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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


L'espoir
(2° partie)
Le privilège d'être humain
L'Art d'Être

Chapitre 42
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Il n'est pas de plus grande souillure que la souillure du désespoir. La faiblesse peut parfois provoquer le désespoir. Un malade pourra penser " Je suis si faible que je ne peux aller mieux ". Ou la faiblesse est due à l'âge; quelqu'un pensera: " Je suis vieux, il ne me reste pas grand-chose à accomplir ", et cela le rendra triste et découragé; il pourrait en réalité avoir la force de faire bien davantage, mais la perte de l'espoir le rend vieux. Un homme qui boit, ou qui joue, ou qui a un vice quelconque peut penser " Je suis trop faible, je ne peux en être guéri ".

 

A coté de la faiblesse physique et de la faiblesse du grand âge, une blessure du cœur peut aussi provoquer le désespoir. Ceci nous montre à quel point nous devons être attentif à ne pas blesser le cœur d'un autre et à ne pas permettre que notre cœur soit blessé. En Inde, nous sommes très attentifs à cela: "diljoy", ne pas blesser le cœur d'un autre, est le plus grand enseignement de la morale; ne pas blesser le cœur d'un parent, d'un ami, ni même le cœur d'un ennemi. Notre propre cœur doit également être protégé par des fortifications.

 

On raconte l'histoire d'un homme qui se rendit chez le shérif de La Mecque et lui dit que le chameau qu'il montait était en fait le sien et lui avait été volé. Le Shérif lui demanda s'il avait de témoins. Non, il n'en avait pas. "Mais - dit le Shérif - quelle preuve as-tu que ce chameau est vraiment le tien? Comment le reconnais-tu?". L'homme répondit: "Mon chameau a deux taches noires sur le cœur " – "Sur le cœur? dit le Shérif, comment le sais-tu?" L'homme répondit: "Les animaux sentent comme nous. Mon chameau, qui est une chamelle, a eu deux petits et par deux fois ils sont morts. A chaque fois, j'ai vu la chamelle lever les yeux au ciel et pousser un cri qui ressemblait à un soupir, un long, profond soupir, et ce fut tout. C'est ainsi que je sais qu'elle a deux taches noires sur le cœur". Le Shérif sortit deux pièces d'or et dit: "Reprends ton chameau ou prends le prix de ta découverte". Si le cœur d'un animal peut sentir à ce point, combien peut sentir le cœur de l'homme!

 

L'homme a été créé avec un cœur très sensible. Un poète a écrit, en hindoustani: "Le cœur de l'homme a été créé pour le sentiment. Pour la louange et l'adoration, les anges du Ciel sont légion. Le cœur de l'homme a une grande capacité de sentiment, il est très sensible au moindre coup. Nous devons être très prudents de ne pas le toucher sous peine de le blesser. Blesser le cœur d'un autre est le plus grand péché, faire plaisir au cœur d'un autre est la plus grande vertu. Celui qui a appris cette morale a appris toute la morale qui existe.

 

Si nous ne protégeons pas notre cœur du mal, nous pouvons être tués à tout moment. Le poète Amir dit: " Pourquoi ne m'as-tu pas tué avant de blesser mon cœur? Il aurait mieux valu ne tuer d'abord".

 

Nous devons voir ce qu'est le monde et ce qu'il peut donner. Nous devons donner et ne pas espérer obtenir autant que ce que nous donnons. Un coup en réponse à une bonté, une gifle en retour pour un bienfait, voilà ce que donne le monde. Nous ne devons pas attendre que le monde soit comme ce que l'on attend de nous. Si l'on nous fait un peu de bien, tant mieux. Sinon cela n'a pas d'importance. Le monde ne comprend pas de la façon dont nous comprenons. L'intérêt matériel rend les gens tellement aveugles que pour une question d'argent ou d'intérêt, ou le partage d'une terre ou d'une propriété, l'enfant, l'épouse, le parent ou l'ami le plus proche se retournera contre nous. Un poème sanscrit dit que lorsqu'une question d'argent survient, il n'est plus de père ni de frère qui tienne.

 

Nous devons nous fortifier le cœur afin de rester toujours égal, toujours clément, généreux, serviable. Lorsqu'une personne a compris cela, vient alors cet espoir intérieur qui réside dans chaque cœur, l'espoir d'une autre vie. Si l'on demande à qui que ce soit pourquoi l'homme doit travailler toute la journée sans pouvoir consacrer de temps à ce qu'il aime, si on lui demande pourquoi l'homme doit quitter ses parents pour partir travailler, pourquoi les amants doivent se séparer, la réponse est invariablement la même: " C'est la lutte pour la vie ". Si cette vie-ci a tant de prix, quelle doit être la valeur de cette autre vie! L'homme porte en lui l'espoir d'une autre vie, une vie immuable, immortelle et éternelle. C'est parce que notre conscience est tellement attachée au moi que nous ne sommes pas conscients de cette autre vie. Il est très préjudiciable que le moi extérieur de l'homme se tienne toujours en face de nous parce que c'est lui qui nous fait penser: " J'ai été offensé, j'ai été mal traité, j'ai été délaissé "; toujours "je", "je" et encore "je".

 

Un derviche avait coutume de dire: " Un couteau sur la gorge de man (l'homme en anglais). Man (prononcé "m-è-è-è-n"), en Hindi, signifie "je".A ceux qui lui demandaient ce qu'il voulait dire, le derviche répondait: “ Les chèvres et les moutons disent: mè-èn, mè-èn, mè-èn, pour cela je dis qu'on leur mette le couteau sous la gorge. Un homme qui dit "je" mérite d'être tué comme les chèvres et les moutons qui sont égorgés parce qu'ils disent "man".”

 

Lorsque ce "je" a été tué, lorsque la conscience de ce "je" est perdue, vient alors la conscience que dans toute l'existence, il n'y a que "JE" - pas "toi", pas "lui", pas "elle". L'illusion nous fait distinguer "toi", "lui", "elle", mais en réalité il n'y a que "je". Lorsque le moi extérieur est perdu, un parfum, une beauté, un magnétisme se dégagent de la personnalité. L'homme voit alors la manifestation de Dieu dans chaque être, et, devant chaque être il se prosterne. Les poèmes soufis parlent de la tyrannie du Bien-Aimé. C'est cela la tyrannie du Bien-Aimé, la confrontation avec la manifestation; c'est le stade de l'adoration. Il reste encore l'étape de la réalisation, de la fusion en Dieu, mais celle-ci est une étape ultérieure. L'étape de l'adoration vient en premier. Si un prêtre voit un insensé faire des choses folles, il dira avec autorité: " C'est un pécheur."". Mais le Soufi dit: " Je suis pire que lui, je n'ai pas le droit de le condamner. Je suis un adorateur, je dois voir en lui la manifestation de Dieu, je dois le vénérer, le révérer, le servir et accomplir ainsi le but de na vie ".

 

Aphorisme

 

J'espère toujours, l'espoir est ma plus grande force.
Je ne demande pas que mes espoirs soient comblés, car le combustible entretient le feu qui brûle.
Mes espoirs sont maintenus en vie dans ma foi.

 

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