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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


L'idée de la venue d'un Messie
La vie mystique du prophète Mohammed
Faits et traditions concernant Mohammed et sa religion, souvent mal compris

Chapitre 5
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

"Mohammed n'est le père d'aucun d'entre vous,
"Mais il est l'apôtre d'Allah,
"Et le sceau des prophètes;
"Et Allah connaît toutes choses"

 (Coran, Sourate XXXIII, 40)

 

Pourquoi ne pourrait-on espérer la venue d'un autre prophète, si Dieu est le même, si sa lumière est la même que dans le passé? Ceci est la question qui vient immédiatement à un esprit qui s'interroge.

 

La raison n'en est autre que celle-ci: s'il n'existe qu'un seul homme riche dans toute une ville, c'est lui le maître; s'il n'existe qu'un homme puissant dans un village, c'est lui le chef. Mais s'il en existe dix, le pouvoir est alors aux mains de la multitude.

 

Dans le passé, le roi était adoré comme un dieu, mais ceci n'est plus le cas aujourd'hui. L'autocratie est de jour en jour supplantée par la démocratie. Il n'est pas nécessaire d'avoir un médiateur entre l'homme et Dieu - particulièrement à une époque où non seulement l'homme mais aussi la femme veulent gouverner eux-mêmes toutes leurs affaires sans dépendre de qui que ce soit ou sans interférence de quiconque. Et chaque race et chaque classe sociale relève la tête et cherche à paraître au même niveau que les plus grands.

 

La lumière de la guidance a existé de tous temps et ceux qui ont été dans son courant ont été aussi grands qu'un Maître peut l'être. "Certains d'entre nous seront aussi grands que les prophètes de Beni Israël", a dit le Prophète.

 

Nombreux furent ceux qui, depuis l'annonce du Message final et malgré la proclamation démocratique de Mohammed, ont souhaité se faire passer pour un messie, un guide de l'humanité, une incarnation de Dieu. Plusieurs ont utilisé ce moyen de notoriété, espérant ainsi mettre leur communauté ou leur religion en valeur à la face du monde, mais jusqu'à présent aucun n'a réussi. Il est absurde d'espérer un seul instant que, au point où en est le monde aujourd'hui avec toutes les différences et les rivalités nationales, sociales et religieuses, le monde s'abandonnera en confiance à un seul maître et le considérera comme le messager divin. D'abord les scientifiques le mettront à l'épreuve, les historiens argumenteront, ensuite il devra vaincre les entités politiques qui défendent chacune leurs propres intérêts, ensuite - et pire que tout - il devra faire face aux grandes puissances qui s'en tiennent à leur propre loi, chacune pour gouverner sa partie du monde. C'est aussi impossible que d'imaginer qu'un roi surgira dans le monde moderne devant lequel toute la génération actuelle s'inclinera et se prosternera comme les peuples de Khusrau se prosternèrent devant lui.

 

C'est la nature de toutes choses, et particulièrement celle de la lumière, de fuser par le canal étroit de son point de départ pour se disperser ensuite progressivement jusqu'à devenir un courant indistinct, en d'autres mots, de devenir une lumière qui se diffuse partout, comme le suggère l'image de la colombe. L'aspect final du message doit montrer le kamal, la période de la perfection de la vie du monde et son éducation spirituelle.

 

On se demandera alors si telle est l'évolution spirituelle du monde d'aujourd'hui. A cela on peut répondre ceci: l'éducation d'un enfant consiste à lui promettre des récompenses pour son assiduité et des punitions pour sa négligence. Lorsque ce temps est révolu et que l'enfant a grandi, il n'a plus besoin de parents ou de tuteurs pour diriger les choses de sa vie, il est responsable de ses propres actes. Il en est de même à présent pour le monde après le message final de l'amour divin. On pourrait penser: quelle sorte d'évolution est-ce donc, quand jusqu'à nos jours l'homme tue son frère sans pitié, quand tant de sang est répandu, quand l'égoïsme aveugle submerge l'ensemble de l'humanité?

 

On peut le comprendre ainsi: que se passe-t-il lorsque les parents donnent à leur enfant toute l'éducation nécessaire, et que, malgré cela, l'enfant se plaît dans des chimères aveugles et cause ainsi sa perte de ses propres mains? Les parents ne sont pas responsables et il ne se trouvera pas d'autres parents pour l'éduquer une nouvelle fois. C'est le temps où, si l'éducation donnée par ses parents ne lui a fait aucun bien, il ne recevra plus d'autre éducation, si ce n'est de faire l'expérience de ses propres folies et de leurs conséquences désagréables.

 

Le message final donné par Mohammed fut donné à l'époque où la leçon du message divin à l'humanité était terminée. C'était une loi pour la multitude. Mais le message reçu à titre individuel ne cessera jamais. La question se pose alors: comment le message de Mohammed pourrait-il être le dernier, alors qu'une grande partie du monde n'a pas reconnu l'Islam? A cela on répondra: si la communauté formée par Mohammed pour l'évolution et l'amélioration de son peuple en Arabie n'a pas atteint le monde entier, si les forces qui ont présidé à la diffusion de l'Islam parmi les bons et les méchants n'ont pas conquis toutes les parties du monde, l'esprit de son message a sans conteste influencé toutes les religions du monde et a activé l'amélioration de toutes les nations du monde. L'idéal de l'Unité Divine qui était l'objet principal de son message a inspiré le monde, son influence étant reconnue dans certaines parties du monde et ignorée dans d'autres.

 

La lumière de la guidance continue de briller aussi fort qu'avant et il en sera toujours ainsi. S'il ne doit plus y avoir de monarchies héréditaires dans les démocraties, il y aura encore des présidents élus par le peuple, et s'il ne doit plus y avoir de prophètes investis de l'autorité divine, il y aura encore des réformateurs dont l'autorité sera reconnue par l'homme.

 

(London, 1919)

 

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