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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


INDÉPENDANCE INDIFFÉRENCE
Le privilège d'être humain
L'Art d'Être

Chapitre 12
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Le bonheur dépend-il des conditions de la vie ou bien de notre vision de la vie? C'est une question que l'on pose souvent et à laquelle il est très difficile de répondre. Beaucoup de ceux qui ont quelques connaissances philosophiques diront que ce monde matériel est une illusion et que les conditions de la vie sont un rêve, mais bien peu parviendront à s'en convaincre. Connaître une chose en théorie n'est pas la pratiquer. Il est extrêmement difficile en ce monde de s'élever au-dessus de l'effet que les conditions produisent. Une seule chose peut nous y aider: changer notre conception de la vie et ceci peut se faire par un changement d'attitude.

 

Les Hindous appellent la vie en ce monde Samsàra: la vie est dépeinte comme en un brouillard. On pense, on parle, on agit et on ressent sans savoir vraiment pourquoi. Si l'on en connaît une des raisons, une autre raison se cache derrière celle-ci, que l'on ne connaît pas encore. Les conditions de la vie donnent très souvent le spectacle d'une captivité, il semble souvent que l'on doive marcher entre la noyade et le précipice. Pour s'élever au-dessus de ces conditions, il faut des ailes, deux ailes attachées à l'âme; l'une est l'indépendance, l'autre l'indifférence, et chacun ne les possède pas. L'indépendance exige de nombreux sacrifices avant de se sentir indépendant dans la vie. L'indifférence va à l'encontre de l'amour et de la sympathie qui font partie de notre nature. C'est comme si l'on s'arrachait le cœur avant de pouvoir pratiquer l'indifférence tout au long de la vie. Il est certain que lorsque l'âme est capable de déployer ses ailes, on voit les conditions de la vie de beaucoup plus loin; on se tient alors au-dessus de tout ce qui rend l'homme captif.

 

Il n'est pas de difficulté qui ne puisse tôt ou tard être surmontée. Mais lorsque l'on a accompli dans la vie quelque chose que l'on désirait, autre chose semble encore inachevé. Si l'homme va ainsi d'une chose à une autre, s'il réalise tout ce qu'il désire, les objets de désir se multiplieront et ses désirs n'auront jamais de fin. Plus il entreprend, plus il rencontre de difficultés. S'il se tient à l'écart du monde, son existence ici-bas sera sans objet. Plus la tâche est importante, plus elle sera difficile à accomplir. Ainsi un soir succède à chaque matin, et cela jusqu'à l'éternité.

 

C'est pourquoi le soufi doit avoir non seulement la patience d'endurer toutes choses, mais il doit aussi voir toutes choses d'un certain point de vue. Ceci peut le soulager de la difficulté et de la peine du moment. C'est bien souvent la vision qu'elle a des choses qui change toute la vie d'une personne. Cela peut changer l'enfer en ciel, le chagrin en joie. Lorsqu'on regarde les choses d'un certain point de vue, chaque piqûre d'épingle semble une épée qui transperce le cœur. Si on regarde cette même chose sous un autre angle, le cœur s'immunise et rien ne peut l'atteindre; tout ce qui est dirigé contre lui retombe comme une balle qui aurait manqué sa cible.

 

Que signifie marcher sur l'eau? L'eau symbolise la vie. L'un se noiera, un autre nagera, mais un autre encore marchera sur l'eau. Celui qui est sensible au point que chaque petite piqûre d'épingle le rende jour et nuit malheureux appartient à la première catégorie. Celui qui prend les coups et les rend ,et qui fait de la vie un jeu, est le nageur. Recevoir un coup ne le dérange pas car il prend plaisir à en rendre deux. Mais celui que rien ne peut atteindre est à la fois dans le monde et au-dessus du monde. Il est celui qui marche sur l'eau; la vie est sous ses pieds, ses joies comme ses peines.

 

En vérité, l'indépendance et l'indifférence sont les deux ailes qui permettent à l'âme de voler.

 

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Le privilège d'être humain       L'indifférence

 

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