La nature humaine |
J'ai constaté, dans ma vie, qu'il n'est pas difficile d'obtenir des pouvoirs occultes ou psychiques; être vertueux, garder notre vie pure, n'est pas très difficile. Être miséricordieux, être compatissant est difficile: il est difficile d'être humain.
Dieu a beaucoup de noms: Le Grand, Le Puissant, Le Tout-puissant, Le Souverain, mais on l'appelle toujours Le Miséricordieux et Compatissant. Dans l'exercice de ces qualités, nous ne sommes jamais parfaits, nous ne serons jamais parfaits. Ainsi qu'il a été dit: "Retire-toi dans ta chambre la nuit, et repens-toi de tes actions, des mille pensées mauvaises que tu as conçues contre tes amis et contre tes ennemis." Un poète persan a dit: "Tout le secret des deux mondes est dans ces deux paroles: avec tes amis sois aimant, avec tes ennemis, courtois."
Si vous avez compris que ce monde n'est rien, si vous avez reconnu que c'est une chose qui passe, pourquoi ne pas laisser les autres en jouir tandis que vous renoncez? Pourquoi ne pas laisser les autres mettre de beaux habits tandis que vous les regardez? Pourquoi ne pas laisser les autres manger à table tandis que vous êtes dans la cuisine et préparez le repas? Pourquoi ne pas laisser les autres s'asseoir dans la voiture pendant que vous la tirez, au lieu de vous y asseoir et de la faire tirer par les autres?
Gardez votre vie noble; c'est-à-dire soyez miséricordieux et compatissants. C'est la tendance de chacun de profiter des autres. Même dans l'amitié cette tendance existe. Tous recherchent leur propre plaisir, et laissent le pire pour les autres. Si vous êtes un chercheur de Dieu, prenez la voie opposée. Laissez le monde aller d'un côté tandis que vous prenez la direction inverse.
Puisque le monde opprime toujours les bons, foule aux pieds ceux qui sont doux, et vole les généreux, quelle sera la meilleure conduite de vie?
Il y a trois chemins. Le premier est la renonciation: c'est le chemin des saints et des sages; c'est de suivre l'idéal et d'accepter quelque désagrément, tristesse et mauvais traitement que ce soit. Le second chemin est celui de l'égoïsme: c'est d'être plus égoïste que tout le reste du monde. Le troisième chemin est le plus grand et le plus difficile: c'est d'accepter toutes les responsabilités, tous les soucis de l'existence, d'avoir des amis et des relations, d'être aussi peu égoïste, aussi bon que possible, et juste assez égoïste pour ne pas être foulé aux pieds.
On peut dépeindre la vie dans le monde comme un lieu où chacun écarte celui qui se tient sur sa route et progresse ainsi vers ce qu'il cherche. L'homme généralement n'est pas gêné d'écarter quelqu'un d'autre, mais il n'aime pas quand lui-même est écarté. Quand il acquiert un peu de considération, alors il essaie de se retenir d'écarter les autres, et, pour cette raison même, il se sent blessé quand il est écarté par un autre.
S'il arrive qu'un homme ayant de la douceur de caractère soit en même temps sage, alors, de par sa douceur, il n'écarte personne hors de son chemin, et il ne s'offusque pas non plus s'il est écarté; il avance avec patience à la poursuite de l'objet qu'il souhaite atteindre. Mais quand un homme doué de douceur de caractère et de bonté est dénué de sagesse, il reste immobile dans la vie, bloquant le chemin des autres et se mettant lui-même dans un endroit d'où il sera toujours écarté.
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