De la Limitation
à la Perfection |
Le roc, les arbres, les animaux et l'homme, tous montrent à leur tour une inclination à rechercher la perfection. La tendance du roc est de former des montagnes qui tendent vers le haut, et les vagues montent sans cesse comme si elles essayaient d'atteindre quelque chose qui les dépassait. La tendance des oiseaux est la même; leur joie est de voler dans l'air et de s'élever. La tendance des animaux est de se tenir sur leurs pattes arrière et, quand ils y arrivent, ils sont très contents. Et l'homme, qui est l'accomplissement de la création, a depuis l'enfance la tendance de se tenir debout. Un petit enfant qui ne peut encore y arriver bouge ses petites mains et ses petits pieds montrant son désir de se tenir debout. Tout cela montre le désir de la perfection.
La loi de la gravitation n'est connue qu'à demi par le monde de la science; la terre attire tout ce qui lui appartient. C'est vrai, mais l'Esprit aussi attire tout ce qui lui appartient, et cette loi de gravitation a toujours été connue des mystiques. Ainsi la loi de gravitation opère de deux côtés: du côté de la terre qui attire tout ce qui appartient à la terre, et du côté de l'Esprit qui attire l'âme à lui. Ceux qui sont inconscients de cette loi de gravitation s'efforcent aussi vers la perfection, attirés par cette loi. Leur âme étant continuellement attirée par l'Esprit, ils cherchent tout aussi bien la perfection. Dans les petites choses de la vie courante, un homme en veut de plus en plus. Si quelqu'un s'est fait un nom ou une réputation, il n'est jamais satisfait de ce qu'il a, il en veut toujours plus, il cherche un meilleur rang ou une meilleure situation. Il s'y efforce sans cesse. Cela prouve que le coeur est un bol magique; plus vous y versez, plus il devient profond et vous le trouverez toujours vide. Quoi qu'un homme recherche, il en recherchera davantage et ne sera jamais content. Et c'est parce qu'il cherche in consciemment la perfection. Cependant, ceux qui cherchent consciemment la perfection ont une autre manière.
Il n'empêche que chaque atome de l'univers fait penser qu'il lutte et s'efforce pour devenir un jour parfait. En d'autres termes, si un voyant, un penseur ayant une âme évoluée se trouve sur une montagne, il entendra la montagne crier sans cesse: "Nous attendons un jour où quelque chose s'éveillera en nous. Il viendra un jour de réveil, d'épanouissement. Nous l'attendons en silence." S'il va dans la forêt et voit les arbres plantés là, il lui semblera qu'ils parlent, attendant patiemment. Vous pourrez le percevoir; plus vous y resterez assis, plus vous percevrez le sentiment des arbres attendant le moment où il y aura un déploiement. Ainsi en est-il de tous les êtres, mais l'homme est si absorbé dans ses actions quotidiennes et dans ses avidités, qu'il semble être plus inconscient de ce désir inné de déploiement. Ce sont ses occupations quotidiennes, son avidité, sa cruauté pour les autres êtres qui font qu'il est sans cesse pris et occupé par les choses. C'est pourquoi il ne peut entendre ce cri continu de sa propre âme cherchant à s'éveiller, à se dévoiler, à s'élever, à s'étendre et à aller vers la perfection.
On pourrait demander ce que j'entends par perfection. Est-il possible pour l'homme d'atteindre la perfection? Quand on voit à quel point l'homme est limité, on ne pourrait jamais penser que l'homme est digne de la perfection. Il n'y a pas de fin à ses limitations et il ne peut même pas comprendre ce que signifie la perfection; l'on devient pessimiste quand vient la question de la perfection. Pourtant nous lisons dans l'Evangile les paroles du Christ: "Soyez parfaits comme votre Père au Ciel est parfait." Cela en montre la possibilité. Notre philosophie, nos enseignements religieux et sacrés existent pour amener cette réalisation qu'on appelle perfection. Quelle que soit la philosophie ou la religion, si elle ne montre pas ce chemin vers la perfection, elle a été corrompue et a échoué; il y a quelque chose qui lui manque. Si nous regardons la religion comme une seule et même religion en tous les âges, donnée par différents maîtres de l'humanité inspirés par le même Esprit de Guidance, par l'unique et même lumière de sagesse, nous voyons que tous ont apporté la même vérité. Elle est seulement interprétée différemment pour convenir à des gens d'âges, d'époques, de races différents. De cette façon, les religions diffèrent, mais la vérité sous-jacente de toutes les religions est une seule et la même. Et chaque fois qu'un prédicateur religieux enseigne que la perfection n'est pas pour l'homme, il corrompt l'enseignement qui est donné dans la religion; il ne l'a pas compris, car l'objet principal de toute religion est d'atteindre la perfection.
Beaucoup de gens qui cherchent la connaissance disent: "Ce que nous voulons aujourd'hui dans le monde, c'est une plus grande harmonie, davantage de paix, de meilleures conditions. Nous ne voulons pas la perfection spirituelle; ce que nous voulons est ce qui nous manque aujourd'hui.» Mais le Christ a dit dans l'Evangile: "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît." La tendance de chaque homme est de chercher n'importe quoi d'autre d'abord, et de garder le Royaume de Dieu pour la fin. Ce qu'on devrait chercher en premier est gardé pour la fin. Telle est la raison pour laquelle l'humanité n'évolue pas vers la perfection.
Les occupations telles que la guerre et la préparation de la guerre ne doivent pas être comptées parmi les occupations civilisées. C'est une pitié, que dans cette période de la civilisation, des hommes doivent avoir la guerre - et pourtant nous pensons que nous sommes plus civilisés que les gens de l'ancien temps. Bien longtemps avant le Christ, le Bouddha enseigna: "Ahimsa paramo dharma hâ." Ne pas faire de mal est l'essence de la religion. Il enseigna aux gens à ne pas faire de mal même au plus petit insecte, il enseigna la fraternité de tous les êtres. Et pourtant nous nous occupons de guerre jour après jour, et, la condition étant celle qu'elle est aujourd'hui, nous pouvons nous attendre à la guerre n'importe où dans le monde. D'où cela vient-il? Cela vient de ce que nous cherchons la perfection de la mauvaise manière. Au lieu de la perfection spirituelle, c'est la perfection terrestre que nous cherchons. Ce que tout le monde cherche est la perfection terrestre, la terre, mais tout ce que contient la terre est limité, et si chacun lutte pour la perfection terrestre, la terre ne pourra pas répondre aux demandes. Que nous obtenions ce que nous voulons ou pas, il y aura toujours une lutte.
Maintenant je voudrais expliquer ce que la religion signifie. C'est la connaissance principale grâce à laquelle on cherche la perfection. La religion a trois aspects différents. Le premier et principal de ces aspects, la fondation de la religion, est la croyance en Dieu. Qu'est Dieu? Beaucoup disent: "S'il s'agit d'un Dieu personnel, cela ne m'intéresse pas. Mais si vous pensez que c'est un Dieu abstrait, oui c'est possible." Ils oublient que quelque chose d'abstrait ne peut pas être vivant; l'abstrait n'est rien. Vous ne pouvez pas appeler l'espace: Dieu. L'espace est l'espace. Vous ne pouvez ni appeler l'espace Dieu ni appeler le temps Dieu. L'espace est notre conception, nous avons fait ses dimensions - tant de mètres. De la même manière, le temps est une conception. En réalité, le temps et l'espace n'existent pas. Ce qui et sans limites ne peut être compris et ce qui ne peut être compris est sans nom. A ce qui est intelligible nous pouvons donner un nom; si c'est inintelligible nous ne pouvons lui donner de nom parce que nous ne le connaissons pas. Quand nous considérons ceux qui croient en un Dieu personnel, bien d'entre eux n'en ont que la croyance. Ils adorent Dieu et croient en une certaine loi donnée au nom de Dieu, ils font de bonnes actions à cause de Dieu, cependant ils n'ont pas d'autre connaissance qu'une croyance qu'il existe un Dieu quelque part.
Aucun de ces croyants en Dieu n'a une conception du sens réel de l'Idéal de Dieu. Ils ont seulement une croyance en Dieu et cela ne les mène guère plus loin. En réalité, l'Idéal de Dieu est un marchepied vers la connaissance de la perfection spirituelle. C'est par l'Idéal de Dieu que l'on peut obtenir la connaissance plus élevée. Et ceux qui attendent pour voir si on leur montrera un Dieu devant leurs yeux ou qui veulent une preuve de l'être de Dieu se trompent. Ce qui ne peut être comparé ne peut pas être nommé ni ne peut être montré.
Par exemple, vous voyez la lumière. La lumière vous est intelligible parce que l'obscurité lui est opposée. Les choses sont connues grâce à leur opposé. Puisque Dieu n'a pas d'opposé, on ne peut pas connaître Dieu de la même façon que l'on peut connaître les choses de la terre. En outre, expliquer Dieu est détrôner Dieu; moins on en dit, mieux cela vaut. Cependant la connaissance de Dieu est nécessaire pour ceux qui cherchent la perfection.
Différentes religions ont des conceptions différentes de Dieu, mais outre la religion, chaque être humain a sa conception de Dieu. Vous ne pouvez pas penser à une être humain quelconque sans vous faire une conception de cet être. Par exemple, si quelqu'un vous raconte un conte de fées, la première chose que vous ferez sera de vous faire une idée de la fée, à quoi elle ressemble. Si quelqu'un vous parle d'un ange, vous vous en ferez une image. Il est naturel de faire une image qui se forme d'après ce que l'on connaît, et très près de ce qu'on est soi-même. Un être humain ne pense pas à une fée comme à un être semblable à un oiseau ou à une bête, mais à quelque être qui est semblable à ce qu'il est lui-même. Si cela est vrai, ce n'est pas une faute si quelqu'un a sa propre idée de Dieu, et c'est une grande faute si d'autres veulent lui enlever cette idée et souhaitent lui en donner une autre. Ce n'est pas juste. Personne ne peut donner à un autre sa propre conception de Dieu, parce que chacun la rend réelle pour lui-même. Les prophètes de toutes les époques ont donné un idéal pour aider l'homme à se former une conception de Dieu. Comme l'a dit un philosophe: "Si vous n'avez pas de Dieu, faites-en un", car telle est la bonne manière, la manière la plus facile de réaliser la vérité illimitée.
Il y a une histoire au sujet de Moïse qui vit un jeune berger assis près d'une rivière et se disant à lui-même: "O Dieu, Tu m'es si cher. Si Tu apparaissais un jour devant moi, je ferais tout pour Toi. Je Te baignerais dans la rivière et Te couvrirais de ma couverture. Je Te donnerais mon propre lit dans ma hutte. Je Te donnerais des bonbons et des bonnes choses à manger. Je m'occuperais de Toi et Te protégerais des animaux sauvages. Je T'aimerais tellement et prendrais tellement soin de Toi, si seulement une fois dans ma vie je pouvais Te voir"; Le prophète dit: "Qu'est-ce que tu racontes, jeune homme! Te rends-tu compte? Dieu, le Protecteur de tous les êtres, tu dis que tu veux Le protéger! Celui qui accorde tous les dons et qui est le Soutien de tous les êtres - Il s'occupe même de la plus petite créature - tu voudrais Le mettre sous ta couverture! Comment as-tu osé? Il est invisible, illimité". Le gamin s'effraya: "Qu'est-ce que j'ai fait - pensa-t-il - quelle chose terrible ai-je dite! J'ai dit quelque chose que je n'aurais jamais dû dire!" Il était terrifié. Quand le prophète s'éloigna, une voix s'éleva en lui, la même voix qui lui venait chaque jour dans la solitude: "Qu'as-tu fait, Moïse? Nous t'avons envoyé pour rassembler Nos amis, pour amener Nos amis plus près de Nous, et tu les en sépares".
Chacun, chaque amoureux a sa propre idée de sa bien-aimée et personne ne sait ce qu'il pense d'elle. On raconte au sujet de Leila et Majnoun, les Roméo et Juliette de l'Orient, que quelqu'un dit à Majnoun, le jeune amoureux: "Leila n'est pas belle. Qu'est-ce qu'elle a? Pourquoi l'aimes-tu tellement?" - et Majnoun répondit humblement: "Pour voir Leila, il vous faut emprunter mes yeux." Pour chaque personne, la conception de Dieu est différente, distincte, et une personne ne peut pas donner sa conception de Dieu à une autre.
Il y a une autre histoire qu'on raconte d'une femme qui avait préparé une grande fête. Quand son mari rentra à la maison, il demanda: "Ma chère femme, pourquoi as-tu préparé cette fête? Est-ce un jour de fête, un anniversaire? Qu'est-ce que c'est?" Elle répondit: "C'est plus grand qu'un anniversaire, c'est meilleur qu'un jour de fête. C'est très important pour moi." Mais il demanda: "Qu'est-ce que c'est?" - "Mon cher mari - répondit-elle - je n'aurais jamais pensé que tu croyais en Dieu" - "Et comment t'en es-tu aperçue?" - "Un jour, en te retournant dans ton sommeil, tu as murmuré le nom de Dieu. J'en suis si reconnaissante!" Il dit: "Hélas! Cela qui était tellement sacré et secret dans mon coeur a aujourd'hui été découvert. Je ne puis pas davantage le supporter et continuer à vivre." Il tomba mort. Sa conception de Dieu était trop sacrée pour lui. Il y a l'expression extérieure et l'expression intérieure, et qu'en savons-nous? Nous pouvons penser que beaucoup sont éloignés de l'Idéal de Dieu et nous ne savons pas qu'ils peuvent être beaucoup plus près de Dieu que nous-mêmes.
Il est difficile de juger qui est près de Dieu et qui en est loin. Il est difficile de savoir dans notre vie ce qui plaît à notre ami et ce qui lui déplaît. Plus nous sommes scrupuleux dans ce qui plaît à notre ami, plus nous constatons combien il est difficile de savoir ce qui lui plaira ou non. Tout le monde ne sait pas cela, car ce n'est pas tout le monde qui a allumé la lumière de l'amitié. Quelquefois, c'est seulement comme un mot dans le dictionnaire. Celui qui a appris l'amitié a appris la religion. Celui qui a appris l'amitié est arrivé à la connaissance spirituelle. Celui qui a appris l'amitié n'a besoin d'apprendre que très peu, car en langue persane, la morale a nom "amitié."
Il y a une autre histoire qui explique cette idée du plaisir et du déplaisir de Dieu. Il y avait un homme qui était très pieux et vivait une vie très religieuse. Un jour, il dit à Moïse: " Toute ma vie j'ai essayé d'être un homme bon et d'être religieux. J'ai toujours été dans des difficultés terribles, mais cela ne fait rien. Je voudrais seulement savoir ce qui m'attend. Voudrais-tu demander à Dieu?" Moïse y consentit, et, comme il allait plus loin, il vit un ivrogne qui lui dit: "Où vas-tu? Veux-tu aussi demander à Dieu ce qu'Il pense de moi? Je n'ai jamais connu ni prière ni jeûne, je n'ai jamais fait de bonnes actions, comme on dit dans le monde. Les deux seuls que je connaisse, ce sont ces deux-là: ma bouteille et mon verre. Va demander ce qui m'attend." Quand Moïse revint après sa méditation sur le sommet du Mont Sinaï sa réponse pour l'homme religieux fut la suivante: "Pour toi il y a une grande récompense, des choses magnifiques" - "C'est bien ce que j'attendais" répondit cet homme religieux. Puis l'ivrogne demanda: "Quelle est la réponse?" Moïse répondit: "Pour toi, il y a le pire endroit possible" L'homme se leva en dansant et se réjouit. "Oh! - dit-il - je ne me soucie pas de la place qui m'est donnée; je suis si heureux que Dieu ait pensé à moi. Je suis un homme si bas, un tel pécheur. Je suis donc connu de Dieu! Je pensais que personne ne me connaissait." Il était très heureux. Et à la fin les places de l’un et de l’autre furent changées.
Moïse fut surpris et il demanda intérieurement à Dieu. La réponse fut celle-ci: "Le premier homme, en dépit de tout le bien qu'il a fait, ne mérita pas Notre faveur, car Notre grâce ne peut être achetée par de bonnes actions. Que sont les bonnes actions de l'homme? Les bonnes actions de toute sa vie ne peuvent être comparées avec un instant de la faveur de Dieu. Et l'autre homme M'a plu, car il fut content de tout ce qui lui était donné. Son contentement gagna Ma faveur."
Alors que nous ne pouvons pas comprendre le plaisir et le déplaisir de notre ami en ce monde, comment pourrions-nous comprendre le plaisir et le déplaisir de Dieu? Qui, sur la terre, peut dire que Dieu est satisfait de ceci ou de cela? Personne n'a jamais eu le pouvoir d'établir des règles et des lois disant: par ceci Dieu est satisfait, et cela déplaît à Dieu.
Un autre aspect de la religion est la façon dont on regarde le Maître. Par exemple, il y en a qui voient la divinité dans le Christ. Ils disent: "Le Christ était Dieu, le Christ est divin", et il y en a d'autres qui disent: "Le Christ était un homme comme nous tous." En examinant cette question, nous constatons que celui qui dit "Le Christ est divin" n'a pas tort. S'il y a une divinité qui se montre, c'est dans l'homme. Et celui qui dit "Le Christ était un homme" n'a pas tort non plus. Sous le vêtement de l'homme, le Christ s'est manifesté. Ceux qui ne veulent pas que le Christ soit un homme abaissent la grandeur et le caractère sacré de l'être humain par leur argument, en disant que l'homme est fait de péché et en séparant le Christ de l'humanité. Cependant, quant à ceux qui ont appelé Christ Dieu ou divin, il n'y a rien de faux en cela. C'est en l'homme que l'on peut voir la divine perfection. C'est en l'homme que la divinité doit se manifester.
Et puis il y a les paroles mêmes du Christ: "Je suis l'Alpha et l'Omega", et c'est cette idée sur laquelle beaucoup ferment les yeux. Mais celui qui a dit: "Je suis l'Alpha et l'Omega" était là aussi avant la venue de Jésus, et celui qui a dit "Le premier et le dernier" doit être aussi après Jésus. Dans les paroles du Christ, il y a l'idée de la perfection. Il se rattacha lui-même à l'Esprit, dont il était conscient. Le Christ n'était pas conscient de sa part humaine, mais de son être parfait quand il dit: "Je suis l'Alpha et l'Omega". Il n'attribua pas cela à son être connu comme Jésus. Il l'attribua à l'Esprit dont il était conscient, à l'Esprit de Perfection qui vivait avant Jésus et qui continue à vivre et vivra jusqu'à la fin du monde, pour l'éternité.
S'il en est ainsi, qu'importe si certains disent "Jésus est notre inspiration", et si des millions sont inspirés par Bouddha? C'est seulement une différence de noms. C'est tout un seul Alpha et Omega. Si d'autres disent "Moïse" ou "Mohammed" ou "Krishna", que furent-ils? D'où venait leur inspiration? N'était-ce pas d'un seul et même Esprit? N'était-ce pas de l'Alpha et l'Omega dont le Christ était conscient? Quiconque a donné le Message au monde, et a éclairé les êtres humains et a élevé des milliers et des millions de gens dans le monde, ne peut être que le Christ, que celui-ci appelle par ce nom et celui-là par cet autre nom. Pourtant l'ignorance humaine provoque des guerres et des désastres à cause des différentes religions qu'ont les gens, des communautés différentes, à cause de l'importance qu'ils donnent à leur conception, leur propre conception corrompue qui diffère de celle d'un autre. Même jusqu'à aujourd'hui, ou bien il y a le matérialisme ou bien la bigoterie. Ce qui est nécessaire aujourd'hui est d'arriver à la première et dernière religion, d'arriver au message du Christ, à la divine sagesse, pour que nous puissions reconnaître la sagesse sous toutes ses formes différentes, en toute forme où elle a été donnée à l'humanité. Peu importe si c'est le Bouddhisme, l'Islam, le Judaïsme, le Zoroastrianisme, l'Hindouisme. Quelle importance cela a-t-il? C'est une seule sagesse - cet appel de l'Esprit qui éveille l'homme pour qu'il s'élève hors de la limitation et qu'il atteigne la perfection.
Le troisième aspect de la religion est la manière de l'adoration. Beaucoup de gens, à des époques différentes ont adoré le soleil, mais ils croyaient tout de même en Dieu de cette façon. Le soleil n'était qu'un symbole. Ils pensaient: "C'est une lumière qui ne dépend pas de l'huile ou de quoi que ce soit d'autre, quelque chose qui persiste la nuit et le jour." Il y en eut d'autres qui adoraient des arbres sacrés ou des lieux saints, des rochers et des montagnes d'antique tradition, et d'autres qui adoraient des héros de grande réputation, ceux qui les avaient enseignés et les maîtres d'humanité. Cependant, tous avaient un idéal divin, et la forme sous laquelle ils adoraient importe peu. Les Arabes dans le désert où il n'y avait aucun bâtiment, aucun lieu d'adoration, se tenaient à l'air libre et s'inclinaient devant l'espace ouvert au coucher et au lever du soleil. Tout cela était adoration de Dieu; elle était donnée sous ces formes. Le Hindous firent des idoles de diverses sortes pour aider l'homme à concentrer son mental sur des objets particuliers. C'étaient différentes prescriptions données par les docteurs de l'âme. Ces peuples n'étaient pas païens ou mécréants; les sages leur avaient appris autrement. Des idées différentes, des manières autres leur avaient été données, tout comme un docteur donnerait des prescriptions différentes à des patients différents pour arriver au même but. Par conséquent, la différence dans l'adoration ne fait pas une religion différente. La religion est une seule et même religion en dépit de mille façons d'adorer différentes.
Le quatrième aspect de la religion est l'aspect moral. Des religions différentes ont enseigné des principes moraux différents, cependant, il y a un principe moral humain sur lequel tout est basé, et c'est la justice. Cela ne concerne pas la justice dans ses principes et ses règles et ses règlements, mais cela veut dire l'unique loi qui est la vraie loi religieuse qui est dans l'homme, qui est éveillée dans l'homme. A mesure que son âme se révèle, cette loi lui devient de plus en plus claire: à savoir ce qui est juste et ce qui est injuste. La chose la plus remarquable en cela est qu'un voleur, un homme méchant ou inique puisse être extrêmement injuste envers les autres, mais si quelqu'un est injuste envers lui, il protestera: "On n'est pas juste envers moi." Cela montre que lui aussi connaît la justice. Quand il a affaire aux autres, il l'oublie, mais, quand il est concerné, il connaît bien la justice. Par conséquent, nous sommes tous responsables envers nous-mêmes à cause de cette loi religieuse. Si nous n'avons pas considération pour elle, son résultat naturel sera le malheur. Tout ce qui va de travers, va de travers parce que nous ne nous écoutons pas nous-mêmes.
Le cinquième aspect de la religion est la réalisation de soi. C'est l'aspect le plus élevé. Et tout ce que nous faisons - prières, concentration, bonnes actions, bonnes pensées -, tout mène à cet objet unique qui est la réalisation de soi. Comment est-il atteint? Certains disent que nous réalisons Dieu par la réalisation de soi, mais ce n'est pas vrai. Nous réalisons le soi par la réalisation de Dieu. Chaque fois que quelqu'un tente de réaliser le soi en omettant Dieu, il commet une erreur.
Il est très difficile pour l'homme de réaliser le soi, parce que le soi qu'il connaît est son moi extrêmement limité. Le soi auquel il est éveillé depuis le moment de sa naissance, ce soi qui a fait au-dedans de lui sa conception de lui-même, est extrêmement limité. Aussi fier et orgueilleux qu'il soit, aussi bonne soit l’idée qu'il ait de lui-même, cependant, au plus intime de lui-même, il connaît sa limitation, il connaît la petitesse de son être. Il se peut qu'il soit un général victorieux, un roi, cependant il connaîtra sa limitation quand le temps viendra où il devra laisser son royaume. Alors il saura qu'il n'est pas réellement roi. La grandeur terrestre ne rend pas un homme grand. S'il y a quelque chose qui le rend grand, c'est seulement de s'effacer lui-même et d'établir Dieu à sa place. Celui qui dit: "Commencez par la réalisation du soi" a beaucoup de principes intellectuels, philosophiques, mais, quand il essaie de l'appliquer, il tombe dans la confusion et n'arrive nulle part. C'est une mauvaise méthode.
Il y a aujourd'hui des gens qui disent: "Je suis Dieu." C'est de l'insolence, c'est de la stupidité. Il est bête de dire des choses pareilles. Cela abîme l'idéal des autres, c'est une insulte au plus grand des idéaux que les prophètes, les sauveurs de l'humanité ont toujours respecté. Par une telle affirmation, par de telles études intellectuelles, les gens n'atteindront jamais la perfection spirituelle. Pour atteindre la perfection spirituelle, la première chose est de détruire le faux moi. Cette méprise doit être d'abord réduite à rien. Et comment doit-elle être détruite? Par d'autres moyens enseignés par les grands maîtres, moyens de concentration et de méditation, grâce auxquels l'on vous enseigne à oublier le moi, à écarter du moi la conscience; en d'autres termes, à s'élever hors de son être limité. Par cette manière, une personne s'efface elle-même de sa propre conscience, et à la place de son moi limité, elle place Dieu dans sa conscience. C'est de cette manière que l'on arrive à la perfection que toute âme recherche.
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