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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


La vie, Bataille continuelle
(2° partie)
L'Alchimie du Bonheur
Chapitre 12
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Dans cette bataille continuelle de la vie celui qui tient bon tout au long de la bataille en sortira victorieux à la fin. Mais si malgré tout le pouvoir et la compréhension que l'on a l'on abandonne par manque d'espoir ou de courage, l'on a échoué.

 

Qu'est-ce qui apporte la malchance dans cette vie, dans cette bataille? Une attitude pessimiste. Et qu'est-ce qui aide à réussir dans la bataille de la vie, quelle que soit la difficulté? Une attitude optimiste. Il y a des gens qui en ce monde envisagent la vie avec une vision pessimiste, pensant qu'il est intelligent de voir le côté sombre des choses. Tant que cela permet de mesurer aussi la difficulté des choses, cela est bénéfique; mais il y a une loi psychologique qui veut que dès lors que l'esprit est impressionné par la difficulté d'une situation, il perd espoir et courage. Un jour quelqu'un me demanda si je voyais la vie avec une attitude pessimiste ou si j'étais optimiste. Je répondis: "Un optimiste avec les yeux ouverts". L'optimisme est bon tant que les yeux sont ouverts, mais une fois que les yeux sont fermés l'optimisme peut être dangereux.

 

Dans cette bataille l'entraînement est nécessaire, et cet entraînement consiste à contrôler ses organes physiques et à contrôler les facultés du mental, car celui qui n'est pas préparé à cette bataille, aussi courageux et optimiste qu'il puisse être, ne peut réussir.

 

Une autre chose consiste à s'y connaître dans cet art de la guerre: à savoir quand reculer et quand avancer. Si l'on ne sait pas comment reculer et que l'on veuille toujours avancer, l'on sera toujours en danger et l'on deviendra une victime dans la bataille de la vie. Bien des gens qui dans la griserie de la bataille de la vie persistent à se battre encore et encore, vont à la fin rencontrer l'échec. Des gens, jeunes, forts et remplis d'espoir dans la vie, qui ont eu quelques difficultés, ne pensent à rien d'autre qu'à batailler contre tout ce qui leur fait obstacle. Ils ne savent pas qu'il n'est pas toujours sage d'aller de l'avant. Ce qui est nécessaire est de consolider d'abord la position et alors seulement d'avancer. Nous pouvons voir la même chose dans l'amitié, dans les affaires, dans notre profession: une personne qui ne comprend pas le secret de la loi de la guerre ne peut réussir.

 

En plus de cela, l'on doit protéger de tous côté ce qui nous appartient. Très souvent ce que quelqu'un fait dans l'ivresse de la bataille, c'est d'aller sans cesse de l'avant sans protéger ce qui lui appartient. Combien de personnes n'ont-elles pas continué à perdre beaucoup d'argent dans des procès pour peut-être une très petite chose! Au bout du compte leurs pertes sont plus grandes que leurs succès. De même, combien de personnes en ce monde auront peut-être perdu plus qu'elles n'auront gagné à cause de leur fantaisie ou de leur orgueil! Il y a des moments où l'on doit céder, il y a des moments où l'on doit laisser aller un peu les choses, et il y a des moments où l'on doit tenir ferme les rênes de la vie. Il y a des moments où l'on doit être tenace et il y a des moments où l'on doit laisser aller.

 

La vie est une telle ivresse que malgré le fait que chacun pense qu'il travaille pour son intérêt, l'on trouvera à peine un individu sur mille qui en réalité le fasse. Ceci pour la raison que les gens sont à ce point absorbés dans ce qu'ils sont en train d'essayer d'obtenir qu'ils en sont grisés, et que pour ainsi dire, ils perdent le chemin qui mène au succès véritable. Très souvent, afin d'obtenir un avantage particulier, les gens sacrifient de nombreux autres avantages parce qu'ils n'y pensent pas. La chose à faire consiste à regarder tout autour de soi, et pas seulement dans une seule direction. Il est facile d'être puissant, il est facile d'être bon, mais il est très difficile d'être sage - et c'est le sage qui est vraiment victorieux dans la vie. La réussite de ceux qui ont le pouvoir, et la réussite de ceux qui peut-être ont la bonté, a ses limites. Vous seriez surpris si je devais vous dire combien de gens provoquent eux-mêmes leur échec. Il y a à peine une personne sur cent qui travaille réellement à son réel avantage, bien que tout le monde pense qu'il travaille dans ce but; mais la plupart des gens ne réalisent pas où est leur réel intérêt.

 

La nature de la vie est illusion. Derrière un gain se cache une perte, derrière une perte se cache un gain. Sous l'emprise de cette illusion il est d'abord très difficile à l'homme de réaliser ce qui est réellement bon pour lui. Il arrive même à une personne sage qu'une grande part de sa sagesse soit accaparée par la vie et sa bataille: on ne peut pas être assez discret, on ne peut pas être assez bon. Plus vous donnez à la vie, plus la vie exige de vous, et c'est une bataille de plus. Il est certain que le gain de celui qui est sage est finalement plus grand, bien qu'en apparence il y ait de nombreuses pertes. Là où une personne ordinaire ne céderait pas, le sage cédera mille fois. Cela montre que la réussite du sage est bien souvent cachée sous l'apparence de l'échec, mais que quand on compare cette réussite avec celle d'une personne ordinaire, la réussite du sage est bien plus grande.

 

Dans cette bataille, on a besoin d'une batterie d'énergie, et cette batterie est la puissance de la volonté. Dans cette bataille de la vie on a besoin de bras, et ces bras sont les pensées et les actes qui contribuent psychologiquement à notre succès. Par exemple, il y a une personne qui se dit tous les matins: "Tout le monde est contre moi, personne ne m'aime, tout est mauvais, partout règne l'injustice, tout est vain, pour moi il n'y a pas d'espoir". Quand elle sort, elle emporte cette influence avec elle. Avant qu'elle n'arrive à un endroit quelconque, à son travail, dans sa profession, ou quoi qu'elle entreprenne, elle a envoyé au-devant d'elle cette mauvaise influence et elle ne rencontrera que des erreurs et des échecs, rien ne lui donnera satisfaction, elle ne trouvera que froideur partout.

 

Il y a une autre personne qui sait ce qu'est la nature humaine, qui sait que l'on doit rencontrer partout l'égoïsme et le manque de considération. Mais qu'en pense-t-elle? Elle pense qu'il s'agit une foule de gens ivres, tombant les uns sur les autres, se battant, s'offensant, et naturellement quelqu'un de sobre, ayant quelque raison, ne se troublera pas de ceux qui sont ivres. Elle les aidera et ne prendra pas au sérieux ce qu'ils disent ou font. Par conséquent dans ce monde d'ivresse, celui qui est ivre a davantage à se battre que celui qui est sobre, car ce dernier évitera toujours de le faire. Il sera tolérant, il cédera, il comprendra, car il sait que ces gens sont ivres et qu'il ne peut pas en attendre mieux.

 

De plus, celui qui est sage connaît un secret de la nature humaine, et ce secret est qu'elle est imitatrice. Par exemple, une personne orgueilleuse suscitera toujours la tendance à l'orgueil dans son entourage; devant un être humble, même quelqu'un d'orgueilleux deviendra humble, parce que celui qui est humble suscite l'humilité chez celui-là. Ainsi vous pouvez voir que dans cette bataille de la vie vous pouvez vous battre avec l'orgueilleux grâce à l'orgueil, et vous pouvez combattre l'orgueil par l'humilité et quelquefois gagner.

 

Vue du point de vue de la sagesse, la nature humaine est puérile. Si l'on se tient au milieu de la foule et qu'on l'observe en spectateur, on verra beaucoup d'enfants en train de jouer les uns avec les autres. Ils jouent et se battent et s'arrachent les choses des mains; ils s'inquiètent de choses très futiles. On trouvera leurs pensées étriquées et de peu d'importance et ainsi en est-il de ce qu'ils poursuivent dans la vie. Et ce qui motive la bataille de la vie est souvent très petit quand on le regarde à la lumière de la sagesse. Ceci montre que la connaissance de la vie ne s'obtient pas toujours en combattant: elle vient en éclairant la vie. N'est pas un vrai guerrier celui qui s'impatiente en un instant, qui se met en colère en un instant, qui n'a pas de contrôle sur ses impulsions, qui est prêt à abandonner espoir et courage. Le vrai guerrier est celui qui peut endurer, qui a une grande capacité à tolérer, qui a assez de profondeur dans son coeur pour assimiler toutes choses, dont le mental peut s'étendre assez loin pour comprendre toutes choses, dont chaque désir est de comprendre les autres et de les aider à comprendre.

 

La sensibilité est sans nul doute un développement humain, mais si l'on ne s'en sert pas correctement, cela peut entraîner de multiples désavantages. Une personne sensible pourra perdre courage et espoir beaucoup plus tôt qu'une autre. Une personne sensible pourra se faire rapidement des amis et s'écarter d'eux tout aussi vite. Une personne sensible sera prête à s'offenser, prête à subir toute chose qui se présentera à elle, et la vie pourra lui devenir insupportable. Cependant si une personne est insensible, elle ne vivra pas pleinement. Donc l'idée consiste à être sensible sans en abuser. Abuser de la sensibilité, c'est se soumettre à chaque impression et chaque impulsion qui vous attaque. Il doit y avoir un équilibre entre la sensibilité et le pouvoir de la volonté. La volonté doit permettre de supporter toutes les influences, toutes les conditions, toutes les attaques que l'on reçoit du matin au soir, et la sensibilité doit permettre de ressentir la vie, de l'apprécier, et de vivre dans la beauté de la vie.

 

Ce qui est le plus judicieux dans la vie, c'est d'être assez sensible pour ressentir la vie et apprécier sa beauté, mais en même temps de considérer que votre âme est divine et que tout le reste lui est étranger. Toutes le choses qui appartiennent à la terre sont étrangères à votre âme; il ne faut pas qu'elles touchent votre âme. Toutes les choses viennent devant les yeux et quand elles y arrivent, elles viennent à l'intérieur des yeux; quand elles sont parties, les yeux sont libres. Ainsi votre mental ne doit rien conserver d'autre que la beauté, tout ce qui est beau, car vous pouvez chercher Dieu à travers Sa beauté. On peut oublier tout le reste. En mettant tous les jours cela en pratique, oubliant tout ce qui est désagréable et laid et en vous rappelant seulement tout ce qui est beau et donne du bonheur, vous attirerez à vous tout le bonheur qui est en réserve.

 

 

Question: En développant le pouvoir de la volonté, est-ce qu'on ne risque pas de se convaincre parfois à tort? On n'est pas infaillible!

Réponse : Oui, ce danger existe, mais il y a danger en toute chose. Il y a même danger à être en bonne santé, mais cela ne veut pas dire que l'on doive être malade.

Ce que j'ai dit est que nous devons acquérir un équilibre entre le pouvoir et la sagesse. Si le pouvoir agissait sans la lumière de la sagesse derrière lui, il échouerait toujours parce que le pouvoir se révélera en fin de compte comme aveugle. Mais à quoi servirait une personne sage privée de l'usage de ses mains et de ses pieds, une personne qui n'aurait aucun pouvoir d'agir, aucun pouvoir de penser? Cela montre que la sagesse dirige, mais que par le pouvoir on accomplit. Donc pour la bataille de la vie on a besoin des deux.

 

Question: Est-ce que la sensibilité ne provoque pas en nous des surprises qui nous submergent trop vite pour que nous puissions éviter le mal qu'elles pourraient causer?

Réponse : Qu'est-ce que la sensibilité? La sensibilité est la vie même, et comme la vie contient du bon et du mauvais, de même la sensibilité contient du bon et du mauvais. Et si l'on désire faire toutes les expériences de la vie, ainsi toutes ces expériences doivent provenir de la sensibilité. Néanmoins l'on doit contrôler la sensibilité si l'on veut connaître, comprendre et apprécier tout ce qui est beau, et si l'on ne veut pas attirer toute la dépression, le chagrin, la tristesse et les malheurs de la terre.

Une fois qu'une personne est devenue si sensible qu'elle se sent agressée par tout le monde et qu'elle a le sentiment que chacun lui en veut et essaie de la tromper, alors elle est en train de faire mauvais usage de sa sensibilité. Elle doit être sage en même temps que sensible. Avant d'être sensible, elle doit se rendre compte que dans ce monde elle se trouve parmi des enfants, parmi des gens ivres; et de la même façon qu'elle devrait recevoir les actions des enfants et des ivrognes, elle devrait recevoir tout ce qui vient à elle de tous côtés. Alors la sensibilité pourra lui être bénéfique. Si en même temps que la sensibilité l'on n'a pas développé la volonté, il y a un danger certain. Il n'y a pas de doute que la spiritualité est visible chez quelqu'un qui est sensible aux autres. Personne ne peut développer la spiritualité sans être sensible.

 

Question: Comment pouvons-nous faire la différence entre la sagesse du combattant et son manque de courage dans la bataille de la vie?

Réponse : Chaque chose peut être distinguée par son résultat. Il y a un dicton bien connu en anglais: "Tout est bien qui finit bien". Si à la fin de la bataille celui qui était vaincu en apparence a en réalité réussi, cela montre évidemment la sagesse, non pas le manque de courage. Très souvent le manque de courage ne conduit à rien d'autre qu'à la déception au bout du compte. La bravoure est une chose, la connaissance de l'art de la guerre en est une autre; Le brave est brave mais n'est pas toujours vainqueur. Celui qui est victorieux connaît et comprend; il comprend la loi de la vie.

 

Question; Dans quelle mesure le libre-arbitre peut-il contrecarrer une condition liée au karma, telle qu'une mauvaise santé?

Réponse : Je dois vous dire que la différence entre l'humain et le divin est la différence entre les deux extrémités de la même ligne. Une extrémité représente la limitation, l'autre extrémité l'illimité. Une extrémité représente l'imperfection, l'autre la perfection. Si nous prenons tous les êtres humains de ce monde, ils ne se tiennent pas tous proches du même point, ils remplissent l'intervalle entre une extrémité et l'autre. Actuellement le monde évolue à travers une phase qu'on peut appeler égalitaire, où la noblesse de l'âme, même sa divinité, sont ignorées. L'organisation entière de la vie est telle que quand il y a un bulletin de vote pour tout un chacun dans l'État, alors peu importe que l'on reste chez soi ou ailleurs. Mais quand nous parvenons à comprendre la vie spirituelle des choses, nous découvrirons que comme sur un piano toutes les notes sont différentes, ainsi chaque âme et différente. 

L'homme commence sa vie comme un mécanisme, une machine, et il peut évoluer jusqu'au stade où il est l'ingénieur. La limitation du karma s'applique à la machine. Chaque âme doit être d'abord machine afin de devenir plus tard ingénieur. Un homme ne se transforme pas d'un coup en ingénieur, mais il se transforme graduellement de machine en ingénieur. Par conséquent l'influence du karma n'est pas la même pour chaque âme. En même temps l'on doit comprendre que c'est l'ignorance de la part divine de notre propre âme qui nous tient éloignés de Dieu - non seulement de Dieu mais de notre pouvoir par droit de naissance. Quand on prend conscience du pouvoir divin, alors on s'élève au-dessus de la machine, alors on devient l'ingénieur.

 

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