparus. Qu'est-ce que tout cela? Et puis il y a le changement d'expériences dans la vie, des élans et des chutes, des succès et des échecs. Et puis il y a les émotions, les affaires de coeur, les espoirs conçus, les sentiments encouragés et détruits par les conditions, par les gens. Si nous passons par toutes ces naissances et morts et continuons à vivre, sans nul doute nous continuerons à vivre. Et la vie de l'autre corps est comparativement beaucoup plus longue que la vie du corps ici à cause de sa limitation.

 

Si je dis que la vie de la neige est plus courte que la vie de l'eau on ne le mettra pas en doute. Ce qui est devenu neige pour un certain temps tourne en eau. De même la vie dans l'au-delà est la vie réelle, elle est comme l'eau, et la vie ici est comme la neige. On a fait l'expérience de la vie qui est comme la neige et l'on pense: "Quand est-ce que la neige finira?" Mais la neige deviendra de l'eau et deviendra la même que ce qu'elle était auparavant. Si l'on demande: "Est-ce que la vie de l'eau dure plus longtemps?", on répondra oui, plus longue que la neige, c'est de l'eau. Puis très souvent les gens demandent: "Mais quelle sera la fin?"; ils ne savent pas qu'ils demandent quelle sera la fin d'une chose qui n'a pas de commencement. La fin appartient à quelque chose qui commence. Quelque chose qui n'a jamais commencé ne finira jamais. Nous appelons mort du corps quelque chose qui est un changement. Mais nous savons qu'il n'y a pas de fin parce qu'il n'y a pas de commencement. La vie n'a jamais commencé et ne finira jamais. C'est la conception de l'éternité et en même temps c'est s'élever au-dessus de la conception parce que notre connaissance est limitée: elle est faite de conceptions et si nous nous élevons au-dessus de la conception nous nous élevons à cette connaissance qui se tient au-dessus. C'est la connaissance de l'éternité.

 

Comment peut-on partager cette connaissance? Ma réponse est que vous pouvez atteindre la connaissance en regardant la vie devant vous. Mais par une méthode fausse on apprend une chose fausse, on obtient une connaissance erronée. Si quelqu'un veut regarder la lune, il ne doit pas regarder par terre, mais dans le ciel. Si on veut atteindre la connaissance spirituelle, on ne doit pas la chercher grâce au même savoir intellectuel que pour apprendre l'histoire ou la grammaire. C'est là où les gens font une erreur, spécialement ceux qui essaient d'atteindre le savoir spirituel par une voie intellectuelle. Ils regardent par terre pour voir la lune. Mais on voit la lune dans le ciel, il est nécessaire pour cela de lever la tête et de regarder dans le ciel.

 

Pour atteindre la connaissance spirituelle on doit fermer les yeux au monde extérieur et laisser la vue voir la vie intérieure. Mais on dira: "Il n'y a rien à voir. J'ai fermé mille fois les yeux à l'église. Je m'y suis assis longtemps" Je dis: vous n'avez pas été assez patient. Il s'agit de fermer le mental à l'activité. Si le mental est actif pendant que les yeux sont fermés, il n'y a pas de concentration. On atteint la connaissance spirituelle en fermant les yeux et le mental en même temps. Dans l'imagerie orientale ils appellent cela plonger dans les profondeurs du coeur. Pour obtenir des perles spirituelles on doit plonger profondément en soi-même. Toutes les concentrations et méditations sont enseignées comme un processus, comme une manière pour atteindre cette expérience, pour arriver à toucher le moi le plus profond. Et le bénéfice que l'on en obtient est supérieur à ce que les mots ne peuvent dire. L'inspiration, le pouvoir, le courage, la joie, la puissance, la guidance, tout arrive une fois qu'une personne a compris et pratiqué la manière de plonger profondément en elle-même.

 

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L'espoir

 

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