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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Le point de vue du mystique sur la vie
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Le mysticisme n'est ni une religion ni une croyance, et ce n'est pas davantage un principe ou un dogme. Un mystique est né tel; un certain tempérament est mystique et mystique est un certain point de vue sur la vie. Il y en a beaucoup que le mot mystique rend perplexes, parce qu'on ne peut pas expliquer clairement le mysticisme en paroles.

 

Pour un mystique, l'impulsion a une signification divine. En chaque impulsion, par conséquent, le mystique voit une direction divine. Ce que les gens appellent libre-arbitre est une chose qui n'existe pas pour un mystique. Il voit un plan qui se déroule et qui fait son chemin vers un résultat désiré, et chaque personne, volontairement ou involontairement, contribuant à la réalisation de ce plan. La contribution qu'elle apporte à ce plan est considérée par l'une comme venant du libre-arbitre, et par l'autre comme étant un accident. Celle qui sent: "Ceci est mon impulsion, ceci est mon idée, je dois la mettre en action", conçoit seulement cette idée à partir du moment où celle-ci s'est manifestée à sa vue. Par conséquent elle l'appelle libre-arbitre. Mais d'où cette idée lui vient-elle? Elle vient directement ou indirectement du dedans. Parfois il peut sembler qu'elle vienne du dehors, mais son commencement est au-dedans. Par conséquent chaque impulsion, pour un mystique, est une impulsion divine. Mais vous pourriez demander pourquoi chaque impulsion ne serait-elle pas divine pour tout un chacun, puisque toute impulsion a son origine au-dedans? Parce que tout un chacun ne le sait pas. La part divine de l'impulsion consiste à la connaître comme telle. Dès le moment où vous êtes conscient de l'origine divine de l'impulsion, dès ce moment elle est divine. Bien qu'à tous moments de la vie elle soit venue du dedans, c'est le fait de le reconnaître qui la rend divine.

 

Un mystique enlève les barrières qui le séparent d'une autre personne en essayant de regarder la vie non seulement de son point de vue, mais aussi du point de vue de l'autre. Toutes les disputes et tous les désaccords appartiennent au manque de compréhension entre personnes, et les gens ne se comprennent pas surtout parce qu'ils ont un point de vue figé et ne veulent pas s'en écarter. C'est une condition rigide du mental. Plus une personne est dense, plus elle est figée dans son propre point de vue. C'est pourquoi il est facile de faire changer d'opinion à une personne intelligente, et extrêmement difficile de changer l'opinion d'une personne stupide une fois qu'elle est fixée. C'est la qualité dense du mental qui se fixe sur une certaine idée, et cela lui couvre les yeux, de sorte que ces personnes ne peuvent plus voir du point de vue d'un autre.

 

Beaucoup pensent qu'en regardant les choses du point de vue d'un autre nous perdons le nôtre. Mais j'aimerais mieux perdre mon point de vue, si c'était un point de vue faux. Pourquoi devrait-on s'accrocher à son point de vue parce que c'est le nôtre? Est-ce que tous les points de vue ne sont pas le point de vue d'un seul et même Esprit? Comme deux yeux sont nécessaires pour rendre la vision complète, et deux oreilles sont nécessaires pour rendre l'ouïe complète, ainsi c'est la compréhension de deux points de vue, de deux points de vue opposés, qui donne une vision plus profonde de la vie.

 

Un mystique appelle cela "désapprendre". Ce que nous appelons apprendre est fixer les idées dans notre mental. Apprendre n'est pas libérer l'âme, apprendre est limiter l'âme. Je ne veux pas dire qu'apprendre n'a pas place dans la vie, mais qu'apprendre n'est pas tout ce qui est nécessaire dans le chemin spirituel. Il y a quelque chose en dehors de cela, il y a quelque chose au-delà d'apprendre et vous pouvez l'atteindre en désapprenant. Apprendre consiste seulement à faire des nœuds d'idées, et le fil n'est pas droit tant que les nœuds y sont. Il faut les dénouer. Le mental qui a des nœuds ne peut pas avoir une libre circulation de la vérité; les idées, une fois fixées dans le mental, le bloquent. Un mystique, par conséquent, est prêt à voir de tous les points de vue afin de rendre sa connaissance claire. C'est cette bonne volonté qu'on appelle désapprendre. Je vous en donnerai un exemple.

 

J'étais un jour en voyage sur un bateau et il y avait un jeune italien qui était sans doute athée. Me voyant dans une sorte d'habit religieux, il pensa que j'étais un missionnaire qui prêchait une certaine religion. Il commença par me dire: "Je ne crois en rien". Par cette affirmation il pensait se défendre et se protéger. Il continua en disant: "Je crois à la matière éternelle". Je répondis: "Votre croyance n'est pas loin de la mienne. Vous croyez à la matière éternelle, je crois à l'éternel esprit. C'est la même chose. J'accepte vos termes tant que vous croyez à l'éternel. Vous appelez cela matière, je l'appelle esprit. Pourquoi se disputer sur des mots. S'il vous plaît d'appeler cela matière, je suis d'accord pour l'accepter". A partir de ce moment nous devînmes amis, et il écouta avec beaucoup d'intérêt des vérités qu'il n'aurait jamais écoutées auparavant. Il s'en alla en disant: "Votre religion est ma religion".

 

C'est cela l'idée du mystique. Il voit le caractère superficiel des différences et leur inutilité. Elles sont seulement provoquées par un petit ego, une petite vanité, un petit orgueil: "Ma raison est bonne, la vôtre est mauvaise". C'est tout. La faculté de compréhension est une seule et la même en chacun de nous tous, et, si nous sommes d'accord pour comprendre, la compréhension est à notre portée. Ce qui arrive très souvent est que nous ne sommes pas d'accord pour comprendre, et alors nous ne comprenons pas. L'humanité souffre d'une sorte d'obstination. Un homme se dresse contre ce qu'il pense venir d'une autre personne. Et pourtant tout ce qui est appris est venu d'un autre. Il n'a pas appris un seul mot par lui-même; tout ce qu'il a appris vient des autres. Cependant il parle de sa raison, ses pensées, son point de vue. Il n'y a rien de tel; il les a prises quelque part. C'est d'accepter ce fait qui fait qu'un mystique comprend tous les êtres et en fait un ami de tous.

 

Un mystique ne considère pas les raisons comme tout le monde les considère, parce qu'il voit que la première raison qui vient à notre mental n'est qu'un voile sur une autre raison qui est cachée au-dessous. Il a par conséquent la patience d'attendre jusqu'à ce qu'il ait enlevé le voile de la première raison et vu la raison qui se cachait derrière elle. Mais à nouveau il voit que cette raison qui était cachée derrière la première est certes plus puissante, c'est une grande raison, mais qu'il y a encore une plus grande raison à l'arrière-plan. Et ainsi il va d'une raison à une autre, et il ne voit dans la raison rien d'autre qu'une traîtrise pour cacher la réalité. A mesure qu'il va plus loin, pénétrant les murs accumulés des raisons, il atteint un lieu où il y a l'essence de la raison. En touchant l'essence de la raison il voit la raison de toute chose bonne ou mauvaise.

 

Comparez un mystique avec une personne ordinaire qui argumente et discute et se bat et se querelle au sujet de la première raison qui n'est rien qu'un écran. Comparez les deux. L'un est prêt à se former une opinion, à louer ou à condamner, l'autre attend patiemment que la réalité se découvre graduellement d'elle-même. Un mystique a croyance dans l'inconnu et l'invisible; non seulement dans la forme de Dieu, mais dans l'inconnu qui doit venir, dans l'invisible qu'on ne voit pas encore. L'autre n'a aucune patience d'attendre qu'il connaisse l'inconnu, qu'il voit l'invisible.

 

Le mystique ne force pas la connaissance de l'invisible et de l'inconnu sur un autre, mais il voit la main de l'inconnu qui œuvre à travers toutes choses. Par exemple, si un mystique sent l'impulsion de sortir et de marcher vers le Nord, il pense qu'il doit y avoir un but à cela. Il ne pense pas que c'est seulement une imagination, une folle fantaisie, bien qu'il n'en connaisse pas la raison. Il va vers le Nord et il tachera d'en trouver la raison dans ce qui résultera de son trajet vers cette direction.

 

La vie entière du mystique est planifiée selon ce principe, et c'est par ce principe qu'il peut parvenir au stade où son impulsion devient un voix intérieure qui lui dit d'aller ici ou là, de bouger ou de rester immobile. Par conséquent, tandis que d'autres sont prêts à répondre pourquoi ils font telle chose ou bien où ils vont, ou ce qu'ils veulent faire, le mystique ne peut pas répondre, parce que lui-même ne le sait pas. Et pourtant il en sait plus que la personne qui est prête à dire pourquoi elle va et ce qu'elle veut faire, car que sait l'homme de ce qui lui adviendra? Il fait son programme et son plan, mais il ne sait pas ce qui pourra s'ensuivre.

 

L'homme propose et Dieu dispose. Beaucoup de gens disent cela chaque jour, et en même temps ils font leurs programmes et tracent leurs plans. Un mystique n'est pas exigeant sur ce point. Il travaille sur le plan qui est déjà tracé; il sait qu'il y a un plan, mais il peut ne pas connaître le plan en détail. Cela nous indique que celui qui connaît peu, connaît le plus et que ceux qui semblent connaître davantage, connaissent le moins.

 

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La vision du mystique est celle d'un homme qui se tient au sommet d'une montagne, regardant le monde d'une grande hauteur. Le mystique regarde ainsi tous les gens comme n'étant pas très différents les uns des autres; ils sont comme des enfants pour lui. Vous aussi vous verriez la même chose du sommet d'une montagne. Tous, grands ou petits, paraissent de la même taille, ils apparaissent comme de petits êtres en train de s'agiter. Un homme ordinaire s'effraie de la vérité de la même manière qu'une personne qui n'a jamais été sur une grande hauteur est effrayée à la vue de l'immensité de l'espace. La vérité est immense, et quand quelqu'un atteint le sommet de la compréhension, il est effrayé et ne veut pas la regarder.

 

Beaucoup m'ont dit: "La philosophie orientale nous intéresse beaucoup, mais la conception du Nirvana est très effrayante". J'ai répondu :"Oui, c'est effrayant. Pour une personne qui n'a pas l'habitude de se tenir au sommet d'une montagne c'est effrayant. Pour la vérité c'est la même chose. La vérité est effrayante, mais la vérité est la réalité". L'homme aime tellement l'illusion que pour ainsi dire, il s'en délecte. Si quelqu'un est dans un songe intéressant et qu'une personne l'éveille, il dira: "Oh, laissez-moi dormir". Il aime regarder son rêve, il ne veut pas s'éveiller à la réalité, parce que la réalité n'est pas aussi intéressante que le rêve.

 

Ainsi parmi les chercheurs de vérité vous en trouverez seulement un sur mille qui est assez courageux pour regarder l'immensité de la vérité. Mais beaucoup prennent intérêt à l'illusion, et par curiosité ils sont heureux de voir une illusion mentale, parce qu'elle est différente de l'illusion de la vie physique, et ils sont portés à appeler cela mysticisme. Mais ce n'est en aucune façon du mysticisme.

 

Personne ne peut être un mystique et s'appeler mystique chrétien, mystique juif ou mystique musulman. Car qu'est-ce que le mysticisme? Le mysticisme est quelque chose qui efface de la vue de quelqu'un l'idée de séparativité, et si quelqu'un prétend être de cette mystique-ci ou de cette mystique-là, ce n'est pas un mystique; il ne fait que jouer avec un nom.

 

Les gens disent qu'un mystique est quelqu'un qui rêve et qui vit dans le nuages, mais ma réponse à cela est qu'un vrai mystique se tient sur la terre, sa tête étant dans les cieux. Il n'est pas vrai que l'homme sage ne soit pas intellectuel ou bien pas avisé. L'homme seulement avisé n'est pas sage, mais celui qui possède la connaissance plus élevée n'éprouve pas de difficulté à posséder la connaissance des choses terrestres. C'est l'homme qui n'a que la connaissance des choses terrestres qui éprouve une grande difficulté à avoir la connaissance plus élevée. M. Ford était très sage quand il me dit: "Si vous aviez été un homme d'affaires, je suis sûr que vous auriez eu du succès". Et il ajouta: "Toute ma vie j'ai essayé le résoudre le problème que vous avez résolu". Cela nous donne encore une plus grande lumière sur cette idée, que la sagesse supérieure ne prive pas une personne d'avoir la sagesse du monde, mais que la sagesse du monde ne rend pas quelqu'un capable d'avoir la sagesse supérieure.

 

Quant à la vision du mystique, les gens pensent que voir des couleurs ou des esprits ou des visions est mystique. Mais je ne pense pas que le mysticisme puisse être limité à ces choses, ni que ceux qui les voient soient nécessairement mystiques. D'ailleurs, ceux qui peuvent voir et dont la vision est claire en disent vraiment très peu. Le mystique sera le dernier à prétendre qu'il voit ou fait des choses extraordinaires. Sa vision, son pouvoir, diminuent aussitôt qu'il commence à nourrir sa vanité en prétendant savoir ou faire des choses que d'autres ne peuvent pas faire; car la tâche principale qu'un mystique doit accomplir est de se débarrasser du faux ego, et il le nourrit en prétendant à ces choses, perdant tout son pouvoir, sa vertu ou sa grandeur.

 

Pour le mystique, chaque personne est une lettre écrite tout comme devant un médecin expérimenté le visage d'une personne raconte sa condition. Et pourtant, un mystique ne dira jamais à une tierce personne: "En cette personne-là je vois telle et telle chose"; car plus il sait, plus grande est la responsabilité qui lui est donnée par Dieu. Il cache tout ce qu'il y a à cacher; il dit seulement ce qui doit être dit. Vous n'entendrez jamais dire à un mystique: "Je comprends vos manœuvres. Je vous vois". Un mystique connaîtra énormément et agira avec innocence. Ce sont ceux qui savent peu qui font du bruit avec ce qu'ils savent. Plus quelqu'un sait, moins il le montre au monde. Pensez-vous qu'un mystique soit prêt à corriger les gens, à les condamner pour leurs erreurs et à les accuser de leurs folies?; Il voit tant d'erreurs, de folies et de stupidités qu'il ne souhaite jamais s'appesantir sur elles. Il regarde seulement la vie avec toutes ses voies diverses, il regarde seulement le processus à travers lequel un individu passe dans sa vie. C'est par ses fautes et ses erreurs que l'on apprend à la fin, et un mystique ne conçoit pas qu'il puisse condamner quiconque à cause d'elles. Il voit seulement que c'est naturel. Certains avancent vite, d'autres lentement. Il en est de la stupidité comme il en est de la lumière et de l'obscurité. C'est hors de l'obscurité que le soleil se lève, et hors de l'ignorance que la sagesse se lèvera un jour. Un mystique, par conséquent, n'a pas besoin d'apprendre la patience; la vie lui apprend la patience du commencement à la fin. Un mystique n'a pas besoin d'apprendre la tolérance; sa vison des choses lui donne la tolérance. Il n'a pas besoin d'apprendre le pardon; il ne peut pas faire autre chose que pardonner.

  

L'homme aime la complexité et l'appelle connaissance. Une quantité de sociétés et d'instituts dans le monde se nomment eux-mêmes occultes, ésotériques, psychiques et par d'autres noms encore, sachant que tout le monde est intéressé par la complexité. Ils cachent la vérité et au lieu de la recouvrir d'un seul voile, ils la recouvrent de mille voiles pour la rendre plus intéressante. Il y avait une coutume dans les anciens temps selon laquelle, lorsque les gens venaient pour offrir leur adoration et demandaient: "Comment l'offrirons-nous, quelle est la manière d'adorer?", le prêtre leur demandait: "A quelle distance demeurez-vous du sanctuaire?" et quand ils disaient: "Deux kilomètres", il répondait: "Venez à pied au sanctuaire et marchez autour de lui cent fois avant d'entrer". Il leur donnait un bon exercice avant qu'il leur soit permis d'entrer. Il font la même chose même aujourd'hui. Quand quelqu'un dit: "Je veux voir la vérité", mais veut regarder la vérité dans la complexité, ils recouvrent la vérité de mille voiles et ils leur donnent le problème à résoudre. Est-ce qu'il n'y en a pas beaucoup qui s'intéressent aux Mahatmas dans les Himalayas, n'y en a-t-il pas beaucoup qui cherchent des âmes saintes dans des endroits reculés de Perse, beaucoup qui cherchent un maître au centre de l'Australie? Peut être que l'année prochaine apparaîtra un article disant qu'une grande âme a été découverte en Sibérie. Qu'est-ce que tout cela veut dire? C'est l'amour de la complexité; des notions comiques, des idées étranges qui ne mènent pas les êtres plus loin.

 

Par conséquent un mystique apparaît très souvent comme quelqu'un de simple, parce que la sincérité l'incline à mettre la vérité en langage simple et en idées simples, et, parce que les gens valorisent la complexité, ils pensent que ce qu'il dit est très simple et que c'est quelque chose qu'ils ont toujours su, qu'il n'y a rien de nouveau. Mais je répète que, comme Salomon l'a déjà dit: il n'y a rien de nouveau sous le soleil. La vérité appartient à l'âme, l'âme la connaît, et aussitôt que la vérité est dite, l'âme le sait; elle n'est pas nouvelle, elle n'est pas étrangère à l'âme. Si quelqu'un dit: "C'est quelque chose que je connais déjà", je dis que même si l'âme la connaît, elle n'est jamais répétée trop souvent. Les grands saints de l'Orient ont répété la phrase: "Dieu est Un" peut-être un million de fois dans leur vie. Pensez-vous qu'il soient assez stupides pour ne pas comprendre sa signification en la disant une seule fois? Pourquoi la répètent-ils un million de fois? Pour la raison que ce n'est jamais assez. Nous vivons au milieu de l'illusion du matin jusqu'au soir au moment d'aller dormir. Ce que nous ne connaissons pas c'est l'illusion dans laquelle nous sommes du matin au soir. Ce n'est pas la vérité que nous ne connaissons pas; si nous connaissons quelque chose à fond c'est la vérité. Par conséquent le mystique, au lieu d'apprendre la vérité, au lieu de chercher la vérité, garde devant lui la vision de la vérité, désire maintenir la vérité. Il désire s'accrocher à l'idée de la vérité, garder la vision de la vérité devant lui de peur qu'elle ne soit recouverte par les mille voiles de l'illusion.

  

On pourrait demander si un mystique doit faire un effort quelconque pour atteindre à la réalisation supérieure. Oui, et c'est un art qui est enseigné de maître à disciple. De sorte que d'une personne à une autre, cet art est transmis depuis des âges. Mais l'on pourrait penser: "Si la vérité est au-dedans de nous, pourquoi cet art est-il nécessaire? l'art n'est pas la nature, les animaux et les oiseaux n'ont pas besoin d'un art, ils sont heureux, en paix, ne sont-ils pas innocents et réellement spirituels?" Oui, c'est vrai, mais ils vivent dans la nature, leur vie est naturelle. Nous vivons très loin de la nature. Nous avons fait notre propre monde artificiel pour y vivre, et c'est pourquoi nous avons besoin d'un art pour en sortir. Je ne veux pas dire que nous devons sortir de la vie ou que nous ne devons rien avoir à faire avec la vie pour être mystiques. Mais nous devons pratiquer cet art grâce auquel nous venons en contact avec la réalité.

 

Cet art est en premier lieu concentration. Par concentration je ne veux pas dire fermer les yeux et aller à l'église le dimanche. Beaucoup de gens savent fermer les yeux et s'y asseoir, et leur mental vagabonde spécialement quand ils ferment les yeux. La concentration veut dire que chaque atome du corps et du mental est centré sur un seul point.

Le stade suivant est la contemplation. Cela consiste à retenir une idée qui élève notre conscience hors du monde de densité.

Le troisième stade est la méditation, et cela consiste à se purifier, à se libérer, et à s'ouvrir à la lumière de la vérité, afin qu'elle habite notre esprit.

Le quatrième stade est la réalisation. Le mystique n'est plus alors le connaisseur de la vérité, mais la vérité elle-même.

 

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Question : Voudriez-vous répéter une fois de plus les stades de la concentration?

Réponse : La concentration est fixer le mental sur une certaine forme.
La contemplation est centrer le mental sur une certaine idée.
La méditation est recevoir, en ouvrant son être à la lumière de la vérité.
La réalisation est: ne pas connaître, mais être la vérité elle-même.

 

Question : Est-ce que la spiritualité dépend du connaître, de l'entité individuelle?

Réponse : L'intention de la création fut pour que, étant une entité individuelle, l'Esprit puisse réaliser la perfection. Telle était la condition. Par exemple: l'esprit de l'humour attendait de se réjouir. Par conséquent il alla voir une comédie. Frappé par la comédie que l'esprit manifestait de lui-même, dans sa manifestation d'amusement, cet esprit se réjouit. Ce fut l'accomplissement du dessein de cet esprit, qui était silencieux avant de venir voir la comédie.

L'idée entière de cette manifestation en entités séparées est dans la réalisation de ce dessein: que l'Esprit puisse manifester à la perfection la totalité ou l'aspect absolu de son Etre.

 

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Le point de vue du mystique

 

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