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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LA MALADIE, LA CROYANCE ET LA FOI
La Santé
Chapitre 12
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

 Une vie régulière, un régime simple, un bon sommeil, un équilibre entre activité et repos, et une respiration correcte, tout cela concourt à la santé de l'individu; mais le meilleur remède pour se guérir de toutes maladies et infirmités du mental est unique, et c'est la croyance. Beaucoup pensent qu'ils croient, mais combien peu nombreux sont ceux qui croient vraiment. La croyance de la plupart est comme celle de quelqu'un qui me disait: «Je crois, puisse Dieu renforcer ma croyance.» C'est une affirmation qui n'a pas de sens. Si une personne dit: «Je crois», cela ne veut pas dire qu'elle croit, car c'est la croyance qui, dans sa perfection, devient foi. Et que dit le Christ à propos de la foi? Il dit: «La foi déplace les montagnes.» Sans doute le prêtre parle-t-il de «foi en l’Eglise», le pasteur «de foi dans le Livre»; mais cela n'est pas le sens réel de la foi. La foi est l’aboutissement de la croyance, et si la foi a atteint un certain degré, elle grandira comme une plante. Quand la croyance est complète, elle devient foi. La guérison provient de la foi dans tous les cas, qu'elle soit une guérison subite ou quels que soient la nature et le caractère de celle ci, c'est cela qui compte. La foi hâte la fin de la maladie; plus la foi est grande, plus rapide sera le moment de la guérison. Sans la foi, même la médecine ne peut aider. Aucun traitement ne peut donner de bons résultats si la foi vient à manquer. La foi est le premier remède. Toutes nos déceptions, nos difficultés dans la vie ont comme cause notre manque de foi. La maladie veut dire manque de foi. Au-delà et par-dessus toutes autres formes d'apparence, la maladie est le signe du manque de foi; et si l'on avait la foi, à coup sûr la maladie n'aurait plus sa place. Mais la maladie prend la place de la foi. L'on ne peut pas refuser de croire ce que l'on croit. La maladie devient notre croyance, de là vient la difficulté. Quand une personne dit: «Je me bats contre ma maladie», cela veut dire: «Mon imagination combat ma croyance.» Elle affirme: «Je combats ma maladie», cela revient au même que d'installer la maladie en soi. Elle se bat contre quelque chose, tout en affirmant son existence. Dès lors, la première place dans sa croyance est donnée à la maladie, et la seconde place dans sa croyance, elle la donne à l'imagination qu'elle l'a guérie. Ainsi le pouvoir avec lequel elle désire se débarrasser de sa maladie est beaucoup plus petit que le pouvoir qu'a déjà acquis la maladie en elle. Elle se bat contre quelque chose tout en affirmant son existence.

 

Il y a des gens qui pensent qu'ils ne tomberont jamais dans l'erreur de croire quelque chose qui n'a aucune preuve, et ils pensent que cela est très intelligent. Et quand nous cherchons dans le monde des certitudes, nous trouvons un voile d'illusion couvrant un autre. Et ainsi l'on peut continuer, explorant les profondeurs de la vie, d'une illusion à l'autre, sans jamais arriver à la réalisation de la vérité. Les évidences qui sont sujettes au changement comment pouvez-vous leur faire confiance? Par conséquent, s'il y a quelque chose sur lequel l'on puisse compter, c'est la croyance. Ce n'est pas l'évidence qui peut donner la croyance à quelqu'un; et si une évidence donnait la croyance, cette croyance ne durerait pas, car les évidences ne durent pas. La croyance qui se tient au-dessus des évidences est cette croyance qui, à la fin, aboutira à la foi. Ce sont des gens comme Bayazid, que beaucoup considéreraient comme étant «dans les nuages», qui démontrent dans leur vie ce que la croyance veut dire.

 

Bayazid allait en pèlerinage à la Mecque. Un derviche était assis à côté du chemin sur lequel il voyageait. Pensant qu'il était bon de rendre hommage à un homme spirituel, il vint s'asseoir près de ce derviche pour recevoir sa bénédiction. Le derviche lui demanda: «Où allez-vous?» Il répondit: «Je me rends à la Mecque.» «Pour affaire?» Bayazid s'étonna. «Non, pour un pèlerinage.» «Pour un pèlerinage?» «Que font-ils dans ce pèlerinage?» Bayazid lui répondit: «Ils marchent autour de la pierre sainte de la Ka'ba.» Le derviche dit: «Vous n'avez pas besoin d'aller si loin pour ce pèlerinage. Si vous tournez en rond autour de moi et vous en retournez, votre pèlerinage sera accompli.» Bayazid lui dit: «Oui, je le crois.» Il tourna autour de l'homme, revint chez lui; et quand on lui demanda: «Avez-vous fait un pèlerinage à la Ka’Ba?» «Oui» répondit-il, «J'ai fait un pèlerinage à une Ka’Ba vivante.»

 

La croyance n'est pas imagination, la croyance est un miracle en soi, car la croyance est créatrice. Par exemple, quelqu'un croit à coup sûr que tant de centimes lui permettent de se procurer un franc, et tout le monde le croira, car c'est une évidence. Il n'a pas à aller loin pour en avoir la preuve. Il lui suffit d'aller à la banque et ainsi de le constater. Mais la croyance est difficile en l’absence d’évidence. C'est comme si on construisait un château dans l'air, mais alors ce château devient le Paradis. Si l'on croyait ce qui n'existe pas, la croyance le rendrait existant. S’il y a une situation dont on croit qu'elle existe, et que cette condition n'existe pas, elle sera créée. La différence entre le mental d'un croyant et le mental de l'incroyant est celle-ci, que le mental du croyant est comme une torche et que le mental de l'incroyant est comme une lumière qui est recouverte par quelque chose qui ne diffuse pas sa lumière.

 

Très souvent, l'homme a peur de perdre le bon sens. Il préférerait plutôt être un homme ordinaire que de devenir extraordinaire. Il a peur de se perdre lui-même, mais il ne sait pas que se perdre lui-même signifie se trouver. Quelqu'un dira: «Penser à de telles choses est comme s’agiter dans l'air.» Mais si nous n’étions pas dans l’air, que deviendrions-nous ? L'air est la substance dont nous vivons, plus importante pour nous que la nourriture que nous mangeons et que l'eau que nous buvons. La croyance, donc, est la nourriture du croyant, c'est l'aliment de sa foi. C'est la croyance qui le fait vivre, non la nourriture, ni l'eau.

 

La foi est si sacrée qu'elle ne peut être donnée, elle doit être découverte à l'intérieur de soi; mais il n'y a personne au monde qui soit sans foi, elle est seulement dissimulée à l'individu. Et qu'est-ce qui la cache? Une sorte de façon de voir pessimiste envers la vie. Il y a des gens qui sont pessimistes de toute évidence, il y en a d'autres qui sont pessimistes inconsciemment, qui ne savent pas eux-mêmes qu'ils sont pessimistes. On peut combattre le monde entier, mais on ne peut pas se battre contre son propre moi, on ne peut pas détruire ses propres doutes; mais celui qui peut écarter ces nuages a accompli une grande chose dans ce monde.

 

Peut-on atteindre la foi par la persévérance dans la croyance? Les choses du Ciel ne peuvent être atteintes par la persévérance, elles sont la Grâce de Dieu. Il n’y a pas besoin de persévérance pour demander la Grâce de Dieu, pour croire en la Grâce de Dieu, et pour s’ouvrir à la Grâce de Dieu, pour lui faire confiance. C’est cela qui renforce la croyance jusqu'à ce qu'elle devienne foi. Tout ce qui appartient à la terre nous coûte plus ou moins, nous l'achetons; et il y a une seule chose qui ne coûte rien, parce que l'on ne pourrait jamais en payer le prix, c'est la grâce de Dieu. Nous ne pouvons payer pour l'obtenir sous aucune forme, d'aucune manière, ni par notre bonté, notre piété, nos grandes qualités, mérites ou vertus, ni par rien. De combien notre bonté peut-elle se prévaloir? La bonté de toute notre vie n'est rien de plus qu'une goutte d'eau par rapport à la mer. En tant qu'êtres humains, nous sommes trop pauvres pour acheter la grâce de Dieu; elle nous est seulement donnée.

 

Car Dieu est amour. Qu'attendons-nous de l'amour? La grâce. La grâce de Dieu est l’amour de Dieu, l’amour de Dieu se manifestant par d'innombrables bénédictions, bénédictions qui nous sont connues et inconnues. Les êtres humains vivent sur terre dans leurs coquilles, la plupart du temps dans l'ignorance de tous les privilèges de la vie, et sans la moindre reconnaissance pour leur Donateur.

 

Pour voir la grâce de Dieu, on devrait ouvrir ses yeux, en élevant la tête au-dessus du petit monde que l'on s'est fait autour de soi, et ainsi voir en haut et en bas, à droite et à gauche, devant et derrière, la grâce de Dieu nous atteignant de partout en abondance. Si nous pouvions tenter de remercier, nous pourrions remercier pendant des milliers d'années et ce ne serait jamais suffisant. Mais quand l'on regarde dans sa propre petite coquille, on ne trouve pas la grâce de Dieu; ce que l'on trouve est souffrances, problèmes, difficultés, injustice, la sécheresse du cœur, la froideur du monde, tout étant laideur alentour. Parce que, quand quelqu'un regarde en bas, il voit de la boue, quand il regarde en l'air, il y a de belles étoiles et planètes. Cela dépend seulement de quel côté l'on regarde, vers le haut ou vers le bas. Quel est ce monde mortel? Quelle est cette existence physique? Quelle est cette vie de changements? Si l'on n'avait aucune croyance, à quoi cette vie servirait-elle? Quelque chose qui change, quelque chose qui n'est pas fiable, quelque chose qui est voué à la destruction. Dès lors, ce n'est pas seulement par égard pour la vérité, mais pour la vie elle-même, que l'on doit chercher la croyance en dedans de soi, la développer, la nourrir, lui permettre de grandir à chaque instant de sa vie, afin qu'elle puisse s'épanouir dans la foi. C’est cette foi qui est le mystère de la vie, le secret du salut.

 

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La Santé   La croyance et ses errances

 

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