soufi-inayat-khan.org

Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LA MAÎTRISE
La Santé
L'Art d'Être

Chapitre 12
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Si vous êtes à la tête d'une grande usine et que toutes les machines fonctionnent à votre volonté, êtes-vous heureux, satisfait et en paix lorsque vous rentrez à la maison? Vous pouvez être le chef de toute une armée ou d'une nation entière, ou de plusieurs nations, lorsque vous êtes à la maison, êtes-vous paisible et heureux? La réponse est non, et ceci nous montre qu'une autre forme de maîtrise est nécessaire.

 

Un homme peut être le chef de toute une armée, mais s'il subit une attaque de paralysie, toute sa maîtrise s'en est allée et il ne peut plus rien faire. Ceci nous montre que cette maîtrise est éphémère. Ce qu'il faut, c'est la maîtrise de soi. Elle n'est pas plus difficile à acquérir que les autres maîtrises mais un homme ne consacrera jamais autant de volonté et autant d'années à se maîtriser qu'à maîtriser une usine parce que les résultats sont beaucoup moins tangibles. Une usine signifie tant d'argent pour demain. Les résultats de l'autre maîtrise sont beaucoup plus subtils et moins perceptibles.

 

Cette maîtrise est enseignée à ceux qui sont nés pour être maîtres, à ceux qui y sont prédisposés; elle est enseignée par le repos et par le contrôle de l'activité qui maintient toutes choses dans cet univers en mouvement.

 

Cette maîtrise est difficile à acquérir dans le monde. Elle devient plus difficile à chaque pas, mais vous ne pouvez vous évader dans une grotte de montagne, vous devez rester où vous êtes. Si vous deviez fuir et vivre dans une grotte, les attraits du monde vous feraient revenir. Il n’y a pas de sécurité dans la fuite; vous tenteriez d'être satisfait dans les montagnes mais vos yeux languiraient de revoir le monde, votre goût, habitué à diverses nourritures savoureuses, ne pourrait se contenter de feuilles et de fruits.

 

La vie dans le monde, qui met un individu en contact avec toute sorte de gens et de choses indésirables, rend la spiritualité plus difficile; mais en même temps, elle constitue un test pour la volonté et pour la spiritualité. On peut être plus spirituel dans une grotte de montagne, dans le silence et la solitude, mais on ne pourra jamais mettre sa spiritualité à l'épreuve, jamais vérifier si elle est suffisamment forte pour supporter le contact avec un environnement adverse. Etre prêt à toutes les responsabilités et toutes les activités, avoir famille, amis, soucis, être attentif aux amis, servir amis et ennemis, dire à celui qui est dans le monde "Je peux faire tout ce que vous faites et même davantage" et en même temps rester spirituel, voilà la plus haute spiritualité.

 

Etre sans souci ou sans occupation peut rendre la spiritualité plus facile mais quand l'esprit n'est pas occupé, des pensées et des désirs tout à fait indésirables peuvent naître. Ce sont surtout ceux qui n’ont pas de travail ou d'occupation qui mènent une vie indésirable. Ceux qui sont occupés ou qui ont un maître à qui ils doivent plaire ont moins d'occasions de suivre la pente qui n'est pas souhaitable.

 

Lorsqu'on lit la vie de Shiva, le Seigneur de tous les yogis, on voit qu'après un très longtemps de yoga, Shiva fut tenté. Il y a aussi Vishvarmitra Rishi, qui, après une très longue période de yoga dans le désert, fut tenté par les princes de la cour d'Indra, dont les lois ont toujours été de retarder les progrès de 1a spiritualité des rares élus. Machandra était un grand yogi, mais il fut aussi tenté et éloigné du désert par Mahila, une reine Hindoue. Lorsqu'il fut introduit à sa cour, il se maria et fut proclamé roi; les flatteurs de son entourage et le luxe qui régnait à la cour 1ui firent perdre tous les grands pouvoirs qu'il avait acquis au cœur du désert.

 

Il est facile d'acquérir la maîtrise dans le désert, loin des tentations, mais la maîtrise acquise dans le monde a une bien plus grande valeur. Il suffit de peu pour dissiper la première, mais celle qui est acquise au milieu de la foule durera à jamais

 

Le monde ne cessera de vous détourner parce qu'on veut toujours entraîner ses amis dans tout ce qu'on fait. Si quelqu'un boit, il dira: "Venez boire avec moi " S'il s'amuse, il dira: "Venez vous amuser avec moi et prenons du bon temps". S'il va au théâtre, il dira: "Venez au théâtre avec moi cela vous plaira". Et ainsi le monde, tout à ses occupations égoïstes et futiles, vous entraînera sûrement avec lui. On ne peut y résister que par la volonté. Il faut avoir une volonté et avoir confiance en elle. Les poètes Hindous ont représenté ceci par un nageur qui nage à contre-courant. Ils décrivent le monde comme Bhavagara, l’océan de la vie, et le nageur est le mystique qui atteint la perfection en nageant à contre-courant jusqu'à ce qu'il accoste finalement sur le rivage de la perfection.

 

Dans toutes nos entreprises et nos occupations, nous devrions garder notre pensée fixée sur Dieu. Alors, quelles que soient celles-ci, nous ne verrons que Dieu. Notre erreur est de nous identifier à nos responsabilités, à nos soucis, à nos affaires, en perdant la pensée de Dieu.

 

Les Soufis, qui considèrent la vie comme un voyage vers le but spirituel, éveillent leur groupe à cette idée en récitant:

 "Hosh bar dam, nazr bar gadam; khiJwat dar anjuman”

Ce qui signifie:

 " Que chacune de tes respirations soit consciente de Dieu.

Observe tes pas et vois qui marche, en gardant les yeux baissés pour que la tentation du monde n'attire pas ton regard.

 Réalise toi parmi la foule de ce monde de variété".

 

-oOo-

 

La Santé   La maîtrise de soi   La maîtrise

 

Présentation La Musique du Message Accueil Textes et Conférences Lexique
Accueil